1.8.4 L’hypothèse de la limitation des capacités de traitement

Certains auteurs défendent l’hypothèse d’une limitation plus générale des capacités de traitement de l’information pour interpréter les troubles langagiers des enfants TSL (Ellis-Weismer, 1996 ; Johnston, 1991 ; 1994). Les difficultés des enfants TSL dans les aspects cognitifs non verbaux semblent compatibles avec cette hypothèse. L’hypothèse d’une limitation dans les capacités de traitement suppose que la nature spécifique du matériel à traiter est moins importante que la façon dont ce matériel est traitée. Dans la littérature cette notion est discutée selon trois perspectives : l’espace, la charge cognitive et le temps (Kail & Salthouse, 1994). L’interprétation basée sur l’espace suppose l’existence d’une restriction au niveau de la capacité de stockage dans la mémoire, celle basée sur la charge cognitive renvoie à une incapacité de compléter une tâche cognitive à cause d’un manque de ressources et enfin l’interprétation basée sur le temps évoque une limitation à traiter rapidement les informations. Ces différentes interprétations ne sont pas pourtant mutuellement exclusives ; il est possible qu’elles coexistent. Aujourd’hui, de nombreuses études affirment que les enfants TSL ont effectivement une capacité limitée dans le traitement de l’information (par exemple, Ellis-Weismer, 1996 ; Kail & Hall, 1994 ; Lahey & Edwards, 1996). Par exemple, Johnston & Ellis-Weismer (1983) montrent que les enfants TSL étaient plus lents que les enfants DNL dans une tâche de rotation mentale. Dans la même perspective, Majerus et al. (2009) dans une tentative d’explication des difficultés des enfants à traiter des informations dans la mémoire à court terme, suggèrent qu’elles sont dues à une inefficacité dans le traitement cognitif, s’inscrivant ainsi dans l’hypothèse des capacités limitées de traitement. Enfin, Leonard (1989), formule son hypothèse de surface, qui postule que les enfants TSL présentent, dans certaines conditions, de ressources cognitives limitées, afin d’expliquer pourquoi les morphèmes dont le caractère phonétique est le moins saillant, sont les plus fragiles (Leonard et al. 1992). Il suggère aussi que les difficultés des enfants TSL à traiter simultanément la forme phonologique (ou de surface) des morphèmes et leur fonction grammaticale se trouvent dans l’insuffisance des ressources cognitives (voir aussi Sanchez et al. 2009 ci-dessus). En résumé, les défenseurs de la théorie des capacités limitées de traitement affirment que la rapidité et l’efficacité du traitement de l’information ont un impact au niveau des performances sur les capacités mnésiques ainsi que sur l’apprentissage (Hoffman & Gillam, 2004). Pour les opposants, et notamment les défenseurs de la théorie phonologique, seule cette dernière peut offrir une explication subtile des troubles du langage des enfants (Chiat, 2001).