Seconde partie : Écritures de violence et postmodernité francophone
Vers des paradigmes de dépassement de la crise ?

Note introductive

La notion de paradigme figure déjà en tant qu'un objet de spéculation dans le champ africain de la recherche comparatiste626. Mais, elle semble renforcer la méfiance à l'égard de l'esthétique et de la théorie postmodernes. En ce sens que ces dernières représentent, pour d'aucuns, au mieux un «  impensé » 627 et, au pire, un «  impensable » 628. Nonobstant, elle procède d’une «  épistémè » 629. Aussi Nicole Fortin déclare-t-elle :

‘Sans doute n'est-ce pas seulement l'effet de quelque mode (...) qui conduit la critique à penser de plus en plus les discours sous la forme unitaire du paradigme. Aujourd'hui, (…) débordant l'explication restreinte du signe, [le paradigme] vient englober tout l'espace des savoirs et des sens, déclinant en des termes nouveaux la cohérence des grands systèmes (…), se désigne formellement comme un lieu de distanciation, d'altérité, de recatégorisation, donc de posture et de travail paradigmatique. Peut-être n'importe-t-il même pas que l'on juge – parfois simultanément d'ailleurs – la postmodernité comme manifestation ou comme éclatement de quelque paradigme possible : par delà les visions paradoxales qui l'entérinent ou le réprouvent tout à la fois, le concept de paradigme ne peut qu'opérer, compte tenu de ce que cette pratique se déploie en soi comme l'interrogation généralisée des systèmes, tour à tour reniés, déviés, dédoublés ou parodiés. Que cette postmodernité soit une construction réelle ou fabulée ne change d'ailleurs rien à ses effets paradigmatiques et, dans un cas comme dans l'autre, le point de vue adopté pose comme valeur la recatégorisation du sens. (…). Par conséquent, il serait sans doute plus rentable de définir cette posture discursive actuelle (…) comme un lieu de mise en jeu de la condition paradigmatique. La postmodernité est, peut-on en poser l'hypothèse, un lieu (esthétique et théorique) d'exhibition et de mise à l'épreuve des grands procès de signification. Elle ne se déploie pas seulement comme mise en scène ou comme mise en accusation des grands et petits discours; plus largement, elle assigne à la barre les modes de signification, confrontant spectaculairement les systèmes paradigmatiques existants ou, encore, le signe avec son référent, l'objet avec son interprétant, le signe unique avec la série qui l'assume.630

En conséquence, l’enjeu contradictoire et complexe de la crise, envisagée comme « paradigme de dépassement », s'enracine, sans doute, dans un débat philosophique. Comme du reste le suggère l'avis selon lequel « e n fait, rien de plus problématique que la notion de « crise ». Car, qui depuis Kant, Hegel ou Max pourrait encore croire qu'il y a une disjonction exclusive entre « crise » et « progrès » ? Toute la philosophie moderne a porté et pensé la crise comme un progrès dans l'Histoire, dans laquelle, du mal on a vu sortir un bien. Penser la crise en adéquation avec le progrès, c'était alors prêter à la contradiction une certaine fécondité » 631. Cependant, un tel diagnostic excède, indubitablement, la sphère de la philosophie et n'exclut pas la littérature. Il semble même suggérer qu'il ne peut avoir lieu en dehors de cette dernière, dès lors qu'on considère que la réponse, à la question : « que peut-on tirer de la crise ? (…) [est qu']« il faut porter en soi un chaos pour donner naissance à une étoile. L'étoile qui se révèle être (…) métaphore » 632. Si la littérature française et les littératures francophones, notamment d'Afrique, qui en sont issues, s'accordent sur le constat d'une crise, les réponses apportées à celle-ci, par l'une et par les autres, divergent. Mieux, elles expliquent, d'une certainement façon, la différence du rapport à la postmodernité littéraire. En effet, la circonspection qui entoure la théorie postmoderne en France se justifie moins par ce qu'il convient d'appeler une « littérature dégagée » que par une double peur. D'une part, celle de perdre l'acquis, « forgé par l'épreuve » 633 et « le courage d'être soi » 634, de l'individuation de l'acte littéraire, substantiellement inscrite, « dans un espace [romanesque] de liberté et de sauvegarde de soi » 635. D'autre part, l'appréhension de « risque[r] sur la voie d'une autre modernité » 636 de sacrifier la création, l'inventivité et l'expérimentation esthétiques, sur l'autel d'un retour du discours sur la morale, l'ordre, l'identité et/ou la patrie, synonymes d'exigüité d'une littérature nationale. C'est ce qui justifie que, sans doute, malgré l'analyse concordante des critiques et des théoriciens637, naguère positionnés, sur l'échiquier littéraire et universitaire français, à des niveaux différents et parfois opposés, à propos de La montée de l'insignifiance 638 dont les excès du formalisme incarnent un visage, qu'il soit davantage question d'une crise conceptuelle639 que d'un changement de paradigme où agiraient Les écrivains contre l'écriture 640 formaliste.

S'agissant des littératures africaines francophones, même si elle a bien prospéré, la tentation formaliste dont l'influence reste, certes, moins absolue qu'elle n'a été dans l'espace littéraire français, ne vaut pas dénonciation du « contrat social ». Celui-ci « constitue le schéma premier dans lequel le romancier inscrit son attitude originale en face de sa propre inspiration, et dont découle le système général de la fiction » 641. En conséquence, loin d'indiquer des réminiscences nostalgiques (par exemple le faste littéraire que constitue la période de la Négritude) que démente, à l'évidence, « l'extrême-contemporain » 642 des enjeux thématiques et esthétiques ici engagés (ainsi que nous le verrons dans les différents chapitres qui vont suivre), le basculement sémantique observé, après la rupture formaliste, incombe directement aux écrivains. Dès lors, c'est sous le signe De l'hospitalité 643 en ce qu'elle désigne, à la fois, une tension et une intention poétiques644, que ces derniers, dont Rachid Boudjedra et Sony Labou Tansi, interrogent la postmodernité littéraire. Celle-ci pose le diagnostic selon lequel :

‘La crise qui commence dans le camp des formalistes montrera en effaçant « les extrêmes »[moins] toute l'impuissance théorique du formalisme [que], et même, bien plus, elle peut rendre leur travail (…) plus rationnel et plus utile grâce à l'analyse (…) des faits littéraires (…). Il faut tirer parti de cette crise, non que nous soyons partisans des empoignades – encore que souvent elles n'ont pas lieu sans profit – mais afin de purifier la méthode morphologique de toute déformation et en vue de l'adapter le mieux possible aux besoins de notre temps.645

Autrement dit, elle propose un dépassement de la crise. Celui-ci, suivant ce que Natacha Michel définit comme une « seconde modernité » 646, postule un concept de « crises créatrices ». Il s'illustre, dans l'approche pratique du texte romanesque, par le biais de la mise en évidence de paradigmes narratifs dits «  salutaires » 647.

Le premier paradigme narratif « salutaire », « crise du style, crise du sujet », émet l'hypothèse d'une scénographie postmoderne dont l'émergence progressive se nourrirait de la crise qui affecte le style et le sujet dans le roman francophone. Cette scénographie répondrait à la question de savoir : « comment le texte littéraire est-il construit et quels procédés en font un texte littéraire » 648 qui commercerait avec trois catégories narratives « turbulentes » 649 de la postmodernité ? D’abord, avec un réalisme, implicitement raillé et littéralement bafoué dans la narration, du fait que s’installe une « distance ironique » 650 inscrite dans son rapport à l'écriture de violence. Ensuite avec une logique d' « écritures du discontinu » 651, stratégie narrative «  oblique » où la mise en scène, elle-même charcutée, donc violentée, prend acte de la réflexivité de la narration de la violence qui, désormais, diffuse une «  intranquillité » 652 dans la linéarité. Enfin avec une réception comme lieu d'une tension radicale dès lors que poétisation et théâtralisation s'imposent en tant que scènes expressément exhibées de la représentation d'une poétique de violence.

Le deuxième paradigme narratif « salutaire », « crise du corps, crise de l'être », interroge l'écriture de la maladie. Notamment celle du sida en tant que exemplum virtitus, dès lors que la crise/Krisis peut abriter, d'abord, ce que nous appelons, en s'inspirant de Gilles Deleuze, une esthétique Critique et clinique 653. C’est-à-dire lieu à partir duquel la poétique de la maladie convoque une terminologie médicale. Celle-ci contient un vocabulaire scientifique, un principe d'énonciation fondée, soit sur un rythme sous haute tension, soit sur une récurrente digression comme signe d'accalmie. Elle accueille des scénographies hospitalières qui imitent le modèle narratif de la chronique pour rendre compte de la condition affreuse de la maladie, comme pour en saisir la portée endémique et inexorable (le même mot, « chronique », ne caractérise-t-il pas une maladie inguérissable ?). De même, elle est inscrite dans un espace énonciatif de la maladie affecté d'un dérèglement attesté par, entre autres, un développement anarchique et arbitraire de la ponctuation. De sorte que, paradoxalement, l’écriture de la maladie réunit des potentialités thématiques, imaginatives, narratives et esthétiques qui informent, en fin de compte, de la bonne santé de son langage. Ensuite, ce dernier, chargé de révéler la singularité du roman africain francophone qui traite de la maladie, réfléchit sur une thérapie narrative. Celle-ci est rendueféconde par l'occurrence d'un éidos textuel similaire à ce qu’Henri Meschonnic appelle « forme-sens ». Lequel désigne « l'œuvre comme double articulation, jeu de deux principes constructifs, (…), système et créativité, objet et sujet, forme-sens, forme-histoire » 654. Ce qui fait coïncider, dans un même lieu habité par l'angoisse et l'instabilité, des procédés et autres techniques narratifs avec la vulnérabilité et la fragilité telles qu'elles procèdent des thèmes relatifs au sujet malade. Enfin, en déplaçant sa stratégie narrative vers une expression « oblique », c’est-à-dire indirecte, de la souffrance, dont les sens émergent à partir des signifiants que représentent les motifs textuels du secret, du silence et de la rumeur, l'écriture romanesque de la maladie s'inscrit dans une dynamique langagière s'apparentant au « pharmakon », notamment quand ce dernier est le synonyme de «  remède » 655?

Le troisième paradigme narratif «  salutaire » aborde ce que nous appelons « crise d'un genre, crise d’une époque » par le prisme d’une relance du fantastique. Les caractéristiques contemporaines et postmodernes de ce dernier s’articulent, au début, autour d'une « architexture » dont on suppose que les différents éléments, hétérogènes et instables, abusent de l’hospitalité quasi totalisante de la diégèse. Laquelle s'évertue à fédérer différentes sources et influences narratives. Cependant qu’elle opère une mise en abîme de la crise, lieu thématique et formel où la réflexivité occasionne une descente aux enfers qui, ici, signifie introspection, mais aussi interrogation sur la littérature. À cette démarche-ci, le fantastique postmoderne africain et francophone adjoint une suivante qui porte sur une problématique identitaire. L’imaginaire débridé d’un tel espace d’énonciation, ainsi que les procédés de défiguration, d’hybridation et d’ « ensauvagement » de ses figures narratives, augurent d’un ancrage diégétique. En effet, ce qui importe, c’est ce qui se décline sous le nom d'« identité narrative ». Une troisième et dernière articulation entend appréhender la redoutable question de la « sommation » de l'Histoire. Elle s’effectue moins par la mise en fiction des méta-récits et/ou des figures mythiques et/ou historiques, que par un modèle de « coopération littéraire » qui verrait le principe de réalité rattraper par l'influence de personnages fictifs et l'impact de situations véritablement romanesques656. Aussi, parée d'atours fantastiques,la figure féminine, par le biais d'une déclinaison du « roman familial », que Charles Bonn appelle, par ailleurs, « l'espace maternel »,cristallise-t-elle ce par quoi l'énonciation de l'intime, sous forme de micros récits, travaille une difficile et non moins factuelle condition humaine et historique. Par conséquent, le fantastique postmoderne enclenche un processus de ce qu'il convient d'appeler « historicité littéraire », d'avis que :

‘Pour produire l'Histoire, il ne suffit pas de décrire les faits, il faut les recréer. Or, le récit [fantastique postmoderne] possède, pour qui sait en utiliser toutes les virtualités, un pouvoir de signification du réel infiniment supérieur à celui du discours d'une description réaliste.657

En somme, la notion de « crises créatrices » et/ou « salutaires » embrasse les trois paradigmes narratifs que représentent la « crise du style, crise du sujet », la « crise du corps, crise de l'être » et la « crise d'un genre, crise d'une époque », caractéristiques non exhaustives d'une écriture postmoderne de la violence. Cette dynamique scripturaire, dont l'économie et l'inclination narratives consistent à sortir d’un ordre rigide de la pratique littéraire, procède d'un projet poétique contemporain qui, positivement, entend relancer le roman africain francophone. Ce qui suppose que ce dernier, puisque « écrire, c’est bondir hors du rang des meurtriers » 658 , excède, encore et toujours, les grands ordres et systèmes collectifs, intra et/ou « extra textuels » 659, souvent et malgré eux, attentatoires à l’expressivité, libre et entière, de la subjectivité. Aussi est-il sous entendu, et même défendu660, qu’un autre rapport, différent de celui avec la modernité, unit la subjectivité à la postmodernité littéraires. En effet, si pour Marc Chénetier, la modernité littéraire coïncide avec « un temps où la subjectivité se fit principe (...) prenant le haut du pavé » 661, pour Marc Gontard, le « glissement vers une problématique plus personnelle du moi » 662 correspond à l'avènement de la postmodernité dans la littérature maghrébine. De même, dans une analyse postmoderne du roman négro-africain, un critique littéraire camerounais va jusqu'à déclarer : « Et bien que l'Africain ne soit pas au centre du postmodernisme, on peut se demander si ce dernier n'a pas été un postmoderniste avant la lettre. » 663 Seulement, Ambroise Kom, en défendant ainsi l’idée d’un postmodernisme africain, fait peu de cas de l’écrivain et de son monde intérieur. Ce qui constitue un lapsus d’autant plus manifeste que la majuscule, employée pour le substantif « Africain », trahit la persistance d’une réception critique appréhendant, avant tout autre critère, la littérature africaine à l’aune de son rapport à la communauté. Or, son insertion dans la postmodernité, après celle dans la modernité littéraire, implique un déplacement, de l'origine vers l'originalité, de son « aura ». En ce que celui-ci advient moins à travers une représentation du groupe que dans l'affirmation d'une personnalité et d'une liberté affectant les notions d'auteur, de roman et de fiction664.

Ainsi, pour étayer l'argumentation d'une écriture postmoderne de la violence, dans les romans de Rachid Boudjedra et de Sony Labou Tansi, nous insistons, dans les trois chapitres annoncés ci-dessus, sur un déploiement contemporain de la subjectivité, consécutive à une prise en compte de l'ampleur du rapport individué de la pratique littéraire.

Notes
626.

Tcheho Isaac-Célestin, Les paradigmes de l'écriture de l'écriture dans dix œuvres romanesques maghrébines de langue française des années soixante-dix et quatre-vingt, Thèse de doctorat, sous la direction de Charles Bonn, Université Paris 13, U.F.R. des Lettres, des Sciences de l'Homme et des Sociétés, Formation Doctorale, Études Littéraires et Francophones Comparées, février 1999, p. 7 : « Étymologiquement, ce mot, d'emploi savant, dérive à la fois du latin « paradigma » et du grec « paradeigma » dont le sens est proche de : exemple, échantillon. D'après le Petit Robert (1973), l'on désigne par paradigme l'élément-type, c'est-à-dire celui qui est susceptible d'être retenu comme le module et le modèle de ce dont on parle. »

627.

Dessons Gérard, « Penser l'art après l'esthétique », in Meschonnic Henri et Hasumi Shiguehiko (sous la direction de), La modernité après le post-moderne, Paris, Éditions Maisonneuve et Larose, 2002, p. 111 : « Le fondement de l'esthétique (...) postmoderne, est un impensé de l'esthétique (...). »

628.

Milot Pierre, Pourquoi je n'écris pas d'essais postmodernes, Montréal, Liber, 1994, p. 91 : « (...le concept de postmodernité ne fait pas consensus, pas plus dans sa définition concurrentielle (...) que dans ses conditions de possibilité : pour les uns, il faut le ressituer dans une historicité bien limitée, pour les autres, c'est précisément cette opération qui demeure impensable. » Cité par Couturier Yves et Carrier Sébastien, « Le postmoderne, tache aveugle de la postmodernité ? Ou l'énonciation épistémique d'un méta-discours performatif libéral », in Esprit critique, Automne 2003, vol. 05, n° 04, article consulté sur internet : http://www.espritcritique.fr

629.

Les mots et les choses. Une archéologie des sciences humaines, op. cit., p. 13.

630.

Fortin Nicole, « La condition paradigmatique de la critique : le cas québécois », in Tangence, Numéro 51, mai 1996, pp. 8-9. Version numérique : http://id.erudit.org/iderudit/025902ar

631.

Alpozzo Marc, « Diagnostic d'une crise », in Le Magazine des Livres, n° 5, juil.-août 2007, p. 64.

632.

Mattéi Jean-François, « Penser la crise », conférence donnée à l'occasion de la 6ème édition des « Rencontres de Sophie », Nantes, fév. 2006, cité par Caboche Pauline, « La crise. Une conférence dédiée à la crise moderne. », in http://www.fragil.org/focus/293

633.

Martuccelli Danilo, Forgé par l'épreuve. L'individu dans la France contemporaine, Paris, Armand Colin, 2006.

634.

Tillich Paul, « La naissance de l'individualisme moderne et le courage d'être soi », in Le courage d'être, trad. par Lemay Jean-Pierre, Paris – Genève – Sainte-Foy, Éditions du Cerf – Labor et Fides, 1999.

635.

Blanckeman Bruno, Les fictions singulières, étude sur le roman français contemporain, Paris, Prétexte Éditeur, 2002, p. 146.

636.

Beck Ulrich, La société du risque. Sur la voie d'une autre modernité, Paris, Aubier, coll. « Alto », 1986, [Réédition Flammarion, coll. « Champs », 2001].

637.

N'est sans doute pas une coïncidence si Jean Bessière, Qu'est-il arrivé aux écrivains français ? D'Alain Robbe-Grillet à Jonathan Littell, Loverval, Labor, coll. « Liberté j'écris ton nom », 2006; Dominique Maingueneau, Contre Saint Proust ou la fin de la littérature, Paris, Éditions Belin, 2006, p. 148, qui regrette « les fonctions perdues de la littérature »; Antoine Compagnon, La littérature pour quoi faire ?, Paris, Éditions Collège de France / Fayard, 2007; Tzvetan Todorov, La littérature en péril, Paris, Flammarion, coll. « Café Voltaire », 2007, p. 88, pour qui, « « On assassine » la littérature [...] non pas en étudiant aussi à l'école des textes « non littéraires », mais en faisant des œuvres les simples illustrations d'une vision formaliste, ou nihiliste, ou solipsiste de la littérature »,désignent, tous, les excès du formalisme comme cause d'une certaine régression du roman.

638.

Castoriadis Cornelius, La montée de l'insignifiance, Paris, Le Seuil, 1996, pp. 19-20 : « La culture contemporaine devient, de plus en plus, un mélange d'imposture « moderniste » et de muséisme. (…) le « modernisme » est devenu une vieillerie cultivée pour elle-même(...), objet de savoir muséique et de curiosités (…) régulées par les modes ».

639.

Rivière Jacques, « La crise du concept de littérature », in Nouvelle Revue Française, février 1924, pp. 159-168; Léonard Albert, La crise du concept de littérature en France au vingtième siècle, Paris, José Corti, 1974.

640.

Nunez Laurent, Les écrivains contre l'écriture, Paris, José Corti, 2006.

641.

Roman des origines et origines du roman, op. cit., p. 212.

642.

Chaillou Michel, « L'extrême contemporain, journal d'une idée », in Po&sie, n° 41, L'extrême contemporain, Paris, Éditions Belin, 1987, pp. 5-6 : « L'extrême-contemporain ? Le présent interrogé, saisi aux ouïes, tiré hors de la nasse. Comment ? La procédure du comment, du pourquoi pas, celle des naufragés de l'heure. (…) L'extrême-contemporain ? Ce qui est si contemporain, si avec vous dans le même temps que vous ne pouvez vous en distinguer (…) ».

643.

Derrida Jacques, De l'hospitalité, Paris, Calmann-Lévi, 1997, p. 85 : « Car ce qui ne me quitte pas ainsi, la langue, c'est aussi, en réalité , en nécessité , (...)ce qui ne cesse de se départir de moi. La langue ne va qu'à partir de moi. Elle est aussi ce dont je pars, me pare, et me sépare. Ce qui se sépare de moi en partant de moi. »

644.

Michaud Ginette, « « Un acte d'hospitalité ne peut être que poétique ». Seuils et délimitations de l'hospitalité derridienne », in (textes réunis par) Gauvin Lise, L'Hérault Pierre et Montandon Alain, Le dire de l'hospitalité, Clermont-Ferrand, Presses Universitaires de Blaise Pascal, coll. « Littératures », pp. 33-60.

645.

Polianski V., « À propos d'Eikhenbaum », in Conio Gérard (traduction, commentaires et préface de), Le formalisme et le futurisme russes devant le marxisme [1924], Paris, Éditions L'Âge D'Homme, coll. « Classiques Slaves », 1975, p. 69

646.

Michel Natacha, L'écrivain pensif, Paris, Verdier, 1998. Elle opère une division entre « écrivain-artiste » (moderne, moderniste, formaliste) et « écrivain pensif », lequel s'inscrirait dans un courant postmoderne qu'elle préfère appeler « seconde modernité ».

647.

Michel Natacha, in Henric Jacques (interview par), « Natacha Michel, le roman essentiel », Art press, n°236, juin 1998. Elle déclare : « Que la littérature de ce siècle, en particulier le roman dont la mort proclamée a été salutaire, ait connu des crises salutaires, nous lègue une injonction (...). Injonction de hardiesse et d'innovation; injonction de grandeur et non pas de petitesse. Injonction que la crise a eu lieu et ne nous laisse pas intacte.» Interview en ligne sur le site : http://www.editions-verdier.fr/v3/oeuvre-ecrivainpensif.html.#top

648.

Zima Pierre V., Critique littéraire et esthétique. Les fondements esthétiques des théories de la littérature, Paris, L'Harmattan, 1999, p. 56.

649.

Gontard Marc, Le roman français postmoderne. Une écriture turbulente, [en ligne], Archive ouverte en Sciences de l'Homme et de la Société, <URL: http://halshs.ccsd.cnrs.fr/docs/00/02/96/66/PDF

650.

Ibid., p. 64.

651.

Ibid., p. 75.

652.

La littérature africaine francophone fait partie intégrante de ce que Gauvin Lise, « Écriture, surconscience et plurilinguisme : une poétique de l'errance », in Albert Christiane (sous la direction de), Francophonie et identités culturelles, Paris, Karthala, 1999, pp. 13-29, appelle « les littératures de l'intranquillité » en ce que « la pratique langagière de l'écrivain francophone [qui] est fondamentalement une pratique du soupçon », p. 17. Elle reprend ce concept à Pessoa Fernando, Le livre de l'intranquillité, trad. par François Laye, Paris, Éditions Ch. Bourgeois, 1988.

653.

Deleuze Gilles, Critique et clinique, Paris, Éditions de Minuit, 1993.

654.

Meschonnic Henri, « Pour la poétique », in Langue française, n° 1, vol. 3, 1969, p. 31. Fait suite à cet article, Pour la poétique I, Paris, Gallimard, 1970, p. 62 où il parle « d'unité de vision et de diction, objet et sujet, forme-sens ». Nous savons, bien sûr, que H. Meschonnic réfute les arguments esthétiques de la postmodernité. Nous lions ce qu'il appelle « forme-sens » avec la recherche, des écrivains postmodernes, d'un point de rencontre entre des formes narratives instables et des sujets vulnérables.

655.

Derrida Jacques, « La pharmacie de Platon », in La dissémination, Paris, Le Seuil, 1972, pp. 296-297.

656.

Girard René, Mensonge romantique et vérité romanesque, Paris, Grasset, 1961.

657.

Bonn Charles, « Histoire et production mythique dans Nedjma », in Nedjma, Kateb Yacine, URL : http://www.fabula.org/colloques/document1227.php

658.

Kafka Franz, Journal, 27 janvier 1922, [1945], trad. par Marthe Robert, Paris, Grasset, 1954, p. 540.

659.

Lotman Youri, La structure du texte artistique, trad. du russe par Anne Fournier, Bernard Kreise, Ève Malleret et Joëlle Yong, (sous la direction de) Henri Meschonnic, Paris, Gallimard, 1973, p. 89-90 : « Les liaisons extra-textuelles d'une œuvre peuvent être décrites comme le rapport de l'ensemble des éléments fixés dans le texte à l'ensemble des éléments à partir duquel fut réalisé le choix de l'élément utilisé donné ».

660.

Cascardi Anthony J., « Les possibilités du postmodernisme », in Subjectivité et modernité, [Cambridge University Press, 1992], trad. de l'américain par Philippe de Brabanter, Paris, Presses Universitaires de France, 1995, p. 351 : « Si le problème de la modernité consistait à assurer l'unité (...) de sujets fondamentalement arrachés à la totalité, alors il appartient au postmodernisme de fournir la possibilité du changement là où, en tant que sujets, nous sommes à l'avance impliqués par et inscrits dans des totalités. »

661.

Chénetier Marc, « Est-il nécessaire d' « expliquer le postmodern(ism)e aux enfants ? », in Études littéraires, Volume 27, Numéro 1, 1994, p. 12.

662.

Gontard Marc, « Avant-propos. L'étrangeté de l'être », in Le moi étrange. Littérature marocaine de langue française, Paris, L'Harmattan, 1993, p. 8.

663.

Kom Ambroise, « Culture africaine et enjeux du postmodernisme », in LittéRéalité, Volume 9, Numéro 2, 1997, p. 38.

664.

Benjamin Walter, L’œuvre d’art à l’époque de la reproductibilité technique, in Œuvres III, Paris, Éditions Folio-Gallimard, 2000, p. 302 : « Un aspect de la crise de la peinture [littérature] est qu'à une époque où l'œuvre d'art prétend s'adresser aux masses, elle ne peut pas s'offrir à une réception collective simultanée. »