2.4. Texte du corps et corps du texte : L’enfermement

Selon Charles Bonn, l’œuvre romanesque de Rachid Boudjedra participe sans doute de « la dénonciation la plus directe de la situation de la femme qu’ait connue jusqu’ici la littérature romanesque algérienne » 484. La question de la situation de la femme maghrébine reste une épine dorsale dans les rapports Maghreb-Occident, en ce sens que la critique de ce dernier qui procède d’un regard extérieur, parfois biaisé, rencontre le réflexe réactionnaire du premier. Dès lors, Les 1001 années de la nostalgie, qui n’est pas certes le roman le plus féministe du romancier algérien485, peut présenter une vision de la femme plus en phase avec la réalité. Même si y demeure une subjectivité dans la mesure où c'est, avant tout, une œuvre de fiction. Par conséquent, dans les romans de Rachid Boudjedra, cette « dénonciation (...) directe de la situation de la femme »,s'opère selon ce que Marc Gontard appelle le « moi-ichtyosaure » 486 de cette dernière. C'est-à-dire évoquer ce qui, fondamentalement, marque la différence entre homme et femme. Ce qui constitue un territoire de mystère et d’énigme, sujet de célébration à la manière d’un James Joyce487 et de bacchanales, mais aussi de ségrégation et d’ostracisme primaires. Il s’agit évidemment du corps, notamment de celui de la femme maghrébine dont Jean Déjeux pense qu’il est l’instrument par excellence du langage, en ce sens qu’« une idée vivante ne peut être dite que par quelqu’un de vivant, et donc quelqu’un qui a un corps » 488.

Également, Jamel-Eddine Bencheikh489, dans une analyse des Mille et une nuits, plus précisément de l'héroïne,Shéhérazade, dont la narratrice de La pluie de Rachid Boudjedra apparaît comme une identification et un prolongement, montre comment cette œuvre, au-delà des enjeux de culture et de civilisation qu’elle cristallise, participe d’une prise de pouvoir et d’une libération de la femme par la parole et le langage. Malika Mokeddem, dans un célèbre slogan, circonscrit ce que Julia Kristeva appelle « la révolution du langage » 490 par rapport à la problématique de l’enfermement, de la domination et de toute forme de violence exercée sur ses concitoyennes : « Eux, ils ont des mitraillettes, nous, on a des mots » 491.

Dans l’œuvre romanesque de Rachid Boudjedra, le corps est omniprésent à tous les niveaux d’énonciation du récit par le biais d’un champ lexical complet (tête, bras, fesses, jambes, seins, pénis, vagin...) et par une insistance du discours sur l’anatomie de la femme. Ce qui provoque, comme conséquence esthétique, une certaine invasion de l’espace d’énonciation du corps sur les autres espaces narratifs. En effet, tout se passe, dans Les 1001 années de la nostalgie, comme si les rapports entre les protagonistes restaient exclusivement régis par une dimension physique et charnelle. C’est sans doute une persistance du motif de séduction originellement inscrit dans le texte fondateur des Mille et une nuits duquel s’inspire le roman de Rachid Boudjedra. Cependant, au-delà du désir d’ancrer sa modernité dans ce que Charles Bonn désigne comme « une affirmation du local » 492, la surdétermination de la représentation physique et corporelle, dans son aspect charnel et sexuel, moins affectif ou sensuel que mécanique et dépressif, révèle un malaise dans le langage que l’écriture du corps tente de dénouer. Ce dernier devient dès lors l’unique manière d’aller vers l’autre, de communiquer et surtout de faire remonter en surface une sorte de conscience douloureuse inscrite en continu dans le roman.

Plus que le corps dans sa totalité, c’est principalement du sexe que Rachid Boudjedra traite dans son dessein de montrer l’enfermement dont les femmes sont victimes. Le romancier algérien adhère, sans doute, à la théorie de Michel Foucault selon laquelle la sexualité est un champ de bataille, un espace de négociation entre pouvoiret domination. D’une certaine manière, c’est parce que les femmes, dans le premier roman de Rachid Boudjedra, La répudiation en l’occurrence, avaient cédé du terrain dans l’espace de la sexualité (la léthargie, l’absence d’initiative sexuelle, la soumission, l’attente du mâle et la passivité caractérisent leur sexualité dans cette œuvre) qu’elles ont perdu, par la même occasion, l’usage du langage symbolisé par le goitre de la mère, abandonnant ainsi leur droit à la parole, bref leur droit d’exister. Ce constat nous semble d’autant plus vrai que la libération du discours féminin, dans l’œuvre de Rachid Boudjedra, s’accompagne d’une certaine affirmation et d’un certain pouvoir sexuel que cristallise le personnage de Messaouda dans Les 1001 années de la nostalgie :

‘Chaque fois qu’elle se fâchait, elle claquait les bretelles de son gigantesque soutien-gorge dont le bruit faisait s’envoler tous les oiseaux de la place et d’ailleurs.
À chaque attentat, le Gouverneur arrêtait une centaine d’otages qu’il gardait sous la main... Le soir même une gigantesque rafle fut organisée et la population entière fut arrêtée. C’est à ce moment que Messaouda exaspérée (...) mit son plus solide soutien-gorge, s’habilla très élégamment (...). Le soir même les otages furent libérés.493

Ce qu'il est significatif de noter dans la deuxième citation, c’est l’étonnant retournement de sens symbolique qu’opère Rachid Boudjedra par rapport à la perception de l’image de la femme dans un Maghreb très imprégné de sa culture laïque et religieuse. En effet, le cloisonnement et la limitation de l’espace vital de la femme remonterait à Ève qui mit l’humanité en danger pour avoir pris trop de liberté dans les jardins du Paradis, si l’on en croit Jamel-Eddine Bencheikh494. C’est pour éviter que de tels excès ne se reproduisent, c’est-à-dire pour empêcher qu’à nouveau « le sexe féminin menace l’ordre public » 495, que la femme est soumise au silence et à l’obéissance. Qu’elle reste emmurée à l’intérieur des maisons et des harems. Que fait Rachid Boudjedra du subconscient et de l’imagerie culturels et religieux du Maghreb ? Il les balaie d’un revers de la main, non sans un certain savoir-faire littéraire. Avec Messaouda, c’est la femme qui libère l’homme et qui incarne un idéal d’humanisme, de liberté et de justice. La modernité d’une telle conception réside dans la capacité de retournement d’une image très arrêtée et très péjorative de la femme en une situation valorisante, inscrite, sans coup férir, dans l’ordre du langage. Sans que « le lecteur entêté », hostile et machiste ne puisse se rendre compte de la subversion qui se déroule sous ses yeux. Subversion à laquelle, d’ailleurs, il collabore d’une certaine manière.

De même, le discours du personnage de Lalla Fatma, dans La vie quotidienne en Algérie, acquiert plus de présence et d’épaisseur narratives à partir du moment où elle parvient à isoler sexuellement son mari. Même si elle est aidée, en cela, par son statut de mère qui change fondamentalement les données du problème. En effet, « c’est la mère, conservatrice et transmetteuse de la Loi, qui est le Véritable pivot de la famille (...) » 496. C’est un avis, également partagé par Camille Lacoste-Dujardin, selon lequel la reconnaissance de la femme au Maghreb ne s’acquiert qu’au prix de l’enfantement497.

L’écriture spatiale de l’enfermement, notamment des femmes, fonctionne dans le roman « boudjedrien », sous le signe d'un « drame de la géométrie intime ». En effet, les personnages féminins, pour se libérer de l’étau carcéral et oppressif de l’espace dans lequel veulent les confiner les pères, les maris et la société, doivent affronter un certain nombre d’espaces hostiles que représentent le lit marital, la chambre conjugale, la maison familiale, la surveillance des frères et le regard épieur de l’extérieur, c’est-à-dire la ville avec sa foule et ses casbahs. C’est là une construction textuelle en forme d’entonnoir qui informe sur l’avenir sombre et les perspectives lointaines d’une chronique non annoncée du changement du statut de la femme maghrébine. Si cette dernière ne se prend pas en main, ne s’inscrit pas dans une dynamique de refus et, finalement, ne conteste pas le monopole du discours masculin. Cette organisation de l’espace textuel des œuvres romanesques de Rachid Boudjedra, révèle également l’économie d’une écriture reposant sur l’effacement progressif des formes « réalistes » de l’énonciation du corps. Comment ne pas voir, par ailleurs, dans cette construction textuelle de l’espace d’enfermement, un modèle du Labyrinthe grec et en toutes les héroïnes romanesques de Rachid Boudjedra, une incarnation de la figure d’Ariane ? Ce qui installe, définitivement, son œuvre dans la dramatisation quasi rituelle de la violence dans tous les espaces d’énonciation.

Ainsi, le traitement du corps dans l’œuvre du romancier algérien, participe moins de la description d’un espace de coercition que de la mise en texte littéraire de ce dernier. Aussi la caractérisation définitive de cette écriture du corps, dans l'œuvre romanesque de Rachid Boudjedra est-elle identique à celle que livre Wafa Bsaïs Ourari, à propos de Le livre du sang d'Abdelkébir Khatibi. En effet, elle écrit :

‘Tel qu'il est mis en scène par la fiction (...), le corps est un espace à lire. Tel un livre, il constitue un texte subjectif sur lequel se condense un système de significations parallèles au système de sens que le texte déploie en tant qu'écriture.498

Peut-on en dire autant du texte romanesque de Sony Labou Tansi ?

La problématique du corps en général et de son enfermement en particulier, dans Les sept solitudes de Lorsa Lopez, Les yeux du volcan et Le commencement des douleurs, reste essentielle. Cela, ne serait-ce qu’au regard de son inscription implicite et non moins métaphorique dans les titres respectifs de ces œuvres romanesques. Ces dernières, comme celle qui les précède, L’état honteux, en l’occurrence, où l’histoire d’un dictateur africain « venu au monde en se tenant la hernie, parti de ce monde toujours en se la tenant » 499, reprennent comme celui d’un ralliement, le cri qui sortait déjà de la bouche de la première héroïne romanesque de Sony Labou Tansi : « Ils m’ont mis là-dedans un corps et demie » 500. La puissance de productivité et d’efficacité, dans le champ de la communication et du langage, découle du fait que « le cri du corps », chez Sony Labou Tansi, associe en permanence signe et sens. C'est le cas, par exemple, de la relation d’un objet matériel (le corps) et d’une opération arithmétique (et demie). Cette addition du corps, donc de la matière, et des mathématiques, annonce sinon une surmultiplication du moins une surdétermination morbides de la représentation du corps dans l'œuvre. Cependant, pour mieux se rendre compte de l’importance de la notion de corps dans cette œuvre, il convient de rappeler que les œuvres romanesques de Sony Labou Tansi abordent, essentiellement, la question de la représentation littéraire du pouvoir tyrannique et de la dictature étatique selon une métaphore de l’ogre, associée à un jeu macabre de carnaval loufoque, fait de bouffonneries, de beuveries et d’orgies qui dégénèrent. L’auteur y décrit un espace d’oppression à travers la vision d’un continent et d’une société où le droit et la justice sont substitués par le règne de la cruauté et de la barbarie. Ces dernières sont traduites par une mise en scène où le langage, suivant le concept de « l’inouïversel » 501, rend compte de la violence quotidienne.

Dès lors, se pose la question de savoir à qui profite l’enfermement sous-jacent à cette écriture violente du corps ? Autrement dit, les femmes en sont-elles, encore et toujours, les victimes expiatoires ? Contre toute attente, Sony Labou Tansi déjoue l’horizon d’attente de son lecteur en créant un motif de subversion basé sur un renversement des valeurs et un inversement des rôles. D’une part, l’homme devient une espèce menacée, un être fragile, bourré de complexes et de mauvaise foi, qui refuse la modernité qu’il associe à une régression « depuis que dans cette ville les femmes s’amusent à devenir des hommes (c’est la faute aux  Blancs ; ils sont venus tout mélanger) » 502. D’autre part, l’image de la femme se transforme. Elle devient la vraie détentrice de pouvoir à travers, notamment, une surdétermination sémantique des luttes féministes à laquelle Sony Labou Tansi réserve un espace d’énonciation concurrentiel à celui du narrateur. En même temps qu’il propulse les personnages féminins au devant de la scène :

‘- Ils m’ont chargé de vous dire, madame, que vous continuerez à être le maire de notre nouvelle capitale. Laissez-moi vous félicitez de tout mon cœur, de tout mon…
- Circulez, monsieur, lui avait répondu Estina Bronzario. Je ne suis pas votre poubelle : née dans l’honneur, je mourrai dans l’honneur.503

Naturellement, serait-on tenté de dire, c’est par le biais de son corps que la femme parle au monde et aborde ainsi l’espace du texte selon une perspective langagière qu’on peut qualifier de moderne, tout au moins de subversif :

‘Hoscar Hana, je vous aime, pleurait la petite Banos Maya. Entendez cela par n’importe quelles oreilles. Voyez cela de n’importe quels yeux. Touchez le creux que cet amour fait à mon âme. Touchez le vertige qui efface ma bouche. Hoscar Hana, c’est pour vous que mon corps a mûri. Amant, mon émotion et ma punition, je vous en prie, parlez ! Moi, baptisée au feu de votre salive, me voici vaincue mais fière. Touchez la femme que mon corps vous apporte. Ne me tuez pas. Ne me tuez plus.504

Nés, alternativement, d’une volonté de fonder une cité heureuse et d’un discours sur l’égalité et la justice, la séduction et le langage505 s’invitent mutuellement en tant que lieu esthétique. Celui-ci fonde une subversion à partir d’une «  géométrie intime », mais surtout d’une géométrie dangereuse. Dans la mesure où le corps féminin, par ses formes, ses courbes, ses rondeurs, ses lignes et ses cavités, constitue pour l’homme une terra incognita que Sarah Kofman appelle « l’énigme » 506. Ce mélange de séduction et de danger que cristallise le corps féminin, fonde un érotisme, moins par surcroît que par consubstantialité507 :

‘Corps majuscule, inscrit au milieu d’une paix nouvelle (…). Les hanches sereines, barbares, puissantes, lâchées comme une armée dans la rigueur intenable d’une complète rondeur. Ventre semé d’un cordon de poils hirsutes qui léchaient le nœud du nombril. Alléando Calero avait toujours donné l’impression d’être une sculpture dans un corps de femme. A cause de l’impétuosité de ses traits. A cause surtout de l’étonnante harmonie qui ceinturait son corps et creusait ses lignes. (…) on l’avait toujours appelée : Calero-Plénitude.508

L’érotisme fait ancrer davantage les romans de Sony Labou Tansi dans la recherche d’un esthétisme moderne. En effet, contrairement à la poésie négro-africaine qui, dès ses débuts, suggérait, dans sa thématique, des relents érotiques comme la fameuse Femme nue, femme noire 509 de Léopold Sédar Senghor, l’érotisme dans le roman négro-africain entend « suivre un projet romanesque déterminé et neuf » 510. Aussi s’inscrit-il dans un formalisme littéraire.

L’image de la femme castratrice, « détentrice du droit de jouissance » 511, qu’on retrouve dans les textes de Rachid Boudjedra que nous avons évoqués et dans d’autres textes de la littérature maghrébine, réapparaît dans l’œuvre de Sony Labou Tansi. En effet, différents personnages féminins, à travers ce que Morten Nojgaard appelle « le jeu sauvage des instincts » 512, y brandissent l’arme du sexe pour mieux museler, voire perdre les personnages masculins. Ainsi en est-il, dans Les sept solitudes de Lorsa Lopez, de la « grève du sexe » que « Fartamio Andra fixa à treize lunes le temps pendant lequel toutes allaient se passer d’ouvrir leurs pagnes à un homme.  »513

Savoir dire non, c’est-à-dire refuser de répondre au dialogue initié par l’autre, et par conséquent empêcher le discours, introduit une idée de confiscation du langage. Ceci, pour les personnages féminins des romans de Sony Labou Tansi, demeure le moyen le plus sûr pour ne pas retourner sous le joug masculin :

‘Les trois mois après la décision des femmes, Estando Douma avait reçu neuf cent treize mille commandes de sa machine à baiser et embauché sept cent quinze travailleurs (...).514

Tout se passe, dans ce roman, comme si l’enfermement procédait d’une fatalité. Cela, si on en juge par le jeu textuel d’opposition systématique entre hommes et femmes. En effet, le besoin des premiers se heurte au refus des secondes. Un peu comme si Sony Labou Tansi, par le biais de sa technique littéraire favorite, consistant à croiser un objet vivant et un objet non vivant, les mots et chiffres, le concret et l’abstrait, entendait montrer, à la suite de Claude Lévi-Strauss, que le couple homme-femme est « une rencontre dramatique » 515. Pour ainsi dire, dans l’œuvre du romancier congolais, l’enfermement du corps, notamment celui de la femme, s’intègre dans une dynamique esthétique d’un espace marqué par la violence. Xavier Garnier en saisit l'approche en ces termes :

‘Sony Labou Tansi reprend des figures traditionnellement négatives de la femme (...) pour les renverser, leur donner une charge positive et en faire les principes d’une Révolution nouvelle.516

En somme, dans la représentation de la violence, Rachid Boudjedra et Sony Labou Tansi élaborent des stratégies narratives qui « dynamisent et dialectisent » 517 l'espace. La modernité qui en découle, se situe, d’abord, autour de la fusion unitaire du temps et de l’espace. Celle-ci est calquée sur le modèle bakhtinien du chronotope. Mais, elle reste également pensée en fonction d’un univers africain qui même travesti, n'en n'est pas moins perceptible. Ensuite, est sifflée, par la conjonction d’une nuance dans le langage et d’une inflation dans le discours romanesque, la fin des oppositions spatiales qui, au même titre qu’une certaine écriture ethnographique, correspond à une recherche balbutiante d'une scénographie spatiale des littératures africaines. La confrontation des particularismes des espaces et la comparaison nostalgique des époques sont moins remises en cause que leur réitération systématique. Une telle Porte étroite ne résiste pas au désir de Rachid Boudjedra et Sony Labou Tansi de rompre le conservatisme qui maintient le roman africain dans la tentation permanente au réalisme et au réfèrent empreints de dolorisme. Quand bien même La violence du texte y agit en tant que métonymie d'un Règne de barbarie. Aussi, pour ne pas signer ce qui constituerait un échec de l'imagination dans un domaine, celui du roman, défini essentiellement en tant qu'espace d'invention, désinvestissent-ils, progressivement, l'horizon d'attente du « roman des origines », au profit d'un non lieu et d'un non espace, paradoxalement lieu et espace à « l'origine du roman » : la fiction, l’imaginaire. L'expression « pure fiction » ne désigne-t-elle pas l'inaltérabilité de ce sans quoi le roman n'est pas ? Avec l'érection d'un ultime espace narratif, en l'occurrence l’espace de l’enfermement, compromis entre « réel » et « fiction » dans un espace médian, conceptualisé selon un texte du corps dont l'agression, les coups et blessures portés sur le genre masculin, le harcèlement moral et sexuel, les agression physiques et morales et la réduction de sa géométrie imposés au sujet féminin, résonnent dans le corps du texte et par conséquent dans le champ du langage. Cependant, reste en suspens la question des limites de l’originalité, surtout par rapport à un sujet aussi problématique que celui de la violence. Autrement dit, ne relève-t-il pas d’un anachronisme que de vouloir, dans une perspective narrative et poétique, associer l’humour à la violence ?

Notes
484.

Le roman algérien de langue française, op. cit., p. 238.

485.

La pluie, op. cit., est le roman, sans doute, le plus féministe de R. Boudjedra, du fait, notamment, de la présence d’une narratrice principale.

486.

Gontard Marc, « Désir et subjectivité dans Ni fleurs ni couronnes de Souad Bahéchar », in Le récit féminin au Maroc, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2005, p. 152 : Un « moi-ichtyosaure » est « un moi dominé par l'instinct et la sensorialité ».

487.

« C'est la femme qui a la beauté du reste c'est connu », Joyce James, Ulysse, Traduit par A. Morel, S. Gilbert, V. Larbaud et l'auteur, Paris, Gallimard, 1948, p. 678.

488.

Déjeux Jean, La littérature féminine de langue française au Maghreb, Paris, Karthala, 1994.

489.

Bencheikh Jamel-Eddine, Les mille et une nuits ou la parole prisonnière, Paris, Gallimard, Bibliothèque des idées, 1988.

490.

Kristeva Julia, La révolution du langage poétique : l'avant-garde à la fin du XIX e siècle. Lautréamont et Mallarmé, Paris, Le Seuil, 1974.

491.

Mokeddem Malika, « Entretien avec Melissa Marcus », in Algérie Littérature/Action, n° 22-23, juin-septembre 1998, pp. 215-226.

492.

Bonn Charles, « L’émergence du roman algérien actuel, entre affirmation du local et modernité citadine délocalisée. », www.limag.com BONN, Charles, et la CICLIM. Littératures du Maghreb. Lyon, CICLIM / Université Lyon 2.

493.

Les 1001 années de la nostalgie, Paris, Denoël, 1979, p. 37 et pp. 309-310.

494.

Bencheikh Jamel-Eddine, « Les contes des mille et une nuits : culture savante et culture de l'imaginaire », in Cahier d'Études Maghrébines, Université de Köln, n° 15, 2001, pp. 63-72.

495.

Ibid., p. 64.

496.

Bendahman Hossaïn, Personnalité maghrébine et fonction paternelle au Maghreb, Paris, Éditions La Pensée Universelle, 1984, p. 81.

497.

Lacoste-Dujardin Camille, Des mères contre des femmes : maternité et patriarcat au Maghreb, Paris, Éditions La Découverte, 1986, p. 85.

498.

Ourari Wafa Bsaïs, « Le corps prétexte, le corps texte et le corps sexe dans l'œuvre de Abdelkébir Khatibi », in Ourari Wafa Bsaïs (textes réunis par), Subjectivité et corps dans les littératures de langue française, Publications de L'Université Paul-Valéry- Montpellier III, 2006, pp. 115-116.

499.

L’état honteux, op. cit., p. 7.

500.

La vie et demie, op. cit., p. 22.

501.

Gauvin Lise, « L'inouïversel,Jean Pierre Verheggen », in L'écrivain francophone à la croisée des langues. Entretiens, Paris, Karthala, 1997, p. 163. Lise Gauvin reprend le néologisme du poète belge.

502.

Les sept solitudes de Lorsa Lopez, op. cit., p. 28.

503.

Ibid., p. 16.

504.

Le commencement des douleurs, op. cit., pp. 70-71.

505.

Chebel Malek, Le livre de la séduction suivi de dix aphorismes sur l’amour, Paris, Éditions Payot, 1988.

506.

Kofman Sarah, L'énigme de la femme : la femme dans les textes de Freud, Paris, Éditions Galilée, 1980.

507.

Khatibi Abdelkébir, La blessure du nom propre, Paris, Denoël, 1974, p.85. Il écrit notamment : « L’homme écrit comme il laboure ; ce geste fonde son érotique. »

508.

Les yeux du volcan, op. cit., p. 110.

509.

Senghor Léopold Sédar, « Femme nue, femme noire », in Chants d'ombres, Paris, Le Seuil, 1945.

Voici le deuxième couplet :

« Femme nue, femme obscure

Fruit mûr à la chair ferme, sombres extases du vin noir, bouche qui fait lyrique ma bouche

Savane aux horizons purs, savane qui frémit aux caresses ferventes du Vent d'Est

Tamtam sculpté, tamtam tendu qui gronde sous les doigts du vainqueur

Ta voix grave de contralto est le chant spirituel de l'Aimée ».

510.

Nouvelles écritures africaines, op. cit., p. 36.

511.

Green André, « Sur la mère phallique », in Revue Française de Psychanalyse, janvier 1968, p. 23.

512.

Nojgaard Morten, « La moralisation de la fable : d'Esope à Romulus », in Adrados Fr. R. (huit exposés préparés par) et Reverdin Olivier (présidés par), La fable , Genève, Éditions Vandœuvres, 1983, p. 226.

513.

Les sept solitudes de Lorsa Lopez, op. cit., p. 43.

514.

Ibid.,p. 44.

515.

Tristes tropiques, op. cit., p. 561.

516.

La magie dans le roman africain, op. cit., p. 157.

517.

Mitterand Henri, « Chronotopes romanesques : Germinal », in Poétique, Numéro 81, Février 1990, p. 89.