2.1. Une chronotopie africaine

La question qui interpelle tout lecteur et à laquelle il peut difficilement échapper, reste celle que posent Roland Bourneuf et Réal Ouellet : « A quelle époque se situe l’aventure racontée ? » 307. En effet, si les écritures romanesques s’inscrivent dans une relation d’un milieu, d’une société, à travers l’évocation de différents espaces, fictifs ou réels, il n’en demeure pas moins que ces faits et situations décrits dans le roman s’ancrent également dans un espace temporel, remodelé et remis au goût de chaque auteur. Si, pour certains critiques308, la « poétique de l’espace » 309 reste une condition sine qua none de la littérarité, pour d’autres, la question du temps ou de l’univers temporel dans lequel baigne une œuvre, au-delà des repères chronologiques apportés au lecteur, procède d’une démarche esthétique que l’écriture romanesque doit envisager. Autrement dit, il importe de faire référence à une date, à une époque bien précises, en ce sens qu’elles donnent une logique, une cohérence et une linéarité qui peuvent être essentielles dans la compréhension de l'œuvre littéraire. Mais y faire allusion sans qu’il devienne une exigence de le nommer, fait passer le temps d’un statut d’ « éclaireur » du texte, à celui de structure actantielle qui permet à la narration d’en faire une source d’inspiration et d’y puiser des éléments, des situations et des histoires de fiction. C’est l’avis, entre autres, d’Emmanuel Thérond qui pousse plus loin cette idée et affirme sans ambages, que dans le contexte actuel de la littérature, la problématique du temps dans le roman participe moins d’une lisibilité du texte que d’une innovation artistique et esthétique que nous offre la modernité. Il écrit notamment :

‘Quand on ferme un livre, c’est une histoire qui s’achève. Un monde créé qui se détruit. Mais s’il y a des univers qui meurent, c’est pour laisser place à d’autres, pour signaler que le temps passe, qu’il est source de toute création.310

En ce qui concerne Rachid Boudjedra, le temps dans ses œuvres concourt à jeter les nouvelles bases d’une approche d’écriture plus soucieuse de son mécanisme, de son fonctionnement et de son mode d’expression que des messages, des valeurs ou autres avertissements que, habituellement, la littérature promeut. Il n’est que de considérer l’enjeu esthétique que Rachid Boudjedra suscite autour de la question de la mémoire. En effet, écrit Armelle Crouzières-Ingenthron, « ne pouvant ni retourner au passé ni le posséder ni l’appréhender, Boudjedra parvient à le maîtriser par un travail de reconstruction » 311. Matériellement, cette reconstruction « boudjedrienne » se manifeste par sinon une négation du moins une altération de la mémoire incarnée par un personnage-type, interné dans un hôpital psychiatrique, en proie à la paranoïa et au délire :

‘Pourtant, je la connaissais bien cette histoire de plage ; (…) j’essayais calmement de me la raconter à moi-même, en prenant mon temps (…). Je ne l’avais quand même pas inventée ! J’avais - toujours dans ma mémoire – mille et mille détails et je pourrais les décrire en mille pages. Certains jours, cependant, il m’arrivait de ne plus pouvoir rien dire à ce sujet. Je m’embrouillais (…).312

Dans Les 1001 années de la nostalgie, le rapport entre temps et mémoire s’inscrit dans une dynamique de « déréalisation » sans doute inhérente à la forme d’écriture des contes et légendes. On apprend dès lors que les « midis stricts », « les aubes bariolés » et « les couchers radieux » participent aussi bien d'une Invitation au voyage que d'une incitation à l'oubli :

‘ S.N.P. Mohamed (…) s’était toujours arrangé pour ne pas laisser traîner son ombre derrière lui, quelle que soit la position du soleil, quelle que soit l’heure.313  

Quant à La prise de Gibraltar, deux dates précises, à savoir le 20 août 711 et le 20 août 1955 qui marquent respectivement le début de la conquête de l’Andalousie et la répression sanglante de l’Armée Française à Constantine, bordent le cadre spatio-temporel de la narration. Cependant, le non respect de la chronologie, le choix de privilégier une narration fictive de l’Histoire, le recours à une poétisation parrainée par Saint John Perse au détriment d’un souffle « hussard » 314, le « bel exemple d’une hétéroglossie en croisant dans le texte une bonne demi-douzaine de langues » 315 préférée à une « langue marâtre » 316, aboutissent à une dépolitisation du roman algérien. Tout se passe comme si, pour taire toute voix narrative porteuse d'un devoir mémoriel, Rachid Boudjedra créait une mémoire qui naît du texte. En effet, à mesure que l’écriture se déploie, une mémoire prend naissance en simultanéité. Une mémoire qui ne porte la signature d’aucun personnage mais se révèle être « immanente au texte » 317. Ce faisant, le romancier algérien érige ce qu’il appelle « l’ordre du dubitatif » 318 en catégorie esthétique, dès lors que le lecteur ne possède aucun repère chronologique. Il est constamment ballotté entre les hésitations et les contradictions verbales du narrateur que les parenthèses et les points de suspension, constamment utilisés, intègrent dans la trame normale du récit. Ainsi, Rachid Boudjedra ouvre une ère moderne, s’inscrit dans un « nouvel ordre du récit  » 319, malgré tout ce qu’on peut affirmer ici et là, notamment par Bernard Mouralis320 et Jean Derive321 sur les influences françaises et occidentales des littératures dites « périphériques ». Certes, par exemple, les écritures romanesques, de Marcel Proust et de Rachid Boudjedra, ont ceci de commun322 qu’elles préfigurent une modernité dans leur espace littéraire respectif. Nonobstant, elles n’en demeurent pas moins opposées dès lors que pour l’une, les souvenirs et la mémoire participent de La recherche du temps perdu 323, « du temps sensible » 324 centré autour de la « situation problématique d’un homme » 325. Quand pour l’autre, « la maladie de la mémoire » 326 décentre les soubresauts d’une Algérie perdue 327 et révèle l’usure et le poids du temps. Aussi ce type d'écriture s'oriente-t-il moins dans le sens de son lien à la communauté, ainsi que le préconise Paul Ricœur328, que dans la déconstruction culturelle329 de « la violence qui (…) le désarticule, le démet, le déplace hors de son logement naturel. » 330

Les distorsions chronologiques et autres chroniques décousues de la mémoire basculent l’irréversibilité du temps classique de la narration vers un mouvement de circularité, de transitivité et de synchronie textuelles. Elles procèdent d'un mouvement « d'indissolubilité de l'espace et du temps » 331, réalisant ainsi la fameuse figure du chronotope, qui depuis les formalistes russes, consacre une vision de la modernité littéraire. En effet, celle-ci, dans l'œuvre de Rachid Boudjedra, trouve son équilibre dans l’ambigüité de son jeu bakhtinien (un jeu qui certes, rappelle le carnaval ou le folklore populaires mais aussi les jeux de massacre sous l’Empire romain) et de son enjeu « cromwellien » (au sens de la préface éponyme écrite par Victor Hugo) dans un temps et un espace algériens sans cesse marqués par la violence. Il s’agit dès lors pour le romancier algérien332 d’en finir avec Le désordre des choses 333 et de remettre La vie à l’endroit 334 au prix d’une loi du talion littéraire : à savoir montrer le désordre d’une époque et d’un pays par le désordre d’une narration, représenter le drame de l’Algérie par le drame d’une narration amnésique et schizophrénique. C’est là, une certaine caractéristique de la modernité littéraire promue entre autres par Roland Barthes dans son acception en tant que « coexistence » 335. Concept éminemment moderne en ce que la fusion de la douleur du temps avec le chaos de l’espace algériens, représentée à travers la textualisation d’un mémoire qui flanche et des foyers de tension qui s’embrasent, n’exclut aucunement la forme de délire336 née de la lecture du texte « boudjedrien ». Celui-ci, fatalement, passe par une dépossession de la propre mémoire du lecteur, dès lors qu’il fait abstraction de l’espace et du temps réels, pour plonger dans ceux fictifs de l’œuvre littéraire.

Qu’en est-il du rapport espace-temps avec les trois œuvres, ici convoquées, de Sony Labou Tansi ? Lawson-Ananissoh, dans une formule lapidaire et non moins « politiquement correcte »y répond en arguant qu’ « en réalité, le temps est espace et l’espace est temps dans les œuvres de Sony Labou Tansi » 337. En effet, l’œuvre littéraire du romancier congolais reste entièrement traversée par une intratextualité du cadre spatio-temporel qui peut se résumer ainsi : la chronique annoncée d'un Règne de barbarie orchestré par une phallocratie lubrique, bouffonne et sanguinaire qui Perpétue l’habitude du malheur 338 sur des centaines d’années dans une cité imaginaire, dont la géographie, le climat et les habitudes de la population portent à croire qu’elle se situe sous les Tropiques. On assiste dès lors à une organisation, dans la structure des trois œuvres, fondée sur l’anarchie, en ce sens que l’auteur, en multipliant les espaces d’où partent différentes énonciations, en dilatant le temps de la narration sur des centaines d’années sans pour autant en préciser le début et la fin, et en mettant en scène des protagonistes en proie à l’affrontement, à la guerre et aux massacres collectifs, veut donner l’illusion qu’il présente un roman non structuré, qui lui échappe. Ce qui relève, évidemment, d’une « tricherie littéraire » car ce qui fonde l’esthétique littéraire de l’écriture conjointe « espace-temps », c’est effectivement ce jeu de désordre et d’anarchie maîtrisés :

‘ D’autres avançaient que la police avait oublié la chaîne d’arpenteur et le mètre de Nsanga-Norda. La vraie raison du re-départ de la police ne fut même pas connue quarante sept ans plus tard, quand celle-ci revint pour le constat alors que très peu de ceux qui, à l’époque du crime, avaient l’âge de témoigner conservaient encore des bribes de souvenirs.339

Xavier Garnier ne se trompe sans doute pas quand, à partir de l'assertion de l'écrivain congolais : « (...) l'acte de Respirer n'est sûrement pas une quelconque forme d'écriture. C'est, on dirait, la douleur d'une âme qui vient d'accoucher des dimensions exactes de l'univers »340, il ajoute ceci :

‘[Ses œuvres] témoignent d'un refus viscéral de la forme poétique. Au nom d'une fidélité au sublime (...), S. Labou Tansi invente une poésie [et une poétique] de l'informe.341

Mais, il n'échappe pas à son œil critique que l'informeprocède d'une maitrise de la forme. Pour cause,certesla poétique de Sony Labou Tansi « est moléculaire, elle atomise la langue en éclats (...). On pourrait dire (...) qu'elle est « catastrophique » » 342. Il n'en demeure pas moins que, et c'est là l'essentiel, fondamentalement, « le refus de la forme est celui de la hiérarchie des mots, il consiste à faire du langage un abîme où tout ce qui croyait avoir forme vient se s'effondrer. Le « moi » que ses poèmes font éclore est un être informe mais total, une pure énergie qui servira de force de poussée à de nombreux personnages de ses romans » 343.

Mireille Calle-Gruber nous apprend que ce jeu de désordre et d’anarchie dans la narration procède d’une esthétique « des langages frelatés » 344, selon les termes utilisés par Jean Ricardou. Qu’il participe, dans Les figures de Gérard Genette345, de « la métalepse, par quoi on désigne en narratologie l’incursion ou l’intrusion ou la confusion » 346. C'est un jeu qui, finalement, participe du « Grand Récit du Texte de la Modernité » 347.

Sony Labou Tansi procède ici à un calcul rapide, mais savant. En effet, suppose-t-il certainement que si l’espace et le temps dans son roman, participent de la même représentation de la violence, autant en faire une représentation sombre et pessimiste du monde en général et de l’Afrique en particulier. Quitte à trahir l’horizon d’attente du lecteur classique et son penchant naturel pour « le beau livre » 348. En revanche, il récupère une littérarité fondée sur les doutes et déroutes, les réactions et interactions que l’œuvre du romancier congolais suscite chez le Lector in fabula, non à partir du pourquoi, mais du « comment s’actualisent les intentions […] de l’énonciation. » 349 Par conséquent, pour sombre et violente qu’elle soit, l’écriture de l’espace-temps, chez Sony Labou Tansi, présente quelques caractéristiques similaires avec les écritures saintes, La genèse notamment. L’inscription de cette dernière renvoie à sa textualisation en tant qu’archétype d’une Afrique en proie à une inexorable descente aux enfers :

‘Nous avons pensé au Jugement dernier à cause du trône de pourpre et de feu qui flottait au beau milieu du ciel, tiré par sept ballons géants. Le trône glissait lentement vers Valencia, roulant quatre étoiles de Nsanga-Norda. Nous cherchâmes le trône d’Abraham et l’étoile de David (…). Puis à cause du cri de la falaise, nous avons pensé que le Fils de la Lumière sortirait de l’océan, entre Baltayonsa et l’île des Solitudes. (…) A la tombée de la nuit, (…) une féerie du tonnerre, mirobolante, suivie d’une incroyable marée humaine [qui] nous fit penser aux enfants de Jacob traversant la mer Rouge.350

Cette « poétique de la dérive [qui] repose pour l’essentiel sur deux traits d’écritures : l’insertion de l’intrigue secondaire (…) et la captation d’intertextes ou de figures empruntées » 351 s’inscrit, en général, dans une dynamique de modernité littéraire. Plus particulièrement, elle procède de « l’élaboration d’une poétique du nouveau roman négro-africain » 352. Cependant, « l’illusion référentielle » 353 biblique créée autour de l’écriture spatio-temporelle des œuvres de Sony Labou Tansi, sonne, simultanément, comme un parti-pris du signifiant au détriment du signifié. Dans la mesure où « les mots, en tant que formes physiques, n’ont aucune relation naturelle avec les référents. […] le signifié s’interpose entre les mots et les référents » 354. Cependant que « le signifiant évoque un signifié et un référent » 355. D'évidence, le traitement de l’espace-temps biblique dans le roman français moderne et dans la littérature négro-africaine, porte les empreintes de Georges Bernanos356, de François Mauriac357 et de Léopold Sédar Senghor358, à travers respectivement, les images359 de culte du dimanche, les grandes paraboles bibliques et la « négrification » du Paradis chrétien. Mais, pour Sony Labou Tansi, seule semble importuner la possibilité d’un langage qui reprend le champ lexical de l’espace-temps biblique dont il corrompt le sens par la mise en apposition d’un champ lexical du pathos : « Les sept solitudes » 360, « au lieu de la police, au lieu des anges du Jugement dernier » 361, « Le commencement des douleurs » 362, « la douleur promise » 363 ou « (…) le ciel viendra recoudre la terre. Tout sera poussière d’or et d’argent. » 364 Ce travail de composition littéraire et langagière, à partir d’un espace-temps biblique, renverse tout sens apostolique, en l’occurrence le message de « La Bonne Nouvelle », par le biais des figures de signifiant prolepse, antithétique ou métaphorique. Ces dernières, plus qu’elles ne disent ou écrivent, esthétisent la violence, dans leur capacité d’incarner une fresque et/ou un cadre susceptibles de surdéterminer le pessimisme des mots et l’assombrissement de l’univers « sonyen » dantesque. Cependant, un désir inavouable d’immortalité et de déification, semblable à celui qui transparaît dans Les contemplations de Victor Hugo, explique sans doute les soubassements mythique, mystique et religieux consacrés à l’écriture spatio-temporelle dans l’œuvre romanesque de Sony Labou Tansi. En effet, s’il œuvre « pour le statut sémiologique » 365 de ses romans, c’est davantage leur pérennité devant le temps qui passe366 qui détermine, chez l’auteur congolais, les modes d’énonciations de l’espace-temps. Par conséquent, la modernité littéraire que recouvrent ces derniers, se retrouve dans celle que Sabine Hillen définit. Elle écrit notamment que « la modernité [littéraire] ne décrit plus la vie comme un événement rempli d’événements ; elle dévoile un processus conceptuel qui agit à l’intérieur de l’histoire. » 367

En somme, la dualité espace-temps, à travers son traitement littéraire opéré par Rachid Boudjedra et par Sony Labou Tansi, participe d’une écriture qui rompt avec une tradition littéraire. Cette dernière envisageait les champs, spatial et temporel, uniquement dans une perspective parallèle, sans possibilité de les entrecroiser. En voulant les confondre et les exposer respectivement sous un angle esthétique et dans une dynamique langagière, nos romanciers s’inscrivent dans un courant créatif, rénovateur et moderne des littératures francophones d'Afrique. Ce que nous avons appelé « la mort des oppositions spatiales » participe également de la même démarche.

Notes
307.

L'univers du roman , op. cit., p. 129.

308.

Mitterand Henri, Le regard et le signe, Paris, PUF, 1967, pour qui l'espace est une donnée fondamentale de la littérarité. Pour lui, le critique littéraire doit toujours « examiner, pour un lieu donné, quelles caractéristiques le roman lui prête en étendue, en volume, en lumière, en usage et surtout, peut-être, comment il découpe le territoire assigné aux personnages, ordonne leurs places, leurs points de vue, leurs mouvements, leurs actes. », p. 140.

309.

Bachelard Gaston, Poétique de l’espace, Paris, PUF, 1957.

310.

Thérond Emmanuel, « Tradition et modernité dans Miette de Pierre Bergounioux et Timimoun de Rachid Boudjedra » in Algérie Littaire/Action n° 49-50, Paris, Éditions Marsa, mars-avril 2001, p. 217.

311.

Crouzières-Ingenthron Armelle, « À la recherche de la mémoire et du moi : le mûrier ou l'autoportrait selon Rachid Boudjedra », in Rachid Boudjedra. Une poétique de la subversion. Autobiographie et Histoire, op. cit., p. 137.

312.

L’insolation, op. cit., p. 9.

313.

Les 1001 années de la nostalgie, op. cit., p. 9.

314.

Nous faisons ici, évidemment, allusion claire à la verve épique et combattante contenue dans l’œuvre de Charles Péguy. L’absence d’influence, du moins au niveau du souffle, de l’écriture de Charles Péguy dans celle de Rachid Boudjedra, pourrait se justifier, au-delà des convenances personnelles de l’auteur algérien, par le fait que le premier « s’opposa aussi au modernisme de son époque ». C’est l’avis commun de Béguin Michelle, Biet Christian, Gengembre Gérard, Goldzink Jean et Kaddour Hédi, Anthologie. Textes et parcours en France et en Europe, Paris,Éditions Belin, 2000, p. 486.

315.

Gontard Marc, « Les nuits de Strasbourg » ou l’érotique des langues », in Bonn Charles, Rédouane Najib et Bénayoun- Szmidt Yvette (sous la direction de), Algérie : les nouvelles écritures, Paris, L'Harmattan, Coll. « Études littéraires maghrébines », N° 15, 2001, p. 219.

316.

Djebar Assia, L’Amour, la fantasia, Paris, Albin Michel, 1985, p. 240.

317.

Beaujour Michel, Miroirs d'encre, Paris, Le Seuil, 1980, p. 126.

L'analyse de ce critique, bien qu'adressée aux Essais de Montaigne, résume globalement le processus d'écriture de Rachid Boudjedra. Il écrit notamment : « Aussi assistons-nous (...) à la découverte et à la mise en scène (foregrounding) d'une mémoire immanente au texte. La mémoire intratextuelle (est) faite d'autoréférence, d'ajouts et de commentaires, (elle se réfère à ce qui précède dans l'écriture. C'est, au contraire, une invention qui se produit en cours d'élaboration du livre, et se réfère à son espace interne (...). La mémoire intratextuelle produit donc ses lieux propres. Engendrant à son tour une mimésis inédite, celle du sujet de l'énonciation en tant qu'inventeur d'un nouveau type de livre, cette mémoire produit un dedans (...) et métaphoriquement, la subjectivité du sujet qui écrit, à partir d'un dehors (...). La production d'un texte qui se réfère à lui-même dans l'imitation des mécanismes de la mémoire involontaire, et de l'invention libre au sens moderne, a pour conséquence une amnésie (...) ».

318.

Crouzières-Ingenthon Armelle, « Rencontre avec Rachid Boudjedra », in Journal of Maghrebi Studies, vol. 1, n° 2, 1993, p. 55.

319.

Mahfoudh Ahmed, « Mélancolie, désordre de la mémoire et nouvel ordre du récit dans Timimoun de Rachid Boudjedra » in IBLA, Tome 59, 1996, pp. 271-284.

320.

Mouralis Bernard, Littérature et développement, Paris, Éditions Silex/AOCT,1984, p. 129.

321.

Derive jean, « Littérature comparée et littérature d'Afrique », in CHAM, n° 1988.

322.

Il convient de souligner ce que nous pensons procéder d’un « parallélisme géométrique » : dès le premier roman de Rachid Boudjedra, La répudiation en l’occurrence, apparaît un personnage qui ressemble étrangement à Marcel Proust. C’est Heimatlos, ami et amant de Zahir, le frère du narrateur, « juif et homosexuel » pour reprendre les termes de Jeanne Bem.

323.

Proust Marcel, A la recherche du temps perdu, Paris, Éditions Gallimard, 1927.

324.

Kristeva Julia, Le temps sensible, Proust et l’expérience littéraire, Paris, Éditions Gallimard, 1994, p. 178.

325.

Bem Jeanne, « Le juif et l’homosexuel dans A la recherche du temps perdu », in Littérature, N° 37, p. 100.

326.

Bensmaïa Réda, Alger, ou la maladie de la mémoire, l’année des passages, Paris, L’Harmattan, 1997.

327.

Vircondelet Alain et Stora Benjamin, Là-bas : Souvenirs d’une Algérie perdue, Paris, Éditions du Chêne, 1996.

328.

Ricœur Paul, Temps et récit III, Paris, Le Seuil, 1985, p. 266 quand il écrit que l'Histoire ne retient les destins individuels que si ces derniers ont un retentissement dans une histoire commune. L'Histoire, écrit Paul Ricœur, « réinscrit le récit dans le temps de l'univers ».

329.

Derrida Jacques, Rencontres de Rabat : Idiomes, nationalités, déconstructions, Casablanca, Éditions Toubkal, 1998.

330.

Derrida Jacques, Spectre de Marx, Paris, Galilée, 1993, p.60.

331.

Esthétique et théorie du roman, op. cit., p. 237.

332.

Rachid Boudjedra écrit notamment que « la littérature est un jeu qui consiste à mettre de l'ordre dans le désordre et le contraire aussi », « La macération », in Le Figaro du 23 août 1985, p. 22.

333.

Derrida Jacques, Spectres de Marx, Paris, Galilée, 1993, p.60.

334.

Boudjedra Rachid, La vie à l’endroit, Paris, Éditions Grasset, 1997.

335.

Barthes Roland, Sade, Fourier, Loyola, Paris, Le Seuil, 1971, p. 12.

336.

Shoshana Felman ne dit pas autre chose quand elle écrit : « Lire des romans, c'est déjà, du même coup, délirer », in La folie et la chose littéraire, Paris, Le Seuil, 1978, p. 125.

337.

Lawson-Ananissoh Laté E., Le roman « nouveau » en Afrique Francophone. Henri Lopes, Sony Labou Tansi : éléments d'une poétique, Villeneuve d'Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, 1999, p. 155.

338.

Beti Mongo, Perpétue l’habitude du malheur, Paris, Éditions Buchet-Chastel, 1974.

339.

Les sept solitudes de Lorsa Lopez, op. cit., p. 32.

340.

Tansi Sony Labou, L'acte de respirer, suivi de 930 mots dans un aquarium (poésie), in Martin-Granel Nicolas et Rodriguez-Antoniotti Greta (Édition établie par), L'atelier de Sony Labou Tansi, Paris, Éditions Revue Noire, 2005, p. 54.

341.

Garnier Xavier, « Labou Tansi, Sony. - L'Atelier de Sony Labou Tansi. Édition établie par Nicolas Martin-Granel et Greta Rodriguez-Antoniotti. Vol. I. Correspondance ; Vol. II. L'Acte de respirer, suivi de 930 mots dans un aquarium (poésie) ; vol. III. Machin la hernie (roman) », in Cahiers d'études africaines, 182, 2006, [En ligne], mis en ligne le 05 juillet 2006. URL : http://etudesafricaines.revues.org/index6003.html . Consulté le 28 décembre 2007.

342.

Ibid.

343.

Ibid.

344.

Ricardou Jean, Problèmes du nouveau roman, Paris, Le Seuil, 1967, p. 20.

345.

Figures III, op. cit.

346.

Calle-Gruber Mireille, « Les arbres dans la littérature. Nouveau roman et réflexivité de la critique de la représentation à une poétique du méta », in Littérature, modernité et réflexivité, op. cit., p. 180.

347.

Ibid., p. 180.

348.

Lejeune Philippe, Signes de vie. Le pacte autobiographique 2, Paris, Le Seuil, 2005, p. 241.

349.

Eco Umberto, Lector in fabula. Le rôle du lecteur ou la coopération interprétative dans les textes narratifs [1979], Paris, Grasset, 1985, p. 82.

350.

Les sept solitudes de Lorsa Lopez, op. cit., pp. 57-58.

351.

Bergé-Joonekindt Aline, « Sujets fous, mondes flottants. Poétique de la dérive chez François Bon », in Blanckeman Bruno, Mura-Brunel Aline et Dambre Marc (sous la direction de), Le roman français au tournant du XXI ème siècle, Paris, Presses Sorbonne Nouvelle, 2004, p. 389.

352.

Aoummis Hassan, Contribution à l’élaboration d’une poétique du roman négro-africain d’écriture française : le cas de Sony Labou Tansi, C.I.E.F, Paris-Sorbonne, Thèse de 3ème cycle, 1994.

353.

Riffaterre Michael, « L’illusion référentielle », in Barthes Roland, Hamon Philippe, Riffaterre Michael, Bersani Leo et Watt Ian (sous la direction de), Littérature et réalité,Paris, Le Seuil, 1982, p. 91.

354.

Ibid., p. 93.

355.

Fromilhague Catherine et Sancier Anne, Introduction à l’analyse stylistique, Paris, Bordas, 1991, p. 61.

356.

Bernanos Georges, Les grands cimetières sous la lune, Paris,Éditions Plon, 1938.

357.

Mauriac François, Le baiser au lépreux, Paris, Éditions Grasset, 1922.

358.

Senghor Léopold Sédar, Hosties noires in Œuvre poétique, Paris, Le Seuil, 1964.

359.

Petit Jacques, « Images et structures dans Les grands cimetières sous la lune » in Études bernanosiennes, n° 13, 1972.

360.

Les sept solitudes de Lorsa Lopez, op. cit.

361.

Ibid., p. 59.

362.

Le commencement des douleurs, op. cit.

363.

Ibid., p. 123.

364.

Ibid., p. 107.

365.

Hamon Philippe, « Pour un statut sémiologique du personnage », in Genette Gérard et Todorov Tzvetan (sous la direction de), Poétique du récit, Paris, Le Seuil, « Points », 1988.

366.

Agacinski Sylviane, Le passeur de temps, modernité et nostalgie, Paris, Le Seuil, 2000, pp. 19-35.

367.

Hillen Sabine, « Remarques mêlées sur Les Champs d’honneur de Jean Rouaud et Vies minuscules de Pierre Michon », in Le roman français au tournant du XXIème siècle, op. cit., p. 137.