Parcours de la thèse

Après avoir amorcé ici quelques orientations méthodologiques et théoriques qui seront plus largement développées dans le corps de la thèse, nous sommes maintenant en mesure de présenter les problématiques et hypothèses au cœur de ce travail, elles-mêmes redéfinies et réélaborées dans le corps de la thèse (Partie II, chapitre 3, notamment).

De manière synthétique, on peut dire que notre objet de recherche correspond, de manière restrictive, à l’analyse de la spécificité de la relation thérapeutique instituée, par la psychiatrie, dans le cadre de l’accueil d’urgence à l’hôpital général. Plus largement, nous cherchons, à travers l’analyse des demandes, des recours et de la forme du soin mis en œuvre aux urgences, à comprendre les modalités de l’articulation entre le psychique et le collectif telle qu’elle s’institue et s’incarne dans les processus de communication mis en œuvre au cours de l’accueil de la détresse psychique aux urgences. Cet objet invite à prendre en compte ce qui constitue les limites de la communication, l’horizon du symbolique et la place du réel par rapport aux logiques de l’échange.

Considérant que toute situation d’urgence est une manifestation du réel mais que, par ailleurs, il existe des services hospitaliers consacrés à l’accueil de ces situations, notre problématique principale pourrait se formuler ainsi : dans quelle mesure peut-on dire que l’accueil d’urgence en psychiatrie constitue une structure de médiation ? Cela revient à s’interroger sur les trois instances qui, selon Bernard Lamizet, qui les emprunte à Lacan, qualifient toute structure de médiation : le réel, le symbolique et l’imaginaire. La problématique principale peut alors se décliner ainsi : quelles sont les modalités de l’articulation entre les dimensions réelle, symbolique et imaginaire de la psychiatrie d’urgence ?

Face à cette problématique, nos hypothèses, que la thèse se chargera d’éprouver, sont les suivantes :

Le plan de la thèse se structure en trois parties.

La première partie est épistémologique : elle discute des conditions d’une analyse de la psychiatrie d’urgence en sciences de l’information et de la communication. Elle tente de rendre compte de la contribution possible de la psychanalyse et de l’anthropologie à une sémiotique de la psychiatrie d’urgence.

La deuxième partie est méthodologique : elle présente d’abord notre terrain en évoquant la nécessité de le raconter, laissant par là émerger le choix de notre méthode d’enquête ethnographique. Nous y examinons la richesse et les biais de la démarche ethnographique, notamment la question délicate du passage du regard (phase d’observation) à celui de l’écriture (production du journal ethnographique). Les considérations épistémologiques et méthodologiques nous amènent à préciser les contours de notre objet de recherche, ainsi que les problématiques et hypothèses de la thèse.

La troisième partie contient les résultats de notre étude. Elle comporte six chapitres qui visent à éprouver notre hypothèse selon laquelle la psychiatrie d’urgence serait une structure de médiation. Pour cela, elle procède en trois temps principaux qui consistent à examiner les aspects symboliques (chapitre 1 et 2), imaginaires (chapitre 3 notamment, même s’il est question, surtout, de l’articulation du symbolique et de l’imaginaire dans la prise en charge d’urgence) et réels (chapitre 4) de la psychiatrie d’urgence.

Les deux derniers chapitres consistent à élaborer les modalités de l’articulation entre les trois instances précédemment observées, notamment à travers la notion, que nous avons tenté de forger en partie, de flottance de l’urgence.