2.1.2. « humain »

On a vu ci-avant qu’homme et bête étaient peu ou prou mélangés voire confondus comme dans « huranité, Aniamal, huchien, amnimau et omnimal » mais ce ne sont pas les seules variations proposées à partir des notions d’homme, d’âme et d’humain voire d’hominidé.

En somme, on dirait que le démiurge cherche à inventer d’autres types d’«êtrumains » (des autrumains en quelque sorte) ; il y aurait donc aussi (mais où ? dans le passé de l’homme ? sous la terre ? dans l’humus ? la pataphysique ? sur une planète sœur ? dans le « Umonde » ?) des « umiens » (D.A., p. 152), des « humiens, des omidiens et des omniriens » (D.A., p. 308), « des umnimains, des omnimains et des umnimiens » (D.A., p. 308), des « humnimains » (D.A., p. 96) – ajoutons absurdement autruimains et autroumains.

Autre possibilité/variation suggérée dans Le Discours aux animaux : « il n’était pas homme mais Ihôm de Ahôm et Ehom de là » (D.A. ; p. 230). Dans « hommelons », on retrouve un peu l’homoncule de Goethe et de Ghelderode – idem pour « alumains » (D.A. ; p. 174) qui s’applique peut-être à des hommes-allumettes voire à des allumés qui, dans le meilleur des cas, le seraient comme des néons disant « Je suis ». Dans LOpérette imaginaire (pp. 32-33-34), on jouera avec le suffixe « oïdes » (cf. « nanoïdes », « pluninoïdes », « crypto-parapéploïdes ») tandis que dans La Scène, on tournera plutôt autour de « anthropo » (cf. p. 104) : « anthropopithyandre », «anthropithropopantrope », « anthropopandules », « anthropogène », « anthropophore » à la page 89 et « anthropantropes » « anthropandules », « anthropographes », « Catanthropie », « anthropopandulerie », « anthropopantoscope » aux pages 103-104, liste annoncée par les « Anthropopoïdes » de L’Opérette imaginaire (p. 34).

Pourtant, La Scène sera également concernée par le jeu sur humain ; on parlera de d’«huliminien » (p. 113), de l’ » humanité sortante » (p. 90), d’un parti politique appelé « Mouvance hominidienne » (p. 90), du « grand soir » que serait « l’heure de l’humanité hommante et agissante » et de « l’huminisation huminidienne » (p. 134), les « bombardiers homéousiens » étant là pour renvoyer à l’instinct guerrier d’Homo Sapiens. Et signalons encore en passant des métaphores et des périphrases comme « les habillés » (D.A., p. 190) et le « troupeau des humains quotidiens » (D.A., p. 97), par opposition au « peuple juché » et autres gens des Museaux.

Pendant au mot « humain », le mot « animal » fera également l’objet de mutations ; notons « himnimal » (D.A., p. 225), « aninanimaux » (D.A., p. 195), « agnimaux » (D.A., p. 137), « inanimon » (D.A., p. 213) voire « animal lébétal » (D.A., p. 47). Quant à « l’omnimal en tube vrai » du Jardin de reconnaissance (p. 52), c’est peut-être un cas d’hybridation parfaite. Nouvelle variation : « homaison » (A.I., p. 43), contenant homme et maison et auquel Flaubert avait peut-être déjà pensé en créant Homais – mais le néologisme évoque encore oraisons : ces homaisons seraient-elles funèbres ? Les maisons (cf. propriété, enfermement, repli sur soi, changement de son caractère, devenant casanier voire pantouflard) sonneraient-elles le glas de l’homme ?

Notons encore les « forces parahumaines, posthumaines, métahumaines, humaines-bis, péri et tri-humaines » (p. 58) et les « Omnilliommes-déhominés » (p. 33) de L’Acte inconnu - sans oublier « l’anthropopantoscope » et les « sciences anthroponodulaires » de la page 97, les « Anthropopéïdes », les « Anthropo-pronopothoïdes », les « Anthropodules » et les « Anthropopandules » de la page 37 ou encore les « Nicanthropes » et autres « Anthropopolyvoriacées » de la page 32 (ce dernier mot semblant contenir, outre l’entame en « anthropo », polyvore, vorace et opiacé). Dans Le Discours aux animaux, c’est donc surtout humain (voire animal) qui est concerné par ce jeu acharné autour d’un mot, tandis que La Scène et L’Acte inconnu fourmillent plutôt les jeux sur « anthropo » ; dans La Lutte des morts et Le Drame de la vie, il semble que ce soit au tour de « pantalon »…