II. La description ethnographique : comprendre les modalités du passage du visible au dicible pour rendre compte de la forme de la connaissance produite

Si, jusqu’à maintenant, nous avons rendu compte de la manière dont nous avons procédé pour la prise en compte et l’analyse de la réalité et du réel de l’expérience de l’observation (mouvements psychiques de l’observateur et perturbation du terrain), nous devons maintenant aborder la question, encore non traitée, de la mise en texte de cette expérience. Ce problème de l’écriture est à la fois méthodologique et épistémologique car il définit le processus de construction du texte du journal ainsi que son statut intermédiaire entre l’expérience de terrain et le texte théorique de la thèse.

Comme nous le rappelle Laplantine, quand il fait le choix méthodologique de l’observation et de la description ethnographique, le chercheur doit passer par une phase de réflexion – de réflexivité même – sur le rapport (et le passage) entre le regard et l’écriture :

‘« la description ethnographique (…) ne consiste pas seulement à voir, mais à faire voir, c’est-à-dire à écrire ce que l’on voit. C’est un processus généralement implicite, tant il paraît aller de soi alors qu’il est d’une complexité inouïe. Procédant à la transformation du regard en langage, il exige, si nous voulons le comprendre, une interrogation sur les rapports du visible et au dicible ou plus exactement du visible au lisible » 219.’

Si le chercheur parvient à expliquer la forme que cela a pris dans sa démarche de recherche, il parvient à justifier le statut de la connaissance qu’il aura produite.

Notes
219.

LAPLANTINE, François. La description ethnographique [1996]. Armand Colin, 2005. Coll. « 128 »