2.2. Les performances des élèves par rapport à l’opération de configuration du récit et de prise en charge du lecteur

La compétence rédactionnelle passe par ce que Bouchard (1989) appel une pleine possession des moyens linguistiques et pragmatiques permettant au sujet-scripteur de régler finement sa communication écrite. Car écrire, « c’est non seulement transmettre des informations factuelles mais aussi guider le lecteur, lui fournir des signaux facilitant la saisie de ces informations et l’interprétation de leur agencement et de leur finalité pragmatique […] » (p : 28). Cette exigence est valable pour tout écrit dès lors qu’on admet que toute situation d’écriture implique une communication avec ou à autrui. La difficulté de cette interaction dans le cadre du récit de fiction tient de la médiation d’une histoire. En somme, on communique à autrui en lui racontant une histoire, une action qui peut redupliquer la réalité, la modifier, mais dans tous les cas, qui n’est pas soumise à un principe de vériconditionnalité. Pour autant, l’invention doit rester crédible, c'est-à-dire remplir toutes les conditions de vraisemblance, de cohérence et de logique qui en assurent la recevabilité. Et donc, la compétence narrative se mesure aussi à la capacité à intervenir dans le récit pour réduire « au maximum les ambigüités potentielles », rendre logique, voire explicables les choses les moins évidentes, guider le lecteur. C’est là tout le sens de la démarche de Ricœur (1983,1984, 1985) qui demande de distinguer l’intrigue de la mise en intrigue, en référence au dédoublement action/discours, la première dimension renvoyant à l’organisation de l’histoire, la seconde, à la configuration du récit. Sous ce rapport, l’auteur souligne le rôle prépondérant du système temporel, qu’il faut naturellement mettre en corrélation avec d’autres instruments narratifs comme le point de vue et les outils linguistiques de connexion et de rationalisation. Ce sont ces éléments que nous transposons en instruments d’évaluation de la sous-compétence de composition et de configuration logique du texte, qui se mesure à la capacité de l’élève à choisir un point de vue en maintenant un système d’énonciation cohérent et constant, à mettre en place un système temporel respectueux de la logique du récit, enfin, à marquer l’organisation locale des changements de phases, de situations, de séquences.