1.4. Echappatoires possibles

Même si « [c’est] dans la peine qu’on trouve son fond » (L.M., p. 430), certains airs novariniens suggèrent une solution au malaise, un dénouement du nœud(/cordon) gordien mais cela ne passe pas forcément par le respect des règles de la morale – ni de celles de la circulation routière : car enfin, le chauffard de la Chanson automobile semble s’amuser beaucoup, « l’écrabouillage » des passants constituant même, pour lui, une sorte de catharsis fort efficace : « Quand j’saute dans mon automobile / J’me fais p’us d’bile » (O.I., p. 50).

Pour ce personnage en fait profondément morbide, le cimetière (et peut-être aussi, en filigrane, la mort et le « crimage ») s’apparente à un refuge, à un lieu calme, paisible, où l’on se ressource et se régénère : « Mais c’que j’préfère, j’le dis carrément / C’est m’garer au cimetière : quitter les tourments, d’tous ces stationnements… / Me v’là en zone morte, en quelque sorte…(O.I., p. 51). La chanson qu’il chante est en elle-même une raison de vivre, au même titre que sa passion pour « l’écraserie » :

‘Roulez tombeaux ! trépassez panneaux ! / J’passe les bretelles, j’remplis les poubelles / D’cyclistes à trottinettes ! […] / Chanter une opérette / C’est ça qu’est chouette / Zigzaguer d’une chanson, trépigner des arpions, en r’muant son croupion (O.I., p. 53)’

Tout n’est donc pas si noir, dark, bluesy, la chanson fonctionnant ici comme un entraînement, une stimulation, un auto-encouragement à persévérer dans la voie de la « violovie ». Bref, avant de « sortir par la porte/ Qui mène nulle part » (O.I., p. 53), il y a toujours la possibilité de chanter – et d’écrabouiller les passants…