2.2. Au bord du rien

Le jeu se poursuit dans les autres pièces mais sans que le sens apparaisse beaucoup plus ; le mot « sens », d’ailleurs, se verra rapproché de « sang » à la page 106 du Drame de la vie – et « sang » de « son » (à la page 72). Le son « on » ici sera omniprésent (sans doute en tant que rime à « corbillon ») ; à la question (posée par Docteur Lodon) « Qu’est-ce qu’il sont ? », Lodon répond « Personne ne répond » mais « LE MORT », lui, pose « Ils son. Les hommes son », rapprochant à travers « son(t) » l’être et le son. Les « on », eux, seront des gens à la page 188 et « pont » semble remplacer « con » à la page 50 cependant qu’un « nom vociféré » (p. 232) se modifiera plus loin en « tronc vociférer ». Dans « Ondesmes » et « Erresieurs » (D.V., p. 178), il y a beaucoup de transformations, de « Mé » à « On », de « dames » à « desmes » et de « Erre »(/Herr) à « Mes », mais on retrouve tout de même le classique clivage « Mesdames/ Messieurs ».

Cela posé, le sens reste donc absent : il semblerait en effet qu’on ne soit pas au bord du Rhin mais bien plutôt au bord du rien (voir D.V., p. 230) – pourtant, décidément, si cela rime à quelque chose, c’est sans doute à « corbillon » ; c’est ainsi qu’une assemblée politique (en haut-lieu) se révèle être un « cercueil des Ministres » (D.V., p. 223), le mot « conseil » ayant été sucré-remplacé. Dans La Chair de l’homme, la suppression-adjonction reste une figure très utilisée même si c’est souvent sous la forme de rapprochements plus ou moins nets comme dans « nourriture » / « pourriture » (p. 458), « son corps » / « son mort » (p. 124), « dit » / « Dieu » (p. 492), « cloue-moi au sec » / « cloue-moi mon bec » (p. 62), « cerveau » / « sabot » (p. 458) et « Détestation » / « destination » (p. 279).

Le jeu, précisons-le, pourra concerner des mots déjà novariniens comme « hommer », rapproché de « humer » (p. 170) ou « Oui-Bref », rapproché de « Oui-Bœuf » (p. 279) comme « Oui-zède » de « Oui-da ». Sans parler de rapprochements voulus ou non, suggérés ou pas, on aura des cas beaucoup plus évidents comme « sortie par la morte » (p. 125), « sortes de sorties » (p. 159) et « sorte de sortie » (p. 417). Enfin, « Afrique Citrine » (p.242) est peut-être à rapprocher d’» Acide Citrique » et de « Cyprine » - et « Fosse-Citrate » (p. 242), de « Nitrate » et de « Fosse-Sceptique ». Quant à l’expression « tout de suie » (p. 343), elle suggère peut-être que ce qui suit et nous attend n’est que suie, poussière et néant.