2.1.1. Des interactions asymétriques et complémentaires

Les interactions didactiques se caractérisent avant tout par leur nature nécessairement asymétrique et complémentaire. Ce premier aspect induit une relation sociale dont les places et les fonctions sont formellement institutionnalisées (un enseignant qui sait et dont la mission est de faire savoir a devant lui des élèves qui veulent savoir). Elles sont configurées dans des espaces matériellement « construits » (un bureau pour l’enseignant souvent contigu au tableau noir et faisant face à la rangée de tables, places des élèves). Elles sont marquées par les gestes d’un participant dominant (l’enseignant) qui tire sa légitimité de son statut social, institutionnel et des responsabilités qui vont avec. Il a le devoir de programmer les enseignables, choisir les activités, planifier les actions, organiser les modalités de leur réalisation et contrôler leur exécution effective. Certaines des actions et opérations émergeant in situ parfois sur l’initiative des élèves, il a le devoir de les cadrer par rapport au schéma d’actions qu’il ajuste régulièrement aux aléas de la relation. En résumé, il est responsable du dispositif d’enseignement-apprentissage, de l’initiation et du maintien des interactions, du pilotage des activités et de l’animation de la co-action. Cependant, le sens de son action ou la valeur de ses gestes dépend des comportements d’apprentissage qu’ils sont censés enclencher chez le ou les participants-élève(s). C’est dire que l’action didactique se réalisera dans le sens attendu si et seulement si les élèves, partenaires fortement concernés par la conduite des activités, sont effectivement impliqués dans la mise en œuvre des actions. Bouchard nous rappelle à ce sujet que « l’interaction de classe doit être interprétée comme un espace de dynamisation du travail socio-cognitif correspondant et dont on peut par ce biais, décrire le processus (Bouchard, 1993 : p. 181) ». Il s’agit donc d’un cadre interactionnel fondé sur une relation « qui donne des droits et des devoirs différents » (Bouchard, 2009, p : 75) aux co-acteurs.