1.2.4. Un comique de l’excès

→ Supermétisme et comicopacité

La pratique néologique novarinienne nous paraît, comme chez Rabelais, hautement jubilatoire et sensuelle, l’oralité semblant lui importer au plus au point. Ici, il s’agit d’entendre les concepts au lieu d’essayer de les comprendre – les comprendre vraiment serait d’ailleurs impossible (d’où la gageure qui consiste à entreprendre une thèse comme celle-ci).

Nous reviendrons sur la notion d’hermétisme, mais émettons déjà l’idée que les œuvres de Rabelais, de Nostradamus, de Novarina (voire de Lovecraft et d’Edgar Poe) vieillirons sans doute très bien en ce que le « mystère » ira s’épaississant. Autre remarque un peu subjective : dans ses pièces, il n’y a pas toujours de l’action à proprement parler mais (grand paradoxe), il y a toujours de la vitesse. De même, dans certaines parties de la fin de Guignol’s band, on ne sait plus vraiment où se situe l’action (qui semble stagner, s’embourber) et pourtant cela reste enlevé, vif, rigodonné (à cause, entre autres, des verbes d’action) : cela est à rapprocher de l’art novarinien.

L’auteur de Mort à crédit disait d’ailleurs dans un texte célèbre que Rabelais avait « raté son coup », le français littéraire lui ayant finalement préféré Amyot (voire Ronsard et la Pleiade) : on voit que c’est tout à fait faux en ce qui concerne Céline et Novarina et qu’il existe bel et bien une permanence rhétorique rabelaisienne – et de l’esprit d’épopée.