3.5.8. « Si cette notion est maintenue »

De quoi parle-t-on ? De quelle dimension ? De quel corps ? De quelle humanité ? Tout cela vole en éclats. C’est pourquoi parler de « Umonde » ou de « Urlumonde », pour qualifier l’"Univers" décrit ("Plurivers" étant plus juste) décrit, nous paraît se justifier.

Le corps est changeant, il mue comme le monde, comme les mots : il est plastique, insaisissable. Dire ce corps et dire ce monde, voilà ce que nous aurons essayé de faire à travers cette sous-partie : à chaque surgissement, il s’agissait de se demander : de quoi cela procède-t-il ? Où sommes-nous ? Peut-on, pour en parler, « maintenir des notions » – l’idée vient de Beckett (celui du Dépeupleur) – appartenant à un monde humain normal ? User encore de catégories classiques, aristotéliciennes ? Peut-être que oui – mais alors en s’inspirant du sérieux d’Aristote ou de Pline lorsqu’il décrivaient des animaux qu’ils n’avaient jamais vus. Ce sérieux, il nous est difficile de le garder en lisant certaines de leurs descriptions – idem quand il s’agit de lire du Novarina.

La question est de savoir si les mots d’homme et de corps (voire de monde dans un sens terrien) sont ici pertinents, opératoires. La réponse est non. D’autres mots et d’autres approches s’imposent ; une rhétorique de science-fiction peut rendre compte de cela). C’est qui est certain, c’est que dans ce théâtre annonçant de futures mutations, un « déhommage » est en cours comme un fusée s’apprêtant à décoller vers de nouveaux horizons…