2. Cycle et cycle : le vélodrame de la vie

2.1. Cyclistesses, cyclonistes et cyclopodistes

Chez Novarina, la course cycliste, évoquée à l’occasion du « Critérium Junior » (D.V., p. 192) concernera deux types d’athlètes : les « cyclotymistes » (D.V., p. 52) et les « cyclopodistes » (D.V., p.53). Encore une fois, la technique du mot-valise et du mélange de mots permet à Novarina d’inventer de nouveaux vocables ; ici, sans doute : cyclistes + cyclothymiques et cyclistes + antipodistes – ce qui nous ramène au cirque.

La vélocipédie fera retour sous les espèces du « vélocidododlérédopipède Nopel » du Jardin de reconnaissance – où la perspective est évoquée de « [caresser] peu à peu le pneu » (p. 67) –, du concept étrange de « véloquiddité » dans L’Opérette imaginaire (p. 35) et de deux nouveaux personnages dans L’Origine rouge (p. 170) : le « cycloniste » (où l’idée de cycle semble associée à l’idée de cyclone) et la « cyclistesse » (mot semblant contenir l’idée de vitesse). Quant au mot « Nopel » – qui sonne comme une suppression-adjonction (on pense au prix Nopel) –, il fait partie de ces vocables récurrents (au même titre qu’orille, ut, ouiceps, etc.) dont se sert volontiers Valère Novarina.

Dans Vous qui habitez le temps, le mot-accordéon, étudié en première partie, aura « vélo » (et plus exactement « vélocido ») en guise de préfixe ; le mot partira sur un vélo, en quelque sorte – et on constatera en passant que le complément d’objet direct nous ramène au sacré. Cela donnera « vélocidorédopétait un sermon » (p.88), « vélocidododélérépétait un sermon » (p. 89) et «vélocidododlérodédopéta un sermon » (p. 89). Puis vient le tour de la télévision qui « [vomit] un sermon » et « [vélorédépète] un sermon». Enfin, le mot vélodrome sera également retravaillé en « mélodrome » (D.V., p. 11) et on verra passer le « cycliste Dupamplieu » dans L’Acte inconnu (p. 19).