3.4.4. « Ah que je m’étonne d’être ! »

« Que je sois celui qui soit me met hors de moi » (J.S., p. 84) : voilà en somme le grand grief (voire la très grande faute) ; c’est le fait même d’être (plutôt que de n’être pas). Cela ne va pas de soi pour le personnage novarinien ; c’est ainsi que « Face bleue » hurle à son corps : « Vas-tu être, bougre d’être ? » (J.S., p. 56). On voudrait en effet être sûr d’être vraiment là, habiter pleinement le corps et savoir ce qu’il en est de cette « demeure fragile : « Je souffre dans mon corps sans avoir la preuve qu’il est à moi » (O.R., p. 66).

La question pourra prendre un tour plus philosophique comme dans « Ah que je m’étonne d’être », qui s’applique certes au corps mais aussi à l’existence : ces deux termes sont-ils synonymes ? C’est encore une autre interrogation. L’étonnement peut donc concerner des parties du corps mais aussi le corps tout entier ici considéré par un soi capable de prendre de la hauteur – en se déhommant, peut-être…