II.2.2.2.3 Les mouvements de succession de l'économie institutionnelle et évolutionnaire

Les années quarante du 20e siècle ont apporté non seulement la renaissance, mais aussi le renforcement des idées d’origine du darwinisme grâce aux découvertes nouvelles de la génétique et de la biologie moléculaire. Le néo-darwinisme, c’est-à-dire la synthèse de la théorie de l’évolution de Darwin et des lois génétiques de Mendel est né. Le retour des éléments biologiques dans les sciences sociales ne s’est pas fait attendre trop longtemps. Cela malgré le fait que la deuxième guerre mondiale a attiré, comme chaque conflit, l’attention sur d’autres priorités de recherche (la recherche dans l’armement et dans la médecine exclue) et qu’il y a eu un abus des idées de Darwin sous la forme du darwinisme social pendant ce conflit. Bien que les idées du darwinisme puissent provoquer l’aversion totale pour toutes autres tentatives d’application « des lois naturelles » dans les sciences sociales (il y a eu par exemple l’écart de l’écologie sociale, probablement pour les raisons indiquées, dans les attitudes théoriques des études de la géographie de la ville), par exemple Alchian a utilisé certaines métaphores biologiques dans son ouvrage de 1950 « Uncertainity, Evolution and Economic Theory ». De manière semblable, Friedman, Penrose ou Boulding ont publié des travaux relevant de ce courant : Boulding a considéré l’économie comme une partie de l’écosystème (Hodgson, 1998), Penrose était reconnu pour sa critique d’Alchian (1950) écrite en 1952, Schumpeter a développé ses idées (Hodgson, 1998). Encore à la fin des années trente du 20e siècle, en 1937, Coase a publié son article « The Nature of the Firm » où il propose de chercher l’inspiration pour la compréhension de l’influence mutuelle des frais de transaction et des institutions dans la biologie. Ce texte a relancé l’intérêt pour l’économie institutionnelle, sous le terme « New Institutional Economics » (la nouvelle économie institutionnelle) (Hodgson, 2002) dont l’auteur est Williamson.

Palermo (1999) définit la nouvelle économie institutionnelle comme « an attempt to analyze economic institutions by means of neoclassical methodological tools ». D’après Mlčoch (1996), il faut discerner trois branches. La première branche, dirigée par Williamson peut être thématiquement caractérisée comme une synthèse de l’économie, des droits et de la théorie des organisations et il s’agit de « l’économie institutionnelle des frais de transaction ». Le courant représenté par North peut être compris comme une seconde branche – il a examiné le rôle des institutions au cours du temps. La troisième orientation importante est la tendance dérivée de Coase – la question des institutions de droit et des droits de la propriété.

Dans les années quatre-vingt du 20e siècle, « evolutionary economics » (l’économie évolutionnaire) a renoué avec les idées de Veblen. L’objectif de ce courant était d’accentuer le changement dynamique comme le contraste avec le concept d’équilibre de la théorie néoclassique. Boulding, Nelson et Winter sont considérés comme ses représentants principaux et Nelson et Winter peuvent être compris comme un stimulant pour lancer ce mouvement (Nelson, 1996, Boschma, Frenken, 2002).

Pour Foster et Metcalfe (2001), le début de l’économie évolutionnaire moderne était la parution du livre de Boulding « Evolutionary Economics » en 1981. Une année plus tard, Nelson et Wilson ont publié « An Evolutionary Theory of Economic Change » où ils ont formulé les fondements de la nouvelle théorie du développement économique (Hodgson, 1998). Ils ont frayé, à l’aide du modèle évolutionnaire théorique, un passage pour le développement de l’économie évolutionnaire en tant qu’adversaire potentiel et de force égale de la théorie économique traditionnelle qui impose le concept d’équilibre. Cet ouvrage est très souvent cité par les auteurs qui travaillent sur les applications de la biologie. Actuellement, leur classement du point de vue évolutionnaire est discuté – eux-mêmes désignent leur théorie comme lamarckienne, même si elle devrait être comprise comme darwiniste (Hodgson, 1998). Cette discussion n’a cependant pas d’impact négatif pour les autres aspects. Même si d’autres modèles théoriques ont été publiés, celui de Nelson et Winter reste le plus important.