II.2.2.3.1 Progression de la pensée évolutive

Ce chapitre tente de décrire les contours principaux de la progression de la pensée géographique, inspirée par la biologie évolutionnaire. Le rapport entre ces deux disciplines est discuté dans la littérature beaucoup moins que dans le cas de l’économie et de la biologie évolutionnaire. Néanmoins, même ici il est possible de trouver les traits de leur influence mutuelle. Stoddart (1966) prétend que de nombreux ouvrages géographiques de 100 derniers ans se sont inspirés de façon explicite ou implicite de la biologie, et non seulement sous la forme du darwinisme. Campbell et Livingstone (1983) sont convaincus que de la part de la biologie évolutionnaire, c’était notamment la doctrine du néolamarckisme qui a davantage intéressée les géographes. De l’autre côté, beaucoup de biologistes se sont également interéssés à la recherche géographique, essentiellement au moment de la naissance de la théorie de l’évolution. Il s’agit par exemple de Hooker, Wallace, Huxley, Bates et même Darwin (Stoddart, 1966).

L’intensité de l’influence de la biologie évolutionnaire sur la géographie n’était cependant pas constante dans toutes les étapes. Semblablement comme en économie (voir le chapitre précédent), les idées des sciences naturelles se sont manifestées le plus dans la première période du développement de la géographie moderne, c’est-à-dire dans la seconde moitié du 19e siècle quand la théorie de l’évolution était en train d’être formulée. La question de l’évolution était tout simplement le sujet actuel de toute la société à l’époque et elle a été largement discutée.

Probablement en relation avec la séparation continue de la géographie humaine et physique, cette influence a décliné et les courants créés plus tard suivent moins cette doctrine. Il semble que la géographie économique évolutionnaire représente une certaine renaissance. Elle considère la théorie de l’évolution explicitement comme un courant potentiellement convenable aussi pour les sciences sociales.

Le tournant du 19e et du 20e siècle est désigné comme les débuts de la géographie moderne et il y a des auteurs qui lient ces débuts à la biologie évolutionnaire. Selon Peet (1985) c’est justement la biologie évolutionnaire qui était la principale discipline scientifique de cette époque et la géographie lui a emprunté beaucoup d’approches méthodiques. Stoddart (1966) présume que la biologie évolutionnaire a même rendu possible le développement de la géographie comme la discipline scientifique de valeur.

Dans cette période, deux principaux courants se sont manifestés dans la géographie, le déterminisme environnemental et le concept régional (possibilisme). Les déterministes environnemantaux ont examiné l’influence de l’environnement sur la société. Le possibilisme était orienté vers l’identification et la description des caractéristiques régionales avec le but de la synthèse régionale. En comparaison avec le déterminisme, l’environnement est compris comme déterministe du point de vue de certaines limitations, néanmoins la société y peut répondre de façon différente et l’homme ainsi devient un facteur géographique (Cloke et al., 1991). Dans les deux cas, il y a des traces de l’influence directe de la biologie évolutionnaire (voir la description plus détaillée dans la version tchèque).

Des courants qui suivent se sont inspirés de la biologie évolutionnaire moins ce qui est peut-être lié au fait que la biologie évolutionnaire n’a pas apporté des impulsions aussi fortes qui puissent avoir des implications également pour les sciences sociales après la découverte de Darwin. Pour la géographie, l’influence forte est venue de la sociologie où certain concepts biologiques, surtout de l’écologie, ont été appliqués: il s’agit notamment de la sociologie de la ville – école de Chicago.

Dans les années 50 et 60 du 20e sciécle; la géographie a cherché l’inspiration plutôt dans la géométrie que dans la biologie ce qui peut être interprété comme une réaction possible à la défaite du déterminisme environnemental. Néanmoins un désintérêt a, dans une certaine mesure, été observé non seulement en géographie mais aussi dans les autres disciplines, entre autres en économie (la seconde période de l’obscurité de l’économie institutionnelle dans les années 1955 – 1974, voir le chapitre précédent). Il est cependant possible de trouver certaines idées proches à l’approche évolutionnaire aussi dans cette période, à savoir dans la géographie du comportement (behavioural geography) (Boschma, Lambooy, 1999). Elle s’occupe de la compréhension de l’espace et de la résolution des individus dans la société moderne dans le contexte de leur environnement. Une référence explicite est évidente également dans le soi-disant group GREMI (Groupe de Recherche Européen sur les Milieux Innovateurs): ils ont utilisé des approches alternatives, y compris une approche écologique-économique qui accentue des rapports mutuels entre les écosystèmes et la société humaine (Boschma, Lambooy, 1999).

Parmi des auteurs contemporains il est possible de dépister des liaisons explicites aux concepts de la biologie évolutionnaire dans la géographie économique à orientation évolutionnaire (evolutionary economic geography) concentrée à l’Université à Utrecht. Les auteurs de ce courant néanmoins ne cherchent pas de l’inspiration directement dans la biologie évolutionnaire. Ils profitent des applications économiques existantes des concepts de la biologie évolutionnaire, notamment de l’économie évolutionnaire. Ils appliquent des concepts théoriques, des modèles et conclusions empiriques au niveau territorial. L’objectif d’intérêt de ce nouveau courant géographique sont les déterminants spatiaux et économiques et des modifications issues des innovations. La recherche concentre le comportement des entreprises dans le contexte des diverses routines qui sont spatiallement conditionnées. Parmi des auteurs de la géographie économique à orientation évolutionnaire peuvent être classées, entre autres, R. Boschma, R. A. Lambooy, K. Frenken, G. A. van der Knaap nebo A. Weterings.