2.3.3. Total Total, poquette-poquette et autres
mots redoublés

Outre « cœur-cœur », « lame-lame », « houba-houba » voire « sol-sol-sol-sol » – tous évoqués dans la partie sur l’armurerie jarryque (ailleurs, on note « porça-porça », « troquons-troquons », « Mangeons-Mangeons », « Lopotal-Potal »), on recense le « groupe Baluteau-Baluteau » dans L’Origine rouge (p. 34) et « sapiens sapiens » (p. 7) qui existait certes déjà et qui conclut la liste de L’Evangéliste – dans La Chair de l’homme (pp. 369-370), on croisait « Vidal-Vidal », « Jeanjean » (cf. Jeanjean Lambier-Captif, Jeanjean Scorbalisson) et Jeangusse-Jeangusse (dans l’œuvre de Frédéric Dard, c’est « Marie-Marie » que l’on croise). Dans L’Acte inconnu, on a encore des redoublements cocasses en « Total Total » et « poquette-poquette », autant de cas qui se rencontrent dans la réalité, dans des noms communs (Tardieu les a recensés dans son Professeur Froeppel  : chichi, flonflons, pioupious, dada, cancans, bouis-bouis, zozos, fla-fla, gaga, dodo, kiki, nians-nians, guili-guili), des noms de lieu (Baden-Baden, Titicaca, etc.) et des diminutifs, souvent affectueux, réalisés à partir de la première syllabe de certains noms (Fufu pour de De Funès, Poupou pour Poulidor) mais aussi Zaza, Nana, So-So, Fanfan, Titi, Dédé, Lulu, Mu-Mu, Momo, Mimi – ou « Bébé Toutou » chez Queneau et « Vévé Luctu » chez Novarina. Toujours dans le langage courant, on recense des redoublements comme gri-gri, train-train, "c’est pas joli-joli", ron-ron, olé-olé ou passe-passe (sans oublier chichi, dodo, bobo, lolo, gogo, doudou, mémé, pépé, cucul, tutu, baba, toutou, tonton, tata, papa, nana, bébé, zin-zin, etc.) dont l’auteur se sert à l’occasion – on pense en particulier à « kif kif » et à « bibi ».

Encore une fois, une forme d’enfance se retrouve ici convoquée ; ce que l’on veut (risquons cette hypothèse), c’est quitter un esprit de sérieux qui ne serait pas vraiment propice à la création, celle-ci se voulant libre et débridée à la façon d’un jeu d’enfant – et cela, tout naturellement, commence par un travail tout particulier sur le langage, ce qui explique la présence de ces mots redoublés.