Notons enfin, pour montrer que l’énergie et l’engagement restent des moteurs essentiels de sa création (le cœur, ici, battant avec la langue), que le rapport novarinien au rythme est en fait beaucoup plus fort, organique, physique et viscéral que nous l’avons signifié jusqu’à présent. Ainsi, quand l’écrivain se décrit chaussé de sabots116, il se portraiture en danseur de bourrée (le rythme étant marqué par le bruit produit en tapant du pied) : c’est ce qu’en se référant à quelque sport mystérieux, l’auteur (nous faisant visiter les coulisses de l’exploit) nous explique dans une interview :
‘La Lutte des mortsest faite d’un jet, lancée de façon pulsive, crépitante, par percussion, en frappant le sol des pieds, en écrivant et dessinant sur les manuscrits jusqu’à ce que le bras se fatigue : j’étais dans un chalet, je portais des sabots, je tapais du pied ! c’était une écriture pas du tout « automatique » mais bien gymnique, corporelle . ’Nous ne pouvions rêver meilleure transition…
Valère Novarina, « La parole opère l’espace », Magazine littéraire, op. cit., p. 100.