1.3. Fidélité à la figure

Dans Le Babil des classes dangereuses, signalons « tapajous » (p. 230) – qui pourrait évoquer des sapajous tapajeurs et tapoteurs de joues – et « patatrafe » (p. 311) qui suggère peut-être la chute (Patatras !) d’un paragraphe. Dans Le Drame de la vie, on ira au « systématographe » (p. 126), on croisera une sorte de diabétique hébété (cf. « Hébétique » à la page 119), des carnassiers sarcastiques (cf. les « Jeunes Sarcassiers » de la page 291), un mathématicien martyr (cf. « Marthymaticier », à la page 280), des « Orifesses» – croisement improbable de fesses et d’oriflammes (à la page 94) – et un dénommé « Jean Anquille » mélant anguille et jonquille ; le polochon y sera pâlichon dans « Polichon » (p. 214) et la cage : « voracique » (p. 204). Associés, docteurs et doute donnent « douteurs » (p. 176) tandis que l’adjectif « infexe » dans « bouillie infexe » (B.C.D., p. 216) mêle infect et infection, ceci en tenant compte de la prononciation phonétique (cf. « infexion »). Quant à « Chamorcine » (D.V., p. 267), il semble jumeler par un même mot les villes de Morzine et de Chamonix.

Bref, on l’aura compris : lorsque Novarina utilise une figure, il ne la laisse jamais tomber et s’il a moins recours au mot-valise dans les pièces qui suivent La Lutte des morts, il s’en servira tout de même encore de temps en temps ; dans Falstafe par exemple avec narcotique et acolyte dont l’association plus ou moins consciente pourrait expliquer l’apparition de « narcolyte » (p. 570) ; dans Le Discours aux animaux, on aura Spartacus et stratagème qui, associés, semblent donner « Spartagème » (idem pour millions et myriades qui donnent « myrions »), et on trouvera d’autres néologismes de ce type dans les œuvres suivantes :

Dans cette dernière pièce, outre « Yoryk » – dont l’orthographe est anormale et qu’on pourrait voir comme un mot-valise (on dira plus tard en quoi) –, on a même le cas d’un mot-valise suggéré dans la phrase « J’aime mon fils, il est né d’mon orifice » – soit : « orifils ». Cette fidélité à la figure ne concerne pas que celle-là ; toutes seront peu ou prou reconduites et feront retour ça et là, ne rien laisser tomber étant un des aspects fondamentaux du fonctionnement de l’écrivain – sans parler de movalisations proprement dites, on a même des néologismes dans L’Envers de l’esprit (« désidoliser », « désagir », « hyperliturgie » et « vraisemblablerie »).