2.3.4. Nature, réalité et drame de la naissance

Même nos amies les bêtes ont parfois quelque chose d’un peu déprimant : « Si les animaux pouvaient parler, elles auraient rien à dire » (V.Q., p. 98) ; ce n’est d’ailleurs sans doute pas le sens de cette phrase mais, quoiqu’il en soit, pour le je du Discours aux animaux, la césure humain parlant et animal se taisant semble parfois ressentie comme douloureuse (et pourtant, là encore, cela relève peut-être d’une interprétation).

Quant à l’homme lui-même, il semble qu’il n’y « [ait] pas sur terre d’animal pire » ; dans L’Origine rouge, on est prévenu : « L’homme est le pire des nuisibles / – Attention à autrui. (p. 157). Toujours dans L’Origine rouge, un autre cri sera poussé : « O homme, qui que tu sois, évite-moi » (p. 144). Mais, au fond, le responsable de la catastrophe d’être « en homme » – « Etre homme est une maladie d’animal » (J.S., p. 77) –, c’est la reproduction humaine ; car enfin « [c’est] l’homme multiplié par la femme, qui m’a porté la mort » (O.I., p. 116). Le constat est terrible : « Je contemple ma matière. La mort me traverse, toute la ma terre le prouve ». (J.S., p. 97). Ici, « la ma terre » designer peut-être la terre-mère (cf. « la mater ») voire « Gala » dans la mythologie classique. Dans Le Drame de la vie, il semble qu’on s’en prenne à Dieu (« Celui qui nous a faits n’aurait pas dû ») ; décidément, Job n’est pas loin.