En route vers l'immortalité

Jeanne a été canonisée en 1920 par le pape Benoît XV. Mais cette démarche ne s'est pas faite du jour au lendemain ; le mérite en revient au XIXe siècle : durant les fêtes de Jeanne d'Arc, le 8 mai 1849, Mgr. Dupanloup, alors évêque d'Orléans, a introduit la cause de Jeanne en procès de canonisation auprès du pape Pie IX. Mais c'est en 1894 que le pape Léon XIII – par un geste à finalité politique18 qui consiste à rallier les catholiques français à la République – a déclaré Jeanne vénérable. Cet étape marque l'ouverture du procès de canonisation, survenue le 16 mai 1920, et a été précédée de la béatification à Rome par le pape Pie X en 1909.

Avant d'être déclarée sainte, Jeanne a tout de même fait l'objet d'un culte presque universel, surtout au XIXe siècle. Héroïne de la libération, de la patrie, de l'unification et de l'identification, Jeanne, à la manière des grandes figures historiques et mythologiques, a servi de support et de symbole à des visions et orientations politiques différentes. Une créature mystérieuse, une existence énigmatique, une source intarissable de symboles où chaque clan peut s'abreuver et puiser ce qui correspond le mieux à ses besoins.

Politiciens, religieux, historiens et hommes de lettres, tous peuvent se l'approprier, chacun selon ses goûts. Toutefois, la figure de la patronne de la France n'a jamais pu être cernée de près ; des versions et des thèses se disputent la vérité à son propos. La figure de Jeanne continue à attirer des chercheurs – qu'ils soient ou non partisans de sa légende – qui essaient de percer le mystère de celle qui n'a cessé de représenter l'histoire de la France sous tous ses aspects contradictoires durant des siècles.

Notes
18.

Ibid., p. 700.