1.1.2. Présence d’autres langues

→ Vivantes

Il nous faudrait tout d’abord revenir sur le néo-franglais quénien plus ou moins reconduit par Valère Novarina ; c’est que, ci-avant, on aurait fort bien pu citer « Bizenesse, bizenesse » (B.C.D., p. 208) ou bien noter « Maximarquette » (C.H., p. 145) ; quant à « On s’en remembre plus » (B.C.D., p. 188), il s’inspire manifestement de to remenber et c’est sans doute sur perfect que l’auteur se base pour fabriquer « perfectement » (L.M., p. 441). « Pousse ton help ! » (D.A., p. 132) devrait, lui, équivaloir à : Crie au secours ! Enfin, dans « moitié d’une sême fesse » (L.M., p. 446), on réalise une sorte de vague parenté phonique entre même et same et fesse et face.

Cela dit, c’est souvent à un anglais complètement destroy, destroyé (franglisation tentante) que nous avons affaire comme dans « l’aructasson son parlebing » (L.M., p. 337) ou « C’est un réal pharnomène accoustic » (L.M., p. 343). Pour les verbes en ing imposés par Boucot (« Prospériting », « Nervositing ») , ils font frémir par leur actualité et nous en reparlerons dans notre troisième partie.

D’une façon plus générale, sur le plan de la musicalité et en considérant certaines options prises en ce qui concerne les emprunts à l’anglais, les apocopes, les verbes composés (on retrouve un peu les mêmes chez Patrick Chamoiseau, dans Chronique des sept misères notamment) et certains suffixes, on pourra estimer que, dans le principe, le novarinien ressemble un peu au créole. Plus anecdotiquement, la question « qu’est-ce que tu fais-tu ? » (D.A., p. 261) pourra même nous rappeler une tournure typiquement québécoise. Autre langue vivante, l’allemand sera présent dans une question comique comme « Alphonse, wasse tu fais ? » (L.M., p. 439) mais c’est surtout dans la manière d’associer certains mots pour en inventer d’autres par agglutinations à l’infini que l’auteur s’en inspire manifestement. On pourra également déceler une trace d’italien dans « finestre » (O.I., p. 56) et d’espagnol dans « Espécialement » (D.A., p. 147) ; dans « Salimalez-les quoi » (D.A., p. 46), c’est la fameuse formule arabe qui se retrouvera humoristiquement francisée. Enfin, dans La Scène, les mêmes nouvelles nous seront données dans plusieurs langues différentes en un véritable feu d’artifice néo-babélien.