4. Portrait de V.N. en auteur de S.F.

Au fond, dans Le Drame de la vie, Novarina suit l’exemple d’Alfred Jarry qui, avec Le Surmâle, proposa bel et bien une œuvre de science-fiction : on y voit notamment un précurseur de L’homme bionique (alias Steve Austin) dont les prouesses concernent éventuellement la sexualité ; et dans Les Sabines, Marcel Aymé aborde un thème effleuré par l’auteur de L’Origine rouge à travers un mystérieux « ubiquiste » (p. 23), mot pouvant aussi évoquer la circassité. On voit donc que de grands écrivains français, sans oublier bien sûr Verne (Voyage au centre de la terre), Villiers de L’Isle Adam (L’Eve future), Rosny aîné (La mort de la terre), Maurice Renard (Les mains d’Orlac) Vian (Et on tuera tous les affreux) et Arrabal (L’Architecte et l’empereur d’Assyrie), ont touché avec bonheur au fantastique et à la science-fiction ; Novarina s’inscrit finalement assez naturellement dans cette lignée-là en proposant à son tour, sans le revendiquer ni même le faire exprès toute une imagerie qui, de fait, s’apparente esthétiquement à de la S.F. comique (mais pas, semble-t-il, en ce qu’elle parodierait consciemment le genre). En fait, la technique de l’auteur consiste peut-être en ceci : se laisser traverser par la parole et donner libre cours à son imagination ; son contrôle est ici très relatif : « Ainsi allaient mes pensées en fusées dans ma coquine de tête » (J.S., p. 202)

Cette ultime partie paraîtra sans doute iconoclaste et saugrenue mais si nous y tenons (et ce d’autant plus qu’elle annonce celles qui vont suivre), c’est qu’à travers la métaphore de la science-fiction, nous avons voulu signifier avec une certaine force que l’alerte ne concernait peut-être pas seulement les zones de Broca mais aussi le paysage théâtral contemporain et l’histoire de la littérature mondiale. Dans le titre même que nous avons choisi de donner à cette sous-partie, « Mars attacks », il y a comme le surgissement d’une entité nouvelle, l’émergence de quelque chose d’inconnu jusqu’alors, et cela nous paraissait pouvoir s’appliquer à la fantastique proposition novarinienne.