II.3.1.2.2 Le concept des traits adaptatifs et non-adaptatifs et les sujets choisis du développement régional

Le développement régional ne connaît pas ce concept tel qu’il est employé dans la biologie évolutionnaire. Malgré cela, il est sans doute possible d’identifier dans la réalité socioéconomique des caractéristiques qui peuvent figurer dans certain contexte comme convenables, tandis que dans l’autre elles perdent leur avantage, voire même sont éliminées. Il faut d’abord prêter l’attention à la possibilité de la compréhension des traits adaptatifs et non-adaptatifs dans la problématique du développement régional (il n’est pas probablement indispensable de chercher un autre terme pour l’utilisation de ce concept dans la réalité socioéconomique car il est lié au terme l’adaptation utilisé dans l’environnement socioéconomique relativement couramment). En conformité avec le mode des applications des concepts de la biologie évolutionnaire esquissé dans le chapitre II.2.1.2, ce cas s’oriente surtout vers le niveau métaphorique, et c’est aussi pour cette raison qu’il est impossible de trouver une analogie directe pour les gènes.

Il est possible de présumer que les traits adaptatifs peuvent être compris de façon semblable comme en biologie, c’est-à-dire comme des caractéristiques qui figurent dans certain contexte comme avantageuses. Il peut s’agir de la spécialisation économique d’une région, de l’orientation vers un segment choisi du marché d’une entreprise, la manière de management d’une firme etc. Ces caractéristiques représentent un certain avantage pour leur porteur en comparaison avec la caractéristique analogique de ses compétiteurs qu’il s’agisse d’autres régions ou d’autres entreprises ou d’autres organisations socioéconomiques. C’est le cas de la configuration convenable de ces traits et de l’environnement qui s’entraident (en détail voir le chapitre I.3.3 sur la compatibilité avec l’environnement, la version tchèque). Par contre après un changement de cet environnement ce trait peut perdre son avantage et il peut défavoriser son porteur. Ce trait devient donc non-adaptatif.

Le changement de l’environnement peut être compris dans deux sens fondamentaux, et cela du point de vue temporel et géographique. Le changement de l’environnement dans le temps concerne l’évolution des traits caractéristiques au cours des périodes dans l’histoire. La compréhension des régimes d’accumulation dans le sens de la théorie de la régulation correspond probablement à cette conception (par ex. Boyer, 1988). En comparaison avec cela, le point de vue géographique souligne les différences entre les localités. Un certain changement de l’environnement est ainsi observable dans la même période temporelle, mais sous les diverses circonstances, spécifiques pour cette région. Les deux points de vue sont naturellement indiscernables, donc chaque localité est dans chaque période dans une certaine mesure unique. Considérant les deux types de changements, et temporels et géographiques, il est possible de s’intéresser à la question si certaines caractéristiques sont avantageuses ou pas pour leur porteur et s’il serait possible de marquer d’un certain point de vue un trait comme adaptatif ou non-adaptatif dans le sens de ce concept biologique.

La spécialisation industrielle étroite peut être interprétée dans certains cas comme la transformation des traits adaptatifs en traits non-adaptatifs (ou à l’envers). Comme un tel exemple peuvent servir des régions structurellement défavorisées où une orientation industrielle à l’époque avantageuse perd au cours de son développement son avantage. Ce sont en majorité des études très bien connues, elles ne seront donc pas développées en détail (par exemple l’industrie navale aux environs de Glasgow (Checkland, 1976), cette étude de cas est davantage développée dans le chapitre II.3.4). D’une manière semblable il est possible de démontrer cette modification historique des traits adaptatifs et non-adaptatifs du point de vue du développement régional et des certains types d’initiatives régionales. En Europe occidentale, les initiatives régionales sont soutenues de façon relativement intense ce qui correspond à la compréhension actuelle de l’importance de leur rôle dans l’aménagement du territoire et aussi dans le contexte de la politique régionale ou de la politique de la cohésion de l’Union européenne. L’initiative régionale est très étroitement liée à l’histoire, à la culture, à la langue et à d’autres traits caractéristiques socioéconomiques et culturels régionaux qui fortifient l’identité et la spécificité régionales. Mais cette tendance de fortifier et de maintenir l’identité régionale n’était pas toujours préférée par des gouvernements nationaux. Un exemple de la France peut être ilustratif pour cette situation, bien que les tendances similaires puissent être trouvées quasiment dans tous les pays.

Exemple 3 : Les initiatives régionales comme les traits adaptatifs, ou plutôt non-adaptatifs dans le changement temporel
Exemple 3 : Les initiatives régionales comme les traits adaptatifs, ou plutôt non-adaptatifs dans le changement temporel

Comme il est déjà mentionné plus haut, le second type de changement de l’environnement peut être compris comme le caractère avantageux ou désavantageux des certains traits dans un certain contexte géographique ou mieux sociogéographique. Il est donc nécessaire pour la compréhension de l’adaptabilité ou la non-adaptabilité d’un certain trait de prendre en considération des caractéristiques des localités pertinentes. Surtout tels phénomènes qui ont la portée suprarégionale et qui se répandent de la localité de son origine dans un environnement complètement différent peuvent représenter un exemple convenable. Il paraît que la problématique des investissements étrangers, un sujet aujourd’hui largement étudié, répond bien à cette description. Les sociétés supranationales agissent dans plusieurs États et portent souvent avec elles certaines coutumes caractéristiques pour la manière de travail dans le pays de leur origine ou plutôt dans le pays où leur siège qui dicte certains des aspects du fonctionnement des ses filiales pour la plupart reste. Ces entreprises doivent de l’autre côté respecter aussi la spécificité du pays accueillant ; le résultat est donc le compromis nécessaire des deux attitudes – quant aux caractéristiques de procédure, de marketing, de gestion, et d’autres aspects de l’entreprises et de l’État. Néanmoins un tel compromis n’est pas souvent atteint sans problèmes. Les firmes asiatiques peuvent servir d’un exemple spécifique car leur manière de management est assez distincte en comparaison avec des méthodes utilisées en Europe (plus en détail voir le chapitre II.3.4, les barrières comportementales et sociales, l’exemple suivant esquisse seulement brièvement ce problème).

Exemple 4 : Les manières de management comme les traits adaptatifs, ou plutôt non-adaptatifs dans le changement géographique
Exemple 4 : Les manières de management comme les traits adaptatifs, ou plutôt non-adaptatifs dans le changement géographique

Il est évident des deux exemples que si l’un trait s’affirme, cela ne consiste uniquement en lui même mais aussi en son environnement dans lequel il est implanté. Du point de vue d’un changement temporel, il est clair que beaucoup de traits à l’origine avantageux changent avec l’évolution de l’environnement en non-adaptatifs. De manière similaire il est impossible d’attendre que les recommandations affirmées dans certains domaines et régions comme contributives du point de vue de l’aménagement du territoire, seront avantageuses en tout état de cause dans tous les environnements. L’aménagement du territoire doit toujours premièrement respecter des spécificités d’une localité. Cela d’ailleurs correspond aux constatations de l’étude « Constructing regional advantage » (Asheim, Boschma, Cooke, 2007) dont les auteurs concluent qu’il n’existe pas une recette universelle comment atteindre le développement dans toutes les régions. Les acteurs de l’aménagement du territoire régionaux ou locaux devraient s’inspirer surtout par son potentiel interne, au cas qu’ils veulent profiter des expériences d’un autre environnement ou d’une autre période, il faut analyser non seulement un certain aspect mais aussi l’environnement dans lequel il était implanté. Il faut ainsi trouver un certain accord de l’environnement et du phénomène, un certain « match » (match ou mismatch dans un contexte un peu différent voir Boschma (2004), plus en détail aussi le chapitre I.3.3.3 La compatibilité avec l’environnement de la version tchèque).