II.3 Application des concepts sélectionnés de la biologie évolutionnaire à la problématique du développement régional / de l’aménagement du territoire

Cette partie tente d’accomplir le but de la thèse, qui est relativement ambitieux, à savoir d’identifier et d’appliquer les concepts de la biologie évolutionnaire qui n’étaient pas jusqu’à présent utilisés pour la problématique du développement régional, éventuellement d’élargir les applications des concepts déjà utilisés et des aspects biologiques négligés ou au moins non-accentués. Il découle des chapitres précédents que surtout dans les travaux économiques, il est possible de trouver relativement assez d’applications de certains concepts de la biologie évolutionnaire. Vu cette perspective, il ne s’agit donc pas d’une action fortement nouvelle. Pour la problématique du développement régional, la majorité de ces applications est transmise par la littérature économique, de ce point de vue il est donc possible de voir une certaine originalité de la thèse qui puise l’inspiration directement de la biologie évolutionnaire. En même temps, cette attitude est nouvelle aussi dans le sens que tandis que dans la littérature économique ou géographique ou dans la littérature du développement régional l’appui pour un problème de la discipline respective est cherché dans la biologie évolutionnaire, dans cette thèse, le procédé est opposé, cela signifie du côté de la biologie évolutionnaire. Sur la base des études de la littérature de la biologie évolutionnaire, les concepts sont identifiés, ceux qui peuvent être au moins en partie utiles aussi pour l’explanation de certains sujets du développement régional, ce qui est suivi par des exemples de telles applications. Il est possible de comprendre cette attitude comme une tentative de la formation d’un germe d’un certain « catalogue » des concepts potentiellement utiles dans le cadre des ensembles de la biologie évolutionnaire.

Même si la biologie évolutionnaire représente une source très large et riche de l’inspiration, dans la thèse il n’y a pas un grand nombre de concepts nouvellement utilisés. Beaucoup de concepts de la biologie évolutionnaire sont très étroitement liés parce qu’ils expliquent des thèmes entrelacés ou des aspects plus larges de l’un des thèmes. Du point de vue des applications potentielles ils ne sont ainsi dans certains cas suffisamment isolés ou n’expliquent que des caractéristiques très partiales. En plus, des sujets de ces concepts ne sont pas dans tous les cas transmissibles dans la réalité socioéconomique. Les problèmes mentionnés pourraient être surmontés dans une large mesure grâce au développement des applications plus détaillé et plus profond pour la problématique du développement régional, néanmoins vu l’espace et la structure de la thèse, la majorité des concepts utilisés sont développés de manière relativement briève. Seulement l’explication du cadre biologique, la description de la façon de l’application et l’application de tous les concepts à un cas réel exigent un espace non-négligable. Cette attitude mène forcément à un caractère elliptique et seulement à une esquisse dans ses grandes lignes de toutes les applications envisagées. Comme un exemple de l’effort d’une attitude plus profonde peut être compris le chapitre II.3.4 où les concepts de la spéciation et des mécanismes d’isolement reproductif sont plus développées. L’application socioéconomique est aussi plus profonde.

La question concomitante, tout au début, était la possibilité de classifier des concepts appliqués. Les concepts ici mentionnés représentent en principe une catégorie spécifique de l’une des classifications éventuelles car il était possible de trouver pour eux certaines applications, au contraire les concepts qui se sont montrés pour la problématique du développement régional comme inexploitables au moins pour l’instant, n’y sont pas inclus. Le système de classification de ces concepts peut être pourtant basé sur l’approche méthodologique décrite au-dessus, c’est-à-dire sur la possibilité de profiter des analogies ou des métaphores pour les applications. D’autres éventualités sont la classification des concepts selon le fait s’ils ont été déjà utilisés dans le développement régional ou dans l’économie ou s’ils sont nouveaux pour cette problématique, ou la classification selon l’échelle de l’application la plus propice. Toutes les catégories sont mentionnées dans le texte ou dans le tableau de résumé à la fin de chaque chapitre, néanmoins elles ne représentent pas le cadre de classification le plus important. Vu le fait que beaucoup de concepts de la biologie évolutionnaire et d’ensembles thématiques sont si étroitement entrelacés qu’il est nécessaire de profiter aussi d’autres concepts pour pouvoir les expliquer, c’était la classification biologique qui a été finalement choisie comme une attitude de base. Le premier pas était de s’orienter dans les concepts de la biologie évolutionnaire pour lesquelles nous avons cherché des applications. Les concepts individuels sont liés dans les quatre ensembles thématiques biologiques plus larges. Cette approche nous a permis d’éviter ou au moins dans une certaine mesure de limiter les répétitions au cours des explications du cadre biologique et en même temps de fournir un cadre d’interprétation plus large qui peut probablement rendre davantage accessible le texte biologique aux lecteurs qui sont instruits plus dans les sciences sociales que naturelles.

Ces quatre ensembles thématiques plus larges – l’adaptation, la coévolution, la sélection et la spéciation – représentent quatre chapitres indépendants de cette partie. C’est une place propice de mentionner que ces ensembles thématiques plus larges ne sont pas eux-mêmes compris comme des concepts individuels mais qu’ils plutôt encadrent et permettent mieux expliquer la position des concepts partiels qui sont dans un ou dans l’autre ensemble inclus. Ceux trois premiers d’entre eux ne sont rien de nouveau dans les sciences sociales, surtout dans l’économie, néanmoins ce n’est plus vrai quant aux concepts qui sont analysés dans leur cadre. Ces chapitres renouent avec le texte précédent où l’utilisation existante de ces concepts dans l’économie, la géographie et le développement régional était discutée au moins dans les grandes lignes. C’est aussi la raison pour laquelle les références à la littérature existante apparaissent dans cette partie seulement dans la mesure limitée. Il est donc nécessaire de voir les deux parties dans contexte mutuel. La sélection limitée des quatre ensembles thématiques a mené à la situation où il manque certains autres concepts dans le texte qui peuvent être considérés comme utiles, où plutôt leur potentiel pour l’application aux sciences socioéconomiques était déjà partiellement vérifié en économie. Les réplicateurs, un thème très large et compliqué non seulement en biologie mais d’autant plus dans les systèmes sociaux représente un tel exemple. En considérant ces raisons en relation avec l’étendue et la structure de la thèse, il n’était pas possible d’inclure un autre sujet aussi large.

Chaque ensemble étudié et les concepts y inclus sont d’abord brièvement présentés de la manière qu’ils sont compris en biologie. Il n’y a pas assez d’espace pour les explications plus détaillées, le texte devrait servir surtout pour rendre accessible des idées principales et de la compréhension des liens principaux qui peuvent être pour quelqu’un qui n’a pas fait des études biologiques difficilement accessibles. Le but des explications biologiques présentées n’était pas d’intervenir dans les débats biologiques ou d’évaluer des courants d’idées individuels, c’est la raison pour laquelle des opinions des approches alternatives n’étaient pas, pour la plupart, pris en considération. L’objectif était de trouver l’inspiration et d’offrir l’information sur les concepts biologiques sous la forme la plus simple qui puisse traduire le regard actuel de la biologie évolutionnaire sur les sujets étudiés. Pour les informations plus détaillés il faut se tourner vers la littérature biologique pertinente, par exemple Flegr (2005, 1998), Rosypal et al. (2003), Zrzavý et al. (2004), Dawkins (2002, 1998), Ridley (1999) ou Wilson (2000) qui représentent une source principale pour l’explication du fond des concepts biologiques.

Le pas suivant est la tentative de l’application d’un concept biologique propice aux certains des sujets du développement régional et simultanément aussi la tentative d’appuyer des thèses présentées sur des exemples sélectionnés. Ces exemples sont souvent issus des études de cas bien connus, des situations moins connues (au moins en République tchèque) sont pourtant aussi décrites, à savoir en relation avec le séjour d’étude de l’auteur dans le Laboratoire d’Économie des Transports – Institut des Sciences de l’Homme à l’Université Lumière à Lyon, déjà mentionné, il s’agit surtout des exemples du milieu français.

Certaines limites de l’approche décrite sont évidents. Au premier rang, il s’agit d’un caractère elliptique déjà mentionné de certaines idées et réflexions car pratiquement tous les quatre ensembles thématiques auraient pu être développés au moins dans un travail du même volume. La façon choisie de la classification des concepts et la distribution suivante dans les chapitres selon la logique biologique mène à la situation où les applications socioéconomiques suivent cet ordre. Dans certains cas, des sujets du développement régional qui sont mutuellement liés sont donc divisés dans les sous-chapitres individuels ; dans les autres situations, certaines constatations (malgré les efforts de les éviter) peuvent se répéter car elles sont issues des divers concepts de la biologie évolutionnaire. De la même manière, aussi des exemples servant de l’illustration sont divisés car dans certains cas leurs aspects illustrent bien davantage de concepts biologiques, donc ils apparaissent à travers plus de chapitres (cela correspond surtout à l’exemple du développement industriel de la région Rhône-Alpes). Quant à ces exemples il faut ajouter que des concepts discutés s’intéressent surtout au développement économique des régions. Cela ne signifie pourtant pas que les autres aspects qui sont en relation avec cette problématique ne sont pas mentionnés (ils sont le sujet majoritaire par exemple dans le chapitre dernier). Ces exemples répondent pourtant en principe à l’orientation des trajectoires du développement régional qui sont à l’origine souvent issues des théories économiques.

Malgré tous ces points faibles, il est probablement possible d’exprimer l’espoir que l’attitude choisie envers la problématique étudiée peut être non seulement justifiable mais aussi utile et peut enrichir des approches existantes envers les études du développement régional.