1.4.2. Cycle et bercueil : une piste à explorer

Il rend aussi la mort moins négative en rendant la vie moins positive : « Voici que la vie est arrivée comme une corvée à un vivant » (J.S., p. 128). Tel Tchouang Tseu, il s’amuse et nous fait rire mais ce qu’il dit là, au fond, n’est peut-être pas si farfelu. Lire attentivement ce genre de phrase peut même contribuer à modifier notre regard sur toutes ces questions. Ainsi, l’idée assez classique de cycle sera revisitée de façon très efficace par la simple force du comique : « A la fin, tout le monde voit bien qu’on retourne dans un sac » (D.V., p. 296).

Cette notion de cycle (voire de « bercueil ») se retrouve d’ailleurs à la page 100 de L’Atelier volant : « Ce cri qu’il pousse dans son linceul, je le lançais dans mes langes ». A la page 144 du Discours aux animaux, on a ce développement : « Si toute chose a une fin, c’est parce qu’elle porte en soi la marque du néant d’où elle vient » et à la page 295, la chose s’impose même comme une évidence : « Ton origine ? Les tombes du Trou ibref ».

Dans Le Drame de la vie (p. 46), l’idée de cycle nous paraît suggérée dans « Puis il mourru, puis il sortu, puis il mangea et il mangit le viandat, le bonc tronc macalab, puis il veillu et il cada – "puis il sortu, puis il mangea et il mangit le viandat, etc." : c’est ce qu’on aurait envie d’ajouter. Dans Lumières du corps enfin (pp. 178-179), on se rend pleinement compte, par delà le traitement comique du sujet en question, que l’auteur est capable d’une grande profondeur, et même d’une certaine maturité au niveau de la réflexion :

‘La mort est nulle. La mort est l’être par excellence et le mot par excellence. N’étant qu’un mot et qu’un être – et c’est tout, elle n’a aucune force car c’est un état stagnant, des plus stagnants… Un état dont on ne peut rien dire, sinon que c’est un état nul […] elle n’a ni force ni pouvoir et n’a jamais triomphé de rien ni emporté qui que ce soit. ’