3.5. J’me présent’ : je m’appelle Inri

3.5.1. Pierre/pierre et suaire/Serpillière

Pour faire retour à Jésus et avant d’en venir aux grands miracles de cette fin qui n’en est pas une, il faut bien sûr évoquer le Golgotha. Ainsi, dans les stations du Calvaire (du latin calvaria qui viendrait de l’araméen "Gulgota" qui signifie "crâne"), il y a l’épisode (que l’on retrouve indirectement évoqué) de Véronique venant éponger le visage du Fils de L’Homme et qui semble donc aboutir ici au concept hyper-iconoclaste de « Sainte Serpillière ». L’objet sacré se voit donc trivialisé et/ou minimisé : ici et un peu comme dans le glossaire de Leiris, le suaire n’est que la "preuve qu’on à sué", on n’arrête pas d’humaniser la figure du Christ, qu’on présente toujours comme une Machine à dire "Je suis un homme" (« quoi de plus naturel en somme ? » ajouterait Polnareff). Quant au crâne d’Adam que l’on voit parfois au pied de la croix dans certaines représentations (en tant que mise en abîme du nom du lieu ? Symbole de mort ? Abandon relatif de l’humain pour aller/monter vers le divin ? Vide des têtes ayant voulu le supplice ?), il sera éventuellement à mettre en relation avec celui de Yorick dans la mesure ou ce dernier, en tant qu’il est/fut un clown (voire un bouffon), possède/possédait, comme le « vieil Adam parlé », des caractères de « pantinité ».

La crucifixion se transformera en « excrétion de Jésus » dans Le Drame de la vie (p. 89) et l’inscription ironique de « roi des juifs » semble lui conférer in fine le droit de conduire un « trône à injection » (D.V., p. 245) tandis que (ceci de manière peut-être cryptée ou alors inconsciente) le fameux jeu de mots Pierre/pierre qui présida aux origines de l’Eglise et de la papauté semble évoqué dans Je suis (p.142) : « Ces pierres ne sont que des cailloux ». L’auteur précisera cependant juste après que ce sont des « cailloux en prière », ce en quoi il propose à son tour un autre rapprochement de termes : « Ici, les mots sont sans mains. Tu as juste des pierres dans ta main ».