Chapitre 1 :  De l’hypothèse d’un inconscient des sciences de l’information et de la communication aux présupposés anthropologiques au cœur de la thèse

I. L’hypothèse d’un inconscient épistémologique

Il est certainement difficile de transporter directement l’hypothèse de l’inconscient du champ de la psychanalyse vers la réflexion épistémologique. Ce n’est en effet pas un exercice courant d’autant qu’il faut prendre garde, si l’on veut être fidèle à Freud et à Lacan, à ne pas parler trop vite d’inconscient collectif. L’inconscient définit le sujet en propre, dans sa singularité. C’est ce qui, du sujet, n’est aucunement partageable avec un autre dans le symbolique, ce qui est irréductible à l’identification spéculaire et ce qui se manifeste parfois à l’insu du sujet sous diverses formes : lapsus, actes manqués, symptômes, qui constituent ce que Freud appelle « compromis » psychique et Lacan « formations de l’inconscient » qui sont en fait des signes de l’inconscient dans le symbolique, des signes de l’irréductible singularité dans le code de l’Autre. En considérant une telle définition, il est difficile de parler de l’inconscient d’une discipline scientifique, sinon à titre de métaphore, puisqu’il s’agit d’une instance collective. Il nous semble qu’on peut dire assez légitimement qu’il y a du refoulé dans toute discipline, c’est-à-dire des zones interdites, des noms imprononçables, des méthodes inavouables considérées comme inacceptables. D’une certaine manière, c’est ce qui est montré par Foucault, dans l’Ordre du discours notamment, sans que celui-ci n’utilise le vocabulaire et les concepts de la psychanalyse.

En réalité, parler d’inconscient épistémologique c’est d’abord évoquer les phénomènes qui résultent de la mise en tension du désir du chercheur et du discours contraignant de la science – ce discours pouvant se décliner en discours universitaire et discours de la discipline à laquelle le chercheur appartient.

Indiquons ici, avant de poursuivre, que notre approche épistémologique appuyée sur la psychanalyse s’étaie sur la psychanalyse de Freud et de Lacan qui ne correspond pas à des théories de l’intimité ni des profondeurs humaines. Cette psychanalyse-là rend plutôt compte du rapport problématique qui lie l’être humain au langage, c’est-à-dire de la manière dont le vivant s’articule à une instance extérieure et hétérogène – une structure – qu’est le langage qui fonde le rapport à l’autre par la relation de communication. La psychanalyse de Freud et de Lacan n’a cessé d’interroger la nature et les conséquences de cette médiation entre le singulier et le collectif, telle qu’elle divise le sujet.

Voilà pourquoi une telle réflexion est transposable vers des considérations épistémologiques qui rendent compte de la place d’une recherche (soutenue par l’énonciation d’un sujet singulier) dans le champ de la science, de l’université ou d’une discipline qui sont, toutes trois, des manifestations, des codes de structures collectives, des énoncés disponibles déjà-là avant le chercheur6. Trop souvent, les réflexions épistémologiques tentent d’observer la compatibilité et les conditions de validité d’énoncés scientifiques entre eux. Nous aurons cette démarche au chapitre suivant. Mais nous en proposons une autre aussi, celle d’observer la rencontre entre l’énonciation d’un chercheur avec les énoncés de la science. A partir de là, il est possible de dialectiser le désir du chercheur avec la langue de la science, déclinée jusqu’à la langue et aux énoncés de la discipline qui fondent l’identité du chercheur en complément de son désir, fondateur d’identité aussi, mais à un autre titre.

On peut ainsi, grâce à la psychanalyse, faire l’hypothèse que chez le sujet de la science, chez le chercheur donc, un inconscient spécifique s’institue qu’on pourrait nommer « inconscient épistémologique ». Dans Malaise dans la Civilisation, Freud montre bien que la science et la recherche constituent des activités substitutives de satisfaction de la libido :

‘« Une technique de défense contre la souffrance recourt aux déplacements de la libido, tels que le permet notre appareil psychique et grâce auxquels il gagne tant de souplesse. Le problème consiste à transposer de telle sorte les objectifs des instincts que le monde extérieur ne puisse leur opposer le déni ou s’opposer à leur satisfaction. Leur sublimation est ici d’un grand secours. On obtient en ce sens le résultat le plus complet quand on s’entend à retirer du labeur intellectuel et de l’activité de l’esprit une somme suffisamment élevée de plaisir. Des satisfactions de cet ordre (…), celle [par exemple] que le penseur trouve à la solution d’un problème ou à découvrir la vérité, possèdent une qualité particulière qu’un jour nous saurons qualifier de façon métapsychologique »7.’

Freud met ensuite sur le même plan la science, l’art, les rêves et les névroses comme des activités psychiques capables de libérer la libido (ou, en tous cas, dans le schéma économique de Freud, de satisfaire temporairement au principe de plaisir pour réduire la tension libidinale contradictoire8 avec les exigences de la civilisation). Autrement dit, rêves, science, art et névrose, sont des compromis de civilisation qui tous, articulent un désir à des normes. Toutes ces formations psychiques sont des satisfactions partielles de désir déguisées dans le discours de la civilisation, dans les codes du collectif. C’est le paradigme du rêve que Freud appliqua aux autres formations psychiques. Généralement, on reconnaît sans trop de difficultés l’existence d’une dimension inconsciente dans les rêves, l’art ou les névroses. Cela est beaucoup moins évident dans le champ de la science où le discours du sujet de la science cherche souvent à se fonder en discours du maître, comme a pu le montrer Lacan9, c’est-à-dire en un discours qui à un rapport particulier à la vérité, c’est-à-dire qui oublie que la vérité est toujours celle du sujet qui parle, pour en faire un absolu fondateur de pouvoir. Or, dès lors qu’on parle de vérité absolue, on fait du scientisme et on n’est plus en mesure de parler d’inconscient dans le champ de la science et de la recherche. L’idée d’absolu est en effet incompatible avec celle d’inconscient qui implique celle de division du sujet, celle d’un non-savoir du sujet sur lui-même qui l’interpelle au long de sa vie. Ainsi, faire l’hypothèse d’un inconscient épistémologique, c’est se rappeler que les chercheurs ne sont pas des maîtres10, et que le travail de recherche consiste précisément en une tension dialectique entre désir (et inconscient) du chercheur d’une part, et normes de la science et culture épistémologique d’autre part. Cela revient à dire qu’il existe un sujet de la science, constitué par la science, et qu’il est, par définition, divisé11. C’est cette division qui fait au fond le moteur de la science : sans la division de chaque sujet chercheur, sans l’inconscient de chaque chercheur, pas de recherche envisageable, pas de manque qui interroge mon propre discours ou le discours de l’autre12, collègue chercheur par exemple, puis qui ne suscite une parole, une énonciation dans le champ de la science. C’est certainement parce que la science a à voir avec le manque qu’elle est en mesure d’avancer, de produire du discours. La science, quand elle n’est pas scientiste, prend acte de l’impossibilité du langage à rendre compte pleinement du réel. En ce sens, la science, comme tout type de communication, de production de discours, est amenée à revoir ses propos pour tenter de combler le manque de chaque théorie. Toute théorie, d’ailleurs, prévoit le manque en énonçant ses conditions de possibilité, c’est-à-dire la mesure dans laquelle tel énoncé rend compte de tel phénomène. Ce que montrent ainsi Freud et Lacan, c’est que la science – comme la névrose, l’art ou les rêves – est une façon privilégiée, singulière et sublimatoire de faire avec le discours de l’Autre (le symbolique) en permettant, moyennant une certaine renonciation à une jouissance pleine, l’expression et la reconnaissance partielle d’un désir qui est lié dialectiquement au manque. Renonciation et incomplétude de la jouissance et du désir fondent, à leur envers, en creux, un inconscient propre au sujet de la science qu’on peut peut-être appeler inconscient épistémologique.

Bernard Lamizet, à partir d’une analyse de la langue, montre bien que la science divise le sujet qui y engage une énonciation. En effet, indique-t-il, alors que le savoir est issu d’un verbe et peut donc avoir, « naturellement », un sujet, « la science, en revanche représentée, dans la langue, par un nom, est une catégorie institutionnelle qui n’est, par conséquent, assignée à aucun sujet en particulier : elle représente une affaire de généralisation »13. Autrement dit, chaque recherche, chaque tentative de produire un discours scientifique est une opération de division subjective : pour reprendre les termes de Saussure, il s’agit d’une médiation entre la langue de la science – sans « sujet en particulier » – et la parole du chercheur – une subjectivation de cette langue. Or, cette dialectique entre langue et parole est institutrice de l’inconscient, c’est pourquoi on peut certainement parler d’un inconscient de type épistémologique, c’est-à-dire qui relève d’un rapport du sujet à la science.

Pour mieux rendre compte de cet inconscient épistémologique, on peut produire quelques analogies entre les instances de la science et les instances du psychisme relevées par la théorie psychanalytique. Il est d’abord possible d’identifier l’instance du désir dans la recherche. Ce désir est inconscient car il n’est pas toujours explicité par le chercheur. Notre thèse tentera, par touche légère, de rendre compte des faits de subjectivité propres au chercheur, pour autant qu’ils permettent une meilleure explicitation de la forme de la thèse qui présente des particularités (des curiosités, pourrait-on dire) dans le champ des SIC. Ces particularités sont en effet conceptuelles et méthodologiques. Nous expliquerons bientôt sur quels présupposés anthropologiques – encore une forme d’inconscient épistémologique, on le verra – s’appuie la construction conceptuelle de notre thèse. Aussi, notre méthodologie principale, fondée sur l’observation participante et la rédaction d’un journal ethnographique, nécessite, pour qu’elle fonctionne et prenne acte de ses biais, que le chercheur assume quelques hypothèses sur la place de la subjectivité et du désir dans la recherche. La notion d’inconscient épistémologique que nous tentons de définir en ce moment est déjà au service de la construction de notre méthodologie. Comme l’estime Georges Devereux14, de qui s’inspire en partie notre méthodologie, on ne peut pratiquer d’observations sans un retour réflexif du sujet sur ses propres mouvements psychiques à l’œuvre lors de l’observation et au moment de sa retranscription. Devereux note bien que l’observateur ne peut s’identifier à un microscope ou à un outil quelconque d’enregistrement de la réalité. Dans le même esprit, Laplantine15 explique la difficulté de passer du réel du regard à « l’étage symbolique » du moment de l’écriture où s’éprouve, chez le chercheur-ethnographe, le sentiment d’une perte ou d’un manque qu’on peut interpréter comme fondateur de ce que nous nommons l’inconscient épistémologique. Ainsi, dans la recherche, et suivant les méthodologies adoptées, le désir est présent et il convient pour le chercheur d’en rendre compte dans une mesure parcimonieuse, c’est-à-dire quand cela est au service de l’exposé de la rigueur scientifique. En effet, le désir trop mis en avant, du fait de son caractère par définition impartageable (le désir, c’est chacun le sien), fait poindre la menace de l’exclusion du champ de la science en manifestant des pratiques illégitimes en son sein. Notons cependant que le désir du chercheur est bien celui qui fonde la finalité de la recherche tant sur le plan personnel (la satisfaction dont parle Freud) que sur le plan politique (place de la recherche dans le débat public, par exemple). En définitive, le désir du chercheur est fondateur d’identité tant sur le plan singulier que sur le plan collectif.

On peut ensuite faire l’analogie16 entre l’instance du surmoi et la culture épistémologique propre à telle ou telle discipline. La culture épistémologie peut-être considérée comme les règles d’une discipline à laquelle s’identifie le chercheur et qu’il a intégrées comme allant de soi, à la manière d’une loi introduite dans le moi et qui régule, censure l’énonciation en autorisant ou non certains types d’énoncés. C’est ce que nous allons voir maintenant à propos de ce qu’on pourrait nommer le refoulé épistémologique, c’est-à-dire les faits, personnages et concepts interdits d’une culture disciplinaire et qui fondent une sorte d’inconscient collectif.

Au-delà des faits qui dialectisent le rapport du sujet chercheur au discours de la science en induisant des phénomènes inconscients et qui donnent la possibilité d’introduire la psychanalyse dans l’épistémologie, il y a une autre façon de concevoir « l’inconscient épistémologique ». Il s’agirait là davantage d’une sorte d’inconscient collectif, mais le terme est mal approprié. Il s’agit de tous les implicites d’une science, de tout ce qu’elle n’aborde pas dans ses énoncés sans « se » le dire. C’est cette idée d’implicite ineffable qui nous évoque encore le terme d’inconscient épistémologique pour la qualifier. Aussi, de ce point de vue, peut-être y a-t-il dans toute discipline, et pour prendre le modèle paradigmatique du rêve en psychanalyse, un discours manifeste et un discours latent, ce dernier correspondant aux implicites.

Il nous semble qu’il est possible, de ce point de vue, de relire quelques passages de l’Ordre du discours, de Michel Foucault, quand il évoque l’existence de « toute une tératologie du savoir »17. Michel Foucault, qui n’emploie pas les mots de la psychanalyse, semble pourtant indiquer clairement ce qu’est le refoulé épistémologique quand il évoque les phénomènes de limite et de censure propres à chaque discipline : « la discipline est un principe de contrôle de la production de discours »18. Pour montrer cela, il évoque les divers endroits où s’exerce la censure qui marque la limite indiquant quels auteurs et quels énoncés peuvent légitimement faire partie de la discipline. Prenant l’exemple de Mendel pour la biologie, il montre que ce n’est pas la vérité des faits qui signe, pour un chercheur, son appartenance à une discipline. Mendel fut un « monstre vrai »19 de la biologie pendant longtemps, c’est-à-dire tant que les méthodes et concepts qu’il employait pour étudier les plantes (observation de régularité statistique, notion d’hérédité discrète indépendante du sexe, etc.) étaient trop divergentes de celles légitimées par la biologie de son époque. Foucault rappelle que ce n’est pas parce que ce que l’on dit est vrai pour rendre compte d’un phénomène que cela fait appartenir l’énonciateur de cette vérité à un champ disciplinaire ayant l’habitude de traiter les objets où se manifeste ce phénomène. Foucault rappelle ainsi que la logique de l’appartenance à une discipline scientifique est politique en ce qu’une discipline est fondée sur des énoncés qui sont autorisés ou censurés de manière arbitraire, avant d’être rationalisés et rendus légitimes a posteriori. Ce qui est intéressant dans le point de vue de Foucault, c’est qu’il caractérise la discipline autant par les énoncés qu’elle proclame elle-même comme vrais et légitimes que par ceux qu’elle exclut et qui la définissent aussi, mais en creux : « à l’intérieur de ses limites, chaque discipline reconnaît des propositions vraies et fausses ; mais elle repousse, de l’autre côté de ses marges, toute une tératologie du savoir. L’extérieur d’une science est plus et moins peuplé qu’on ne le croit (…). Des montres rôdent dont la forme change avec l’histoire du savoir ». Cette idée de définition dialectique de l’identité d’une discipline par ce qu’elle revendique et ce qu’elle exclut sous la figure de monstres, fait penser au processus du refoulement. En effet, le refoulement est un concept freudien qui exprime l’idée que des contenus psychiques (des énoncés) sont refoulés hors de la conscience du sujet car ils sont considérés comme interdits. Ce que dit la psychanalyse, c’est que ces contenus refoulés sont constitutifs de l’identité autant que ceux qui sont affichés par le moi du sujet dans son discours. Le refoulé et le discours conscient sont deux facettes inséparables de l’identité du sujet : preuves en sont les émergences du refoulé dans le discours par l’intermédiaire des lapsus, des mots d’esprits, des oublis ou transformations de noms propres20. Au fond, on pourrait dire que les « cauchemars »21 de toutes les disciplines fondent leur inconscient et, du même coup, une part de leur identité. Nous formulons ainsi l’hypothèse que notre thèse, en traitant notamment de l’articulation entre les aspects psychiques et politiques de la communication, fait partie du discours latent des SIC. Nous avons en effet pu remarquer que les SIC observent dans leur discours manifeste, à part chez certains auteurs, une sorte d’autocensure forte sur les aspects psychiques et subjectifs de la communication. Nous nous étonnons que la question du sujet parlant, dimension originaire de la communication – et donc peut-être refoulée et n’ayant alors un mode d’existence possible que sous forme de discours latent –, ne soit pas davantage articulée dans les théories générales et légitimes exposées par les manuels de SIC. Notre thèse, qui se propose de faire une analyse des faits de communication à l’œuvre dans la psychiatrie d’urgence, rendra compte de la manière dont, à travers la communication, les dimensions singulière et collective de l’identité trouvent des modalités d’articulation ou de ré-articulation. Cette hypothèse nous amènera à défendre une théorie de la médiation spécifique, inspirée notamment de la psychanalyse et de recherches sur la médiation, qui n’apparaît pas manifestement dans le discours des SIC mais y trouve pourtant résolument sa place, au moins de manière latente, c’est-à-dire, en fait, pleinement.

Notes
6.

De la même manière que le langage est déjà là avant que le sujet naisse, imposant à l’enfant de s’accommoder du code pour construire ses demandes. De manière analogique, le chercheur, et d’autant plus le jeune chercheur, fait l’expérience de sa division par le discours de la science tandis qu’il tente de faire valoir un désir de recherche pas toujours compatible avec la « loi » de sa discipline qui deviendra, d’une certaine manière, une forme de surmoi après introjection de celle-ci dans le moi du chercheur.

7.

FREUD, Sigmund. Le malaise dans la civilisation [1929]. PUF, 1971. Coll. « Bibliothèque de psychanalyse », pp.24-25.

8.

Contradictoire ne veut pas dire incompatible, ce que révèle la notion de compromis chère à Freud. Pulsion/Désir et Civilisation entretiennent un rapport dialectique où l’un limite l’autre, sous forme de compromis, en assurant au sujet la protection à la fois contre l’aliénation et l’asocialité.

9.

in LACAN, Jacques. Le séminaire. Livre 17, L'envers de la psychanalyse [1969]. Paris : Seuil, 1991. Coll. « Le Champ Freudien ». Lacan y formalise les différentes positions qu’il est possible de prendre par rapport à l’idée de vérité dans ses mathèmes des « quatre discours » : discours de l’hystérique, discours de l’analyste, discours du maître et discours de l’université.

10.

Ce que le statut d’enseignant-chercheur peut au contraire supposer si la fonction d’enseignement, qui met en position de maître, n’est pas interrogée par celle de chercheur qui se situe dans une optique de jouissance du savoir, certes, mais dans une éthique du doute et du questionnement installé par la dialectique entre désir du chercheur et énoncés installés de la science, d’une discipline. L’Université comme institution politique a aussi tendance à instituer les enseignants-chercheurs en maîtres quand ils assument des charges administratives importantes de direction. Ce n’est pas toujours productif sur le plan théorique quand un discours scientifique parmi d’autres devient un discours de chapelle dans telle université, ou tel laboratoire de recherche…

11.

Roland Barthes, dans un article de 1972 qui donne sa conception des jeunes chercheurs, explique en quoi consiste cette division : « Au seuil de son travail, l'étudiant subit une série de divisions. (…) En tant que chercheur, il est voué à la séparation des discours : d'un côté, le discours de scientificité (discours de la Loi) et, de l'autre, le discours du désir, ou écriture », in « Jeunes chercheurs » [1972]. In BARTHES, Roland. Essais critiques 4. Le bruissement de la langue. Seuil, 1984, p. 97.

12.

Dans l’article précédemment cité, Roland Barthes, sans véritablement démontrer la place du désir – dialectiquement liée au manque – dans la recherche, milite pour sa présence : « le travail (de recherche) doit être pris dans le désir. Si cette prise ne s'accomplit pas, le travail est morose, fonctionnel, aliéné, mû par la seule nécessité de passer un examen, d'obtenir un diplôme, d'assurer une promotion de carrière », p. 98.

13.

LAMIZET, Bernard. Les lieux de la communication. Liège : Mardaga, 1992. Coll. « Philosophie et langage ».

14.

DEVEREUX, Georges. De l'angoisse à la méthode dans les sciences du comportement [1967]. Aubier, 2000.

15.

LAPLANTINE, François. La description ethnographique [1996]. Armand Colin, 2005. Coll. « 128 ».

16.

On pourrait s’essayer à une longue série d’analogies, en prenant par exemple, les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse évoqués par Lacan : inconscient, pulsion, répétition, transfert et voir comment ils se réalisent dans la recherche. Nous avons fait la part belle à l’inconscient et nous avons évoqué quelques autres notions freudiennes. Nous estimons l’exercice suffisant pour asseoir l’hypothèse qui nous permet maintenant de poursuivre nos raisonnements.

17.

FOUCAULT, Michel. L'ordre du discours [1971]. Gallimard NRF, 2002, p.35.

18.

Ibid., p.37

19.

Ibid., p.37

20.

Nous renvoyons ici à FREUD, Sigmund. Psychopathologie de la vie quotidienne [1901]. Petite Bibliothèque Payot, 1997.

21.

Freud montre que le cauchemar est comme le rêve (un accomplissement de désir) à la différence près qu’il n’a pas été suffisamment déformé par la censure et provoque alors de l’angoisse. Voir FREUD, Sigmund. L'interprétation des rêves [1899]. Trad. I. Meyerson. PUF, 1980, p.232-233.