2.2.5. Voyages dans l’espace (et ailleurs)

Dans Le Babil des classes dangereuses (p. 314), on se réjouit de se déplacer dans les airs et cette joie s’exprime comiquement : « Grâce aux aéroplans, fusées, zéniths, pompes, nous volons bien plus vite qu’à corbeau » mais on n’arrête pas le progrès puisqu’on apprend à la page 173 qu’un engin (nommé par Souchord : « F.N.R.S. IV ») s’est posé sur l’anneau de Saturne. Dans Le Discours aux animaux, on lira « Ils ne trouvent plus aucune lumière dans leurs planètes maintenant, ni d’astre chaud qui nous fasse froid. » (p. 229), on verra passer la « comète de Valère-né » (p. 217), on entendra les « boucans d’astres premiers » (p. 317), on contemplera la « Constellation du Chien Urge » (p. 216) et on célèbrera « l’astresse toute pleine de vide qui nous éclaire » (p. 296). Dans Je suis enfin (p. 161), il y a des « nébuleuses » et des « stellarions ».

Présentant L’Acte inconnu pour l’édition Folio-Gallimard, Michel Corvin ira jusqu’à dire avec humour que Novarina  a comme un « air d’habiter une autre planète dont il serait le seul à connaître la topographie » : l’image rend bien compte de l’étrangeté du monde en question. Sur cette planète (pour reprendre l’image de Michel Corvin), le moyen existerait aussi d’un « bref aller-retour dans l’autre monde » et de « revenir très vite » (D.V., p. 291). A l’instar de la « Nécromobile », on pourra (Téléphoniquement ? Télépathiquement ?) communiquer avec les morts : « appelez-moi un cadavre » (S., p. 60). Concernant cette « Nécromobile », n’extrapolons pas trop : il s’agit peut-être tout bonnement d’un cercueil (on sait que sur scène, ils sont souvent à roulettes et aussi transparents que la Papamobile) dans lequel « la cadavre est allongée […], en route pour la gloire » (A.I., p. 135) : ce véhicule serait donc le corbillard-corbillon de la gloire de l’homme.

Sans se projeter vraiment dans le futur, on pourra en tout cas « lire l’avenir en poudre » (V.Q., p. 46) et il nous sera prédit un « avenir à quatre pattes » dans L’Opérette imaginaire (p. 18), qui s’apparenterait pour Homo sapiens à une sorte de retour aux sources. Une des obsessions de l’auteur est de savoir ce qui se passe quand on n’y est pas : dans L’Opérette imaginaire (p. 46), on parle d’«aller ici, ça et là », ce qui est un début possible, pataphysiquement parlant, d’ubiquité et/ou de téléportation, « Riri d’ici et là » (O.R., p. 69) possédant peut-être ces deux facultés.