3. Entrées et sorties des artistes du « Cirque d’action »

3.1. Fiction et réalité

Une chose est certaine : tous les numéros de cirque évoqués jusqu’à présent sont impossibles dans la réalité. Ces tours et figures sont un peu comme les repas chez Rabelais, les partouses sadiennes et les prouesses sexuelles du commissaire San Antonio mais nous nous situons ici dans une sphère pataphysique ou rien n’est infaisable.

Pourtant la réalité peut rejoindre la fiction, et le choix des acteurs y contribue grandement. Ainsi, André Marcon, par son charisme et par sa voix, est le Monsieur Loyal idéal et dans une pièce comme L’Origine rouge, il semblerait que ce soit bien, en effet, le rôle que Novarina lui donne à jouer – en témoignent aussi son habit de cérémonie, son omniprésence et même l’agrandissement de son ombre permise par certains jeux de lumière à l’occasion de ce que l’on pourrait nommer les nouvelles malédictions d’Amos.

Par son port de danseuse, le mystère qui émane de sa personne et le charme envoûtant de sa voix, Agnès Sourdillon est la Charmeuse de serpents par excellence : est-ce un hasard si Novarina lui fit jouer le rôle de La Femme Séminale (Eve ?) dans Le Jardin de reconnaissance ?

Dans L’Origine rouge, d’autres personnages évoqueront , notamment par leurs chaussures et leurs salopettes, les frères clownesques Tweedledum et Tweedledee ; au fond, Lewis Carroll est d’ailleurs peut-être, avec Dante, le seul auteur que l’on puisse vraiment rapprocher de Valère Novarina : dans les deux livres tournant autour d’Alice, nous assistons aussi à une série de numéros de cirque tout à fait époustouflants (quadrille des homards, thé chez les fous, fleurs ou œuf doués de parole, changements de taille, etc.) ; or, c’est un même défilé comique qui se déroule sous le chapiteau novarinien.