II.3.1.1.2 La compréhension de l’adaptation dans la problématique du développement régional

L’adaptation est un concept relativement souvent employé dans les sciences sociales ce qui était esquissé dans le bref résumé des concepts de la biologie évolutionnaire utilisés dans l’économie et dans le développement régional. L’un des sujets principaux des travaux où l’adaptation est discutée, est l’effort de comprendre la façon par laquelle les acteurs, les institutions, les régions ou les autres unités socioéconomiques s’adaptent aux changements de l’environnement. Il est possible de marquer comme un trait commun de ces travaux le rôle actif de l’adaptation, dans le sens de l’accommodation active et consciente des ces unités socioéconomiques aux changements et influences de l’environnement. Justement la conception active et consciente de l’adapation la distingue fortement de la conception biologique et peut être aussi l’une des causes de l’allure plus haute de l’évolution socioéconomique par rapport à la biologique (voir aussi Hampl, 1998).

Hampl (1998) parle dans ce contexte de la soi-disante contre-action offensive et l’adaptation accentuée envers la détermination de l’environnement, ou plutôt envers l’organisation des macrosystèmes. Cela ne se montre pratiquement pas dans le cas des systèmes biologiques où n’existent que des interactions du type adaptatif (dans le sens de l’adaptation passive). Dans le cas de la réalité naturelle, il s’agit ainsi de la détermination d’en haut, c’est-à-dire de l’ensemble vers les éléments, en d’autres mots donc en principe de l’obtention de l’adaptation par les changements de l’environnement. Dans le cas des systèmes sociales, la détermination d’en haut se manifeste aussi, a savoir dans l’environnement compris dans le sens des macrostructures complexes, c’est-à-dire dans l’ensemble des institutions et d’autres organisations socioéconomiques. Simultanément il faut percevoir aussi l’effet d’en bas, c’est-à-dire l’effet des acteurs sur les autres acteurs qui représentent en principe leur milieu le plus proche et en même temps dans la mesure plus limitée aussi sur leur milieu plus large44. En gros, avec beaucoup de types transitoires, il est possible de classifier des rapports : l’acteur – l’acteur, l’acteur – la pluralité des acteurs, la pluralité des acteurs – l’environnement, et cela sur la base de la classification de Hampl (1998) : le rapport égal de type l’élément – l’élément et les rapports inégaux l’élément – l’environnement et le microsystème – le macrosystème.

La conscience plus forte de l’adaptation socioéconomique ne peut pas néanmoins être interprétée comme si elle permet de prédire les résultats des tendances évolutives d’une façon vraiment crédible, et cela notamment dans l’horizon de longue durée. Divers acteurs peuvent s’efforcer plus, ou moins intensivement d’un changement des caractéristiques plus ou moins propices du point de vu du développement futur pour qu’ils puissent trouver une manière juste de « l’adaptation » à l’organisation nouvelle de l’environnement. Ils ne peuvent être cependant jamais certains que justement leur chemin sera couronné de succès. De ce point de vue, la situation dans le monde socioéconomique s’approche de la réalité biologique. La conscience de l’existence d’un problème ne signifie simultanément pas la connaissance d’une solution optimale, et cela non seulement au cours du choix de cette solution – même si de la perspective de courte durée cette solution peut se manifester comme avantageuse – mais aussi quelque temps après avoir effectué ce choix. L’ignorance des conditions futures forcent des acteurs de se décider sur la base de l’état actuel et donc en principe supposer que cet état va durer. Elle les mène au fond au soi-disant comportement myope (pour l’application du concept « myopia » voir par exemple Maskell, Malmberg, 2007). Cette incertitude peut être probablement résolue seulement de manière rétroactive et l’échelle du temps après laquelle il est possible d’évaluer l’opportunité ou l’inopportunité du choix, est vraisemblablement influencée par le niveau des rapports en connexion avec la classification mentionnée plus haut. Probablement la fréquence des possibilités proposées est aussi liée avec cette problématique, ainsi que l’étendue des sphères qui sont influencées par cette adaptation (en relation avec la coévolution – voir le chapitre I.3.2 dans la version tchèque).

Le niveau le plus simple des rapports sur la base de la classification expliquée plus haut est la catégorie l’acteur – l’acteur. Un exemple bien connu qui peut être traduit comme un cas de l’adaptation sur ce niveau est la description de la lutte concurrentielle pour la solution téchnologique des magnétoscopes, ou plutôt des vidéocassettes entre les entreprises JVC et Sony. L’attention est d’habitude concentrée sur l’évaluation du fait si la technologie gagnante VHS était pire que la technologie concurrentielle – le Betamax ou il est discuté quel pas concret était décisif pour la victoire. Dans ce cas, le but est de manifester surtout deux caractéristiques mentionnées, et cela l’adaptation active et consciente – dans le sens de la lutte concurrentielle active et consciente, et en même temps le résultat de cette lutte tout à fait imprévue, à savoir l’ignorance de la solution optimale.

Exemple 1 : La lutte concurrentielle consciente, cependant avec le résultat imprévu (un exemple des interactions de type l’acteur – l’acteur)
Exemple 1 : La lutte concurrentielle consciente, cependant avec le résultat imprévu (un exemple des interactions de type l’acteur – l’acteur)

L’adaptation active et consciente consiste à ce niveau dans le fait que les deux acteurs étaient conscients non seulement de l’existence d’une certaine lutte concurrentielle mais aussi du domaine pertinent. Ils ont eu une sphère des solutions relativement étroite vu les manières de l’adaptations même s’ils n’ont pas pu se douter du choix juste. La variante sélectionnée de l’adaptation n’a pas provoqué des changements plus larges dans les autres domaines, en principe ces changements concernent seulement la technologie et le marché (même si de cet angle, l’évolution a été fermée à clé pour une longue période). En plus, il s’est montré relativement tôt – dans l’horizon court, quelle variante choisie des deux concurrents était ou n’était pas propice.

L’exemple suivant décrit des rapports au niveau l’acteur – la pluralité des acteurs mais il concerne partiellement aussi la catégorie des relations la pluralité des acteurs – l’environnement. Le processus de la globalisation lié entre autres à la compétition croissante – globale – représente la tendance actuelle de l’évolution de l’environnement socioéconomique. Les entreprises qui peuvent être comprises comme l’un des sujets clés du développement régional y réagissent par diverses manières en fonction de beaucoup de facteurs, entre autres en fonction de la branche économique, des actifs, de la stratégie de la conduite, des expériences précédentes etc. Autant que dans le cas précédent, ces acteurs sont conscients des changements existants de l’environnement et de la nécessité d’y réagir, à la différence du cas préalable il est cependant beaucoup moins clair auxquels des aspects de la globalisation il faut réagir avant tout et surtout quelle stratégie prendre, cela signifie par exemple s’il faut chercher un autre segment du marché ou de passer dans un autre pays où la production sera moins chère ou de choisir une autre voie.

L’une des réactions possibles à la globalisation du marché est une délocalisation dans les pays où les frais de production plus bas sont garantis. L’un des articles de dépense de beaucoup d’entreprises sont les frais de main d’œuvre (dans les pays développés, ces frais sont liés aux acquis sociaux comme la durée du travail de 35 heures par semaine, les congés payés de 5 semaines ou plus, les syndicats relativement fort etc.). Les sociétés ainsi affrontent non seulement la compétition croissante au marché global mais souvent aussi la pression de leur salariés sur la croissance de salaires ce qui se projette dans la hausse des frais. La possibilité de déplacer l’atelier de production dans les pays moins chers signifie des avantages potentiels mais aussi des risques et en plus une autre catégorie de frais, c’est la raison pour laquelle il peut être utile de réévaluer les plans de la délocalisation (même si le résultat est au préalable naturellement aussi incertain).

Exemple 2 : L’adaptation au marché globalisant et la recherche d’une stratégie appropriée (un exemple des interactions de type l’acteur – la pluralité des acteurs, avec l’implication aussi pour le niveau la pluralité des acteurs – l’environnement)
Exemple 2 : L’adaptation au marché globalisant et la recherche d’une stratégie appropriée (un exemple des interactions de type l’acteur – la pluralité des acteurs, avec l’implication aussi pour le niveau la pluralité des acteurs – l’environnement)

Le changement de l’environnement socioéconomique sur lequel la société était obligée de réagir par l’entremise de la pression des deux groupes des acteurs (les salariés et la compétition) était si fort que les adaptations effectuées ont influencé aussi d’autres sphères de l’environnement. Le changement législatif représente la catégorie plus haute des rapports, de type la pluralité des acteurs – l’environnement, dans le sens de l’environnement législatif auquel les firmes doivent se conformer premièrement45. Cet environnement plus large n’était influencé que par le nombre plus important des entreprises délocalisantes.

Vu l’étendue et la complexité des changements socioéconomiques liées à la globalisation, il existe probablement à ce niveau des interactions un spectre plus large des solutions possibles. La pertinence de ces solutions va se montrer néanmoins plus tard – plutôt dans l’horizon à moyen ou à long terme. Les acteurs ont en principe choisi la solution conservatrice – de rester dans la localité d’origine et d’y effectuer des modifications. Il est impossible d’exclure que cette solution cause des problèmes dorénavant car ils peuvent être défavorisés en comparaison avec les autres firmes ou les régions.

Quant au niveau des interactions la pluralité des acteurs – l’environnement, en principe c’est probablement n’importe quelle spécialisation industrielle des régions qui le concerne. Il est possible de la considérer pour un type des interactions plus complexes où le groupe des acteurs va progressivement influencer dans une certaine mesure l’environnement plus large – un réseau institutionnel, par les manières de management, le système d’instruction, y inclus des connaissances et des habiletés dans cette branche, développées et transmises entre des générations.

L’adaptation de ce niveau de la complexité est de tel étendue qu’elle prédétermine dans beaucoup de sphères partiellement le spectre des solutions possibles et par certaine manière, au moins dans une certaine mesure, détermine leur évolution suivante. Dans le cas d’un changement défavorable de l’environnement, elle peut avoir des conséquences beaucoup plus importantes car elle a touché davantage de sphères. L’effort d’anticiper des changements est dans la réalité socioéconomique évident pratiquement à tous le niveaux (à commencer les plans stratégiques des villes et par les stratégies des branches industrielles et à finir par les prévisions macroéconomiques) et la capacité de réagir sur ces changements ainsi devient le savoir-faire clé de toutes les autorités. Aussi dans ce cas, l’incertitude si les investissements dépensés aux modifications liées à l’adaptation rentrent, ce qui va en plus se montrer avec du retard encore plus important au niveau régional et au niveau national (aussi supranational dans le cas des stratégies des groupements supranationaux – par exemple l’Union européenne), est apparente.

L’adaptation progressive mène en principe à la spécialisation plus importante. Les unités socioéconomiques s’accommodent du changement, néanmoins en même temps, elles influencent leur environnement, ce qui peut avoir un effet de multiplication non seulement pour les autres acteurs mais aussi pour les autres choix effectués par ce sujet. L’acteur et son environnement le plus proche deviennent dépendants du sentier choisi par ce processus de l’adaptation progressive. Cela a pour le résultat certains points faibles et forts. Il est possible de considérer pour des points forts émanants de la spécialisation plus étroite par exemple les économies d’agglomération, c’est-à-dire des éléments du système, qui peuvent être partagés comme le système éducatif, la main d’œuvre, des technologies partagées, l’infrastructure etc. (Blažek, Uhlíř, 2002). Dans le sens étroit, il s’agit des économies de localisation émanantes de la proximité des autres entreprises d’une industrie semblable (Malmberg, 2000, In: Blažek, Uhlíř, 2002) ce qui assure l’environnement encore mieux adapté aux besoins d’un certain secteur. Comme des points faibles de cette spécialisation étroite, on peut considérer la rigidité de ces structures au moment d’un nouveau changement de l’environnement. Une nouvelle modification provoque le besoin des nouvelles adaptations car il est peu probable que l’organisation actuelle puisse être satisfaisante pour la spécialisation ce qui peut être compliqué notamment aux niveaux à la portée complexe de l’adaptation d’origine, c’est-à-dire parmi des niveaux discutés plus haut surtout la spécialisation de la région. Si tout le système est spécialisé trop étroitement, cette vulnérabilité peut causer des problèmes à toute la région, comme il est bien connu des régions structurellement défavorisées.

C’est la raison pour laquelle il semble que l’adaptation complexe dans le sens de la spécialisation industrielle de la région à long terme soit un phénomène relativement compliqué et risqué. Pour une certaine période, elle peut apporter une haute croissance économique à la région, de l’autre côté après un changement de l’environnement qui viendra tôt ou tard elle peut provoquer de vastes problèmes. De ce point de vue, une certaine diversification de l’orientation régionale industrielle peut être une solution convenable car elle peut servir d’une certaine prévention des conséquences des grands changements car davantage de trajectoires évolutives peuvent contribuer au règlement avec de larges modifications de l’environnement (Grabher, Stark, 1997). Dans le cas des problèmes dans l’un des secteurs, il y a d’autres branches disponibles qui peuvent modérer l’impact des problèmes des secteurs frappés. La diversité peut contribuer à la flexibilité plus importante d’un système, à l’utilisation plus équilibrée des resources et à la réaction plus prompte dans le cas d’un changement de l’environnement. Il est possible de supposer qu’aussi la main d’œuvre de la région peut être davantage ouverte aux changements des professions entre des secteurs qui sont autrement difficiles.

Naturellement la diversité trop importante a aussi ses effets négatifs. Le désavantage principal consiste surtout en la compétitivité faible en comparaison avec les systèmes davantage spécialisés. Avec l’extrême diversité le système n’est pas capable d’arriver à la si haute qualité dans tous les domaines. C’était d’ailleurs le cas de la base de production de la Tchécoslovaquie avant 1989. Sa production industrielle était marquée par l’extrême diversification, néanmoins cette diversité était au préjudice de la compétitivité externe. Il est ainsi nécessaire de trouver un certain équilibre entre la spécialisation qui renforce la compétitivité à court – et moyen – terme, et la diversification qui permet d’assurer des variantes potentiellement utiles aussi après un autre changement de l’environnement dans l’horizon de long terme. D’une manière semblable à la recherche des optima pour les autres dilemmes fondamentaux du développement régional, par exemple le principe de la solidarité contre celui de mérites, l’aménagement du territoire d’assurance contre l’aménagement du territoire stratégique, il semble utile d’estimer le degré de diversification ou de spécialisation de la production dans les régions.

Comme un critère principal pour la solution de ce dilemme peut être considéré l’horizon du temps. Si le but principal est de gagner l’avantage dans la concurrence à court terme, il est probablement plus propice de se spécialiser étroitement dans un secteur où il existe un grand intérêt (cela peut être considéré par exemple après le démarrage d’une croissance économique grâce à l’avantage dans la concurrence à court terme qui sera néanmoins progressivement diversifiée). Si la motivation principale consiste en un phénomène qui peut être intitulé le développement régional durable, il est utile de renforcer un certain degré de diversification.

Comme un compromis relativement raisonnable peut être considéré la solution proposée dans l’étude de Frenken et al. (2004) sur la dépendance de la diversité et la croissance économique des régions aux Pays-Bas. Les auteurs proposent le soi-disant variété apparantée (related variety), c’est-à-dire la diversité sur la base des soussecteurs qui combinent des avantages de la spécialisation et de la diversité. Il était empiriquement prouvé que les régions avec la variété apparentée ont la croissance plus haute de l’emploi et le taux de chômage plus bas (Frenken et al., 2004). L’étude « Constructing regional advantage » (Asheim, Boschma, Cooke, 2007) renoue avec ces constatations. La variété apparentée mentionnée est l’une des recommandations pour les besoins de l’aménagement du territoire qui sont liés avec le support de la diversité de la base de connaissance.

Notes
44.

Un individu peut influencer le milieu plus large par exemple via des élections, en plus un acteur peut présenter sa candidature et s’il est élu, il aura la possibilité d’une influence beaucoup plus forte sur le milieu plus large. Par exemple au cours du 19e siècle beaucoup de représentants de Saint-Étienne avaient des rapports à l’industrie textile. Dans la période 1817 – 1900 15 des 35 des maires étaient connectés avec la production ou la vente de la soie (Lequin, 1991). La représentation ainsi orientée a naturellement aidé à la spécialisation plus profonde de la région aux besoins de cette filière industrielle et a supporté le processus cumulatif.

45.

D’autres exemples de ce niveau des changements peuvent être par exemple des modifications des systèmes d’impôts qui sont dans le nombre de pays motivés par l’effort d’augmentation de la capacité de concurrence d’une industrie.