2.1.2. Des interactions finalisées

La distribution institutionnelle des places et des rôles autour des objets de savoir entre un partenaire chargé d’organiser leur circulation et d’assurer les conditions de leur apprentissage et celui qui cherche à les approprier fait que les interactions didactiques se caractérisent aussi par leur finalité développementale. Pour Halté,

‘« l’étiquette « interaction à fonction didactique » prétend recouvrir celles des interactions langagières qui sont orientées par la visée d’un apprentissage quelconque. Elles se distinguent jusqu’à un certain point, des autres interactions à fonction écologique par exemple » (2005 : p. 62). ’

L’un des principaux éléments fédérateurs des différents courants d’analyse du discours est dans la place nodale reconnue au principe d’intentionnalité (Bange, 1987, 1992, 1995 ; Vernant, 1997, Roulet et al 2001 ; Fillettaz, 2002, Charaudeau, 2004) sur lequel repose les actions et les discours qui les accompagnent. Or, si la reconnaissance du caractère éminemment téléologique de l’action ouvre des perspectives intéressantes à l’analyse de l’agir humain en général, elle est principalement retenue comme une dimension fondatrice de l’agir professionnel et encore plus, des actions dans la classe. Nous somme tenté de dire à ce propos que les interactions didactiques alimentées par des activités scolaires de lecture littéraire et de préparation à la production en sont très certainement les exemples le plus significatifs. Certes, on admet à la lecture et à l’écriture une part importante d’individualité, de plaisir personnel et de relation psychologique au texte. Toutefois, les attentes sociales, l’impact de leur maîtrise, mais aussi de leur non maîtrise, sur le cours de la vie quotidienne et sur la vie professionnelle exercent une formidable pression sur leur enseignement-apprentissage. Elles déterminent la manière dont sont envisagées les actions didactiques tendant au développement de ces compétences. Le principe d’intentionnalité représente donc l’une des propriétés majeures des actions humaines et plus encore celles en matière éducation qui relèvent fondamentalement d’« un processus interactif, interpersonnel, intentionnel, finalisé par l’apprentissage des élèves » (Altet, 1991).