2.2.4. « Homo automaticus »

Dans La Lutte des morts (p. 340), l’«Homo automaticus » (un robot volant, apparemment) a « des hélices énormes à la place des oreilles ». Ce personnage resurgira dans les pièces qui suivront mais son nom sera retravaillé en « Hautomaticus » et « Omo Onomaticus » (D.V., p. 10), à moins qu’il ne s’agisse de nouveaux personnages. On croise encore « L’Enfant Moteur » (D.V., p. 161), « L’Enfant automouvant » (D.V., p. 197) et « L’Enfant automatique » (D.V., p. 198). Cette galerie de monstres, de robots et d’» hommes à moteur » (S., p. 16) est présentée comme au cirque : « Entre une machine à main qui pense, c’est un homme à quatre membres » (D.V., p. 81).

Dans L’Atelier volant, il y a aussi des « enfants de plomb » (p. 55) et des « enfants de fer » (p. 56), ce qui évoque des soldats de plomb mais aussi, éventuellement, de véritables robots (terme inventé, rappelons-le par l’auteur de La guerre des Salamandres, Karel Capek). Le caractère non-humain de ce type de personnage se retrouve dans « Usez-vous, enfant de fer, vous ne donnez naissance qu’à des clous » (A.V., p. 56). Dans Je suis (p. 31), on parle de « cervelle métallique » et dans L’Origine rouge (p. 19), les « objets qui viennent boire et m’approvisionner » sont peut-être des robots novariniens.

Dans les « forces périandroïdes » apparaissant dans L’Opérette imaginaire (p. 32), on notera le suffixe « droïde », qui évoque encore le robot. Evoquant l’œuvre de V.N. comme un « roman d’anticipation de la langue », Olivier Dubouclez va jusqu’à dire : « A l’«homo sapiens », au « pithécanthropes » on opposera les « droïdes » de L’Opérette imaginaire »294. Concernant cet « oïde », il se démarque considérablement des erectus et autres pithecanthropus robustus (in O.R., p. 8 par exemple) et c’est ce qui fait dire à Christine Ramat : « […] avec la suffixation en "oïde", l’homme des origines bascule directement dans l’ère technologique »295.

Quant au robot proprement dit, il n’est pour Novarina qu’une autre manière, plus asimovienne, de parler du Golem et du pantin ; comme eux, le robot est agi, parlé. Il est aussi fait d’une matière morte et on parlera d’ailleurs de « l’Homme de Macabre Automatique » (D.V., p. 217) ; il arrive encore qu’on s’exprime dans un parler robot, sans articles, télégraphiquement, comme dans « Vous allez créer accident » (A.I., p. 55), etc.

Notes
294.

Olivier Dubouclez, Valère Novarina, la physique du drame, op. cit., p. 63.

295.

Christine Ramat, Valère Novarina. La comédie du verbe, op. cit., p. 383