2.4. Corps et tuyau : « vive le tube ! »

Dans Le Drame de la vie, les notions de corps et de tube (ou de tuyau) sont parfois rapprochées : on va jusqu'à dire que « le corps est un tuyau, un souterrain d’un monde à l’autre » (p. 218). Dans Le Jardin de reconnaissance, le corps est assimilé au « tube de la parole » et on parle du « trou de la vie » dans L’Origine rouge (p. 50).

On parle encore de « tube lumineux » dans Le Jardin de reconnaissance (p. 66) : par ce tube (« Je suis est un néon ») passe de la lumière mais ce n’est pas toujours présenté comme très agréable ; à la page 220 du Drame de la vie, par exemple, on nous promet un interrogatoire de type policier : « des gendarmes leur pénétreront dans les tubes avec des ampoules lumineuses ».

Dans La Scène (p. 67), on a encore l’idée d’une « Lumière qui nous accable » : le corps pâtit aussi de cette lumière qui nuit. Autre précision importante : la lumière ne concerne pas que le corps : « le monde est allumé pour examiner les choses » (D.V., p. 242). Qu’est ce qui luit ? Le soleil, le monde ou le corps ? Ici : sans doute les trois.

Si on ne parle pas de tuyau, on parlera de trou mais le mot s’appliquera peut-être plus volontiers à la bouche (ce « trou qui verbe ») ou au vagin de la « percée » (Eve) qu’au corps tout entier. Quoi qu’il en soit, le trou joue un rôle très important : il est ce qui permet de « donner passage à quelqu’un » (D.V., p. 235) mais on ne présentera jamais ainsi les « trous de la négativité », qui sont ceux « dont nous ne sortons pas ». Pourtant le statut de ce trou-là reste complexe et ambigu : dans le dessin proposé ci après, c’est « droit au cul que bise vente » et que passe le souffle de la parole – dans L’Acte inconnu, l’anus est nommé sans périphrase : c’est un trou qui, à l’image du crâne, suscite un questionnement hamlettien.