1.2.4. Amers constats et « protest songs »

→ Rien gît ici comme ça devrait

Si on a pu parler d’une insatisfaction baudelairienne, il semble qu’il existe aussi une insatisfaction novarinienne et s’exprimant souvent de façon comique et chantée. Certains airs (d’inspiration vaguement beckettienne) sont faits d’amers constats comme à la page 28 de L’Inquiétude où le bilan complet de toute une vie semble laisser quelque peu à désirer :

J’ai passé l’enfance dans les spasmes
L’adolescence dans les miasmes
La vieillesse en vaineries
Et l’âge adulte dans les turlupinades.

Dans une mini-comptine du Drame de la vie (p. 122) où il est question d’un mystérieux « tronçon perdu », on se plaint des mauvais penchants de l’homme : « Tout l’monde y faute »). De même, L’Originelle, qui revient sur le meurtre de Caïn, est une chanson très misanthrope.

Cela dit, on pourra également se pencher sur le passé avec une certaine nostalgie, comme à la page 157 de L’Origine rouge : « Beaux enfants de la nuisance / Souvenez-vous du caboulot / Ou jeunes encore pendant l’enfance / Nous jouions à sacs cervicaux ! ». Dans La Scène, Fantoche Lorrain se plaint d’être captif (« Tout m’est kif-kif »), jugeant que « [sa] vie est une impasse ». D’ailleurs, le thème de l’enfermement revient souvent dans les chansons novariniennes (et même, d’une certaine manière, dans la Chanson automobile) : c’est encore un thème du blues, l’enfermement pouvant bien sûr être symbolique.