1.2 Prévalence des TSL

Habituellement, on estime qu’environ 5-8% des enfants d’âge préscolaire présentent des TSL. Les estimations les plus anciennes de Silva (1980) suggèrent que la pathologie touche entre 3 et 15% de la population avec une médiane de 6 à 8%. Plus récemment, Conti-Ramsden, Botting & Faragher (2001) avancent une estimation de 5% en Grande-Bretagne. Toutefois, l’estimation de la prévalence des TSL dépend de la définition des TSL sur laquelle est basée toute tentative d’étude nosographique. Le manque de rigueur dans la définition des TSL et dans l’identification des phénotypes de la pathologie est une explication des discordances trouvées dans l’estimation ainsi que du nombre limité d’études de prévalence dont nous disposons.

L’étude épidémiologique la plus souvent rapportée à ce jour sur les TSL est celle réalisée par Tomblin et al. (1997) qui ont étudié 7.218 enfants anglo-saxons scolarisés en école maternelle, âgés de 5 à 6 ans. Dans un premier temps, tous les enfants ont passé une évaluation langagière sur une courte version de la batterie TOLD-P :2 (Test of Oral Language – Primary :2 ; Newcomer & Hammil, 1991). Le pourcentage d’échec dans cette première évaluation est de l’ordre de 26.8%. Les enfants qui ont échoué (n = 1.933) ainsi que 33% des enfants qui l’ont réussi (n = 2.084) ont été évalués sur une batterie plus large, comportant des mesures auditives, langagières et non verbales. Dans le cadre de cette étude, les enfants ont été ‘diagnostiqués’ en tant que TSL sous réserve qu’ils présentent des scores inférieurs à 1.25 DS de la moyenne sur au moins deux mesures ou plus dans différentes épreuves d’évaluation du langage : 1/ lexique (production et compréhension), 2/ grammaire (production et compréhension), 3/ narration (production et compréhension), 4/ compréhension (vocabulaire, grammaire et narration), et 5/ production (vocabulaire, grammaire et narration). Les résultats obtenus dans cette étude de grande échelle, montrent que globalement 7.4% des enfants d’âge préscolaire présentent des difficultés d’acquisition du langage. Le critère diagnostic utilisé lors de cette étude (connu sous le terme « Episli standard », Tomblin, Records & Zhang, 1996) a une sensibilité plutôt bonne; 85% des enfants diagnostiqués en tant que TSL par des cliniciens sont aussi détectés en tant que TSL en utilisant ce critère qualitatif.

La même étude a également démontré qu’il n’y a pas de différence significative sur le taux de présentation des TSL entre garçons (8%) et filles (6%). Un certain nombre d’études moins récentes que l’étude de Tomblin et al. (1997) ont cependant montré que les TSL sont plus fréquemment diagnostiqués chez les garçons que chez les filles (American Psychiatric Association, 1994). Par exemple, Stevenson et Richman (1976) rapportent un sexe-ratio deux fois plus élevé pour les garçons que pour les filles (2:1) auprès d’une population d’enfants de 3 ans. Le même taux est obtenu dans d’autres études (Fundudis, Kolvin, Garside, 1979; Silva, 1980). Cependant, ces dernières études n’étant pas spécifiques aux TSL, ces conclusions peuvent être contestées.