3.2.5. Des notes inédites

Danses, airs, chants, chansons : tout cela est revisité par l’auteur qui va encore plus loin en proposant même de nouvelles notes à la page 81 de Vous qui habitez le temps : «  Do-ru-mé-fu-sil-leu-sè-da… da-sé leu-sil fu-mé-ru-du ! ». Ces nouvelles notes sont révélatrices de son intention générale ; Roland Barthes le disait : le pouvoir (politique, culturel, médiatique, etc.) cherche à imposer un certain rythme et la catégorie antinomique de ce pouvoir est par excellence la musique (blues, rock, punk, slam, logodynamique) : voilà pourquoi le concept, travaillé par Barthes, d’idiorythmie s’applique parfaitement au cas de l’anarchie Novarina.

Dans « l’hôpital multicolore » de L’Origine rouge (pp. 133-134), il semble qu’on se raccroche aux notes « du, de, di, da, du, do » (si c’en sont) comme à des tubes de perfusion qui alimentent l’être et l’aident à vivre : on s’en remet à elles et on aspire à « [reposer] dans les bras » de la musique qui sortira des tubes. Ces notes-là sont plus que des notes : à l’instar de la respiration elles sont la condition sine qua non de la vie ; ces notes-là, c’est la musique en soi et cette association musique/vie ne peut qu’évoquer cette splendide métaphore du musicien-médecin Céline : « Les artères du myocarde, quand elles éclatent, c’est une harpe pas ordinaire ».

Au fond, pour Novarina, les notes, ce sont les acteurs : « comme les mouettes le sont par la mer, ils sont soulevés par la pulsation du temps juste, la houle respiratoire, le profond battement […] ; ils reposent sur la portée rythmique de la nature, sur une musique inaudible. Huit acteurs bien accordés posés juste sur le fil du temps. » (A.I., p. 149).