2.8.2. Tout vrai langage est incompréhensible

A la phrase inspirée d’Artaud "Vous délirez, Monsieur Novarina" – à lire peut-être comme "Vous délierez" (des langues, des situations, des nœuds gordiens) –, l’auteur pourrait opposer que, de toute façon, « tout vrai langage est incompréhensible ». En cela et comme langue, le novarinien ressemble objectivement, dans le principe, au joycien, au rabelaisien voire au célinien (mais surtout dans Guignol’s Band et Féerie pour une autre fois).

C’est surtout la langue elle-même qui décide : l’auteur se fait alors passeur, il doit être aussi poreux qu’un prophète et n’opposer aucune résistance. Le résultat, c’est que le récepteur n’y comprend goutte, lui qui pourra même, devant tant d’hermétisme crispant, réagir comme, parfois, les personnages de Rabelais : « Dea mon ami, dist Pantagruel, ne sçavez vous parler François ? », « Ie croys que cest langaige des Antipodes, le diable ny mordroit pas », etc.

En définitive, nous sommes un peu comme sur une île michaldienne où il serait jugé incongru de s’exprimer d’une manière compréhensible : l’effet obtenu là est tout à la fois fort cocasse, angoissant et formidablement dépaysant. Mais une autre métaphore pourrait ici être utilisée pour évoquer l’obscurité de la parole novarinienne…