1.3.2. Jeux du cirque ou jeux télévisés

Dans L’Atelier volant, on note une scène prémonitoire qui ressemble grandement à un jeu télévisé actuel : « Ou est né Lecanuet ? Faux. Tu es collé, retourne à ton clapier ! Tu ne sais rien des sociétés, tu sais tout juste gueuler, tu ne vois que le bout de ton nez ! » (p. 59). Devant cette réaction violente (de ce qui pourrait être un animateur de télévision) et cependant comique, musicale et rimée, nous ne sommes pas dans le registre caricatural et parodique d’un spectacle des Inconnus car la cruauté, le cynisme et le mépris d’autrui vont ici bien plus loin que dans les sketches du talentueux trio d’humoristes (ces derniers restant au fond tout de même relativement humains dans le traitement de ce type de sujet) ; en fait, il n’y a ici aucune lueur d’espoir et c’est presque du fascisme à l’état brut que l’auteur nous donne à voir.

Autre cas de question-réponse stupide (toujours dans L’Atelier volant, à la page 37) : Boucot. – qui a le cul le plus gros ? / Les employés. – C’est moi ! C’est moi ! ». Du point de vue de l’organisateur (ici : Boucot), le but du jeu est tout à fait clair : « Pendant qu’ils jouent, ils ne se pendent pas » (A.V., p. 37) car si on meurt, on ne produit plus – et cela, Boucot le refuse.

Dans Le Babil des classes dangereuses (p. 218), c’est le même énervement de la part de celui qui pose les questions : « Pondez réponse aux questions qu’on vous tend, saletopion ! ». Dans La Scène, les jeux (et les hostilités) reprennent de plus belle, encore plus surréalistes que dans L’Atelier volant : « – Brigitte, dites fort votre nom : Brigitte ! / – Olga Marchambeau / […] / – Quelle est la longueur de la Belgique ? / – Huit. », etc.