1.4.1 Le déficit langagier

Dans la plupart des études sur les TSL, autant en France que dans les autres pays, nous nous basons sur une évaluation standardisée des compétences langagières afin d’estimer l’éligibilité du sujet. Les déficits langagiers des enfants TSL touchent un large éventail d’aspects langagiers, ses capacités phonologiques, lexicales, morphosyntaxiques et pragmatiques. Les déficits langagiers de certains enfants touchent tous les aspects langagiers, mais il est assez fréquent qu’un enfant TSL présente des scores faibles seulement sur un domaine du langage (ex. en phonologie) et des capacités normales pour son âge sur les autres domaines (lexique, pragmatique etc.).

Tableau 1: Critères typiques pour le diagnostic de Troubles Spécifiques du Langage (TSL).
Facteur Critère
Langage Au moins -1.26 DS en dessous de la moyenne dans des tests de langage
QI non verbal QI Performance (QIP, WISC-III) ou Indice de Raisonnement Perceptif (IRP, WISC-IV) supérieur à 85
Audition > 70dB
Fonctionnement neurologique Absence de symptômes neurologiques graves, des lésions cérébrales, ou de troubles psychopathologiques graves de type psychotique
Interactions sociales Absence de carence éducative ou affective grave

De manière globale, le critère d’inclusion pour le déficit langagier exige un score composite inférieur à 1.25 Déviation Standard (DS) en dessous de la moyenne (ce qui correspond à un score standard (SS) inférieur à 81). Un score composite si faible ne signifie en aucun cas que l’enfant présente un niveau faible dans tous les aspects langagiers impliqués. Il est tout à fait possible que l’enfant présente un niveau normal sur un ensemble des soustests avec un score très faible sur un ou plusieurs autres. L’utilisation de ce type de score est assez courante dans les études anglo-saxonnes qui utilisent des batteries, comme par exemple le TOLD-P : 2, permettant d’avoir un score global sur plusieurs soustests (voir Catts et al. 2002 ; Leonard, Bortolini, Caselli, McGregor & Sabbadini, 1992 ; Tomblin et al. 1997). Quand le score composite n’est pas disponible le critère d’inclusion exige au moins deux scores inférieurs à 1.25 DS en dessous de la moyenne dont au moins un évalue le versant expressif de l’enfant (Maillart & Schelstraete, 2005). Ce dernier est le critère habituellement utilisé en France.

Certains chercheurs à la place des tests langagiers, utilisent comme mesure standardisée du niveau des compétences langagières, et notamment du développement grammatical des enfants TSL, la longueur moyenne des énoncés (LME ou Mean Length of Utterance, MLU) (voir Bortolini & Leonard, 2000 ; Johnston & Kamhi, 1984 ; Olswang & Bain, 1996 ; Parisse & Le Normand, 2002; Parisse & Maillart, 2007 ; 2008 ; Rice, Redmond & Hoffman, 2006), l’index de syntaxe productive (Index of Productive Syntax, IPSyn) ou encore le nombre de mots différents (Number of Different Words, NDW). Hewitt, Scheffner-Hammer, Yont et Tomblin, (2005), ont utilisé ces trois mesures afin d’examiner à quel point ces mesures peuvent différencier les enfants TSL des enfants au développement normal du langage (DNL). L’argument en faveur de leur utilisation est leur caractère plus écologique. En revanche, la critique majeure concerne l’absence de vraies normes, surtout à cause de la méthodologie utilisée dans les études de références pour ces mesures (taille de l’effectif, âge des enfants etc.). La LME est critiquée comme mesure du développement grammatical car deux enfants ayant des capacités syntaxiques similaires ne produisent pas forcement la même LME et inversement (Eisenberg, Fersko & Lundgren, 2001).