2.8. J’veux rester au cagibi

Dans la dernière pièce considérée dans notre étude rhétorique, la plainte comiquement exprimée est moins présente (le souffle épique à l’œuvre fait que L’Acte inconnu est moins axé sur un je qui serait intime et/ou replié sur soi) et pourtant, il convient de noter ces deux occurrences : la page 120 où L’Homme Nu tient le même discours que le chauffard fou de L’Opérette imaginaire (« j’veux rester au cagibi ») par peur du monde extérieur (des « vigilées », des « nuit de la Saint-Robert », du « futurium de base », des « fruits calciques » et autres « ostéobards du docteur Prunier ») et la page 149 où ce qu’on voit de sa fenêtre et qu’on considère en pleurant (A la longue, je voyais le paysage en larmes à la place des yeux ») n’incite pas trop à sortir : « Je regardais tout le jour en fixe rouiller les barbelés et fleurir les orties […] les Animaux périssaient […] j’aurai voulu m’accompagner moi-même en balai jusqu’à la poussière », cette dernière image ayant déjà utilisée dans une pièce précédente.

Du « haut de Latour », qu’y voit-on ? De bien morbides corbillons, des corbillards de cabillauds et d’horribles moribonds : dans ces conditions : pourquoi sortir du cagibon ? Et surtout : pourquoi ne pas faire un tour du côté du garage pour aller y chercher une solide corde ?