2.2.2. Reconduction de la figure

Dans Le Jardin de reconnaissance, il y a une « rivière Nautique » (p. 61), une « bicyclette à deux roues » (p. 67) et une « pluie tombante […] tombe » (p. 64) dans « l’instant [d’une] soudainerie (p. 64). On y parle aussi d’» action agie » (p. 51), d’» union unie » (p.19) et enfin de « noir noircié », de « jets jetés » et de « murés contre les murs » (p. 30). A la page 57, deux « doublements » sont rapprochés : « As-tu mangé mangerie ? As-tu dormu le dormiement ? » Autant de doublements logiques dans le cadre d’une pièce dont le couple (cf. « union unie », etc.) est un des thèmes principaux.

Dans L’Origine rouge, on parlera de « sang sanguinum » (p. 52), « le sang […] ça n’a aucune signification sanguine » (p. 121), « enfanter l’enfance » (p. 171), « Pot pourri très pourri » (p. 140) et « putréfié, putréfact » (p. 140). L’idée de « même mêmerie » se retrouve un peu dans « Mon père me dit : Sois ce que tu sois. Ma mère itou. Et mon frère en devint quitte d’agir idem. » (J.S., p. 62) avec le rapprochement sois/sois et idem/itou – idem dans « Dans des idems pareils au même, moi pris dans cette même vision itou, je buvais » (D.A. ; p. 45). Dans l’injonction « Ecoute se taire les cailloux » (V.Q., p. 58), il y a certes un paradoxe (cf. « Ecoute se taire ») mais aussi , a priori, un pléonasme, celui du caillou muet, mutique, ou, pour reprendre le verbe se taire : taiseux. Ce silence somme toute logique et peu étonnant est à rapprocher du faux procès de la froideur du caillou jugé peu expressif et même un brin ingrat, « l’amour qu’on [lui] porte [étant] récompensé d’froideur » (O.I., p. 81). Cela pourrait, cela dit, constituer un proverbe poétique et imagé… Le cas double (paradoxe / pléonasme) d’«Ecoute se taire les cailloux » se retrouve d’ailleurs dans «engagé pour chômer une doublure déjà remplacée » (D.A., p. 10), dans « Je ne peux vivre vivant, je ne peux parler qu’en parlant (D.V., p. 127) et encore un peu dans « écoute comme cette vieille carne sent la bidoche » (S., p. 28). Autres cas à noter : « montagne […] en pente » (O.I., p. 101), « routes autoroutées » (O.I., p. 49), dépenses dépensières (O.I., p. 46), « deux jumeaux se ressemblant très pour traits » (O.I., p. 86) voire, exemples plus formels concernant plus le son que le sens : « la nuit tombe sur les tombeaux » (O.R., p. 27), « Vous n’aviez cependant naguère, guère 1’art de feindre » (O.I., p. 71) ou encore « l’acte qui sonnera leur départ » (J.R., p. 45), « leur » contenant peut-être « leur heure », l’horreur ou le leurre, du départ. Quant à La Scène , c’est une pièce où la viande « sent la barbaque » (p. 29), ce qui, a priori, relève un peu du pléonasme. Dans L’Acte inconnu, on croisera une « dame féminine au vélo à deux roues de bicyclette » (p. 45), on nous conseillera d’«[oser] oser», de « [prévoir] un projet » et d’«avoir foi dans la confiance » (p. 70) et on parlera d’une « nuit […] en pleine nocturnité » (p. 11) ou de la « liquidité de l’eau » (p. 29).