L'innocence et la liberté contre le vieillissement et le durcissement

‘Alors, madame Gervaise, qui donc faut-il sauver ? Comment faut-il sauver ?175

Cette question qui semble préoccuper Jeanne durant tout le drame, et qui débouche sur le sacrifice final d'une vie humaine, exprime une double volonté qui constitue un centre autour duquel s'articulent la vie, la pensée et l'acte de Jeanne. Sauver de la misère sur le plan temporel ; sauver du péché sur le plan éternel. Ces deux axes apparaissent liés dans la pensée de Jeanne, mais aussi dans celle de Péguy. L'enfer temporel – la misère – et l'enfer éternel – la damnation – représentent les deux figures d'une même réalité qu'il s'agit de vaincre à tout prix : le Mal.

Mais le Mal ne se résume pas seulement en ces deux faces destructrices de la vie humaine. Le Mal n'est tellement puissant, tellement invincible que parce qu'il est lié à une force qui l'accentue, l'intensifie et le durcit jusqu'à devenir irréparable : il s'agit de l'œuvre du temps. Tout d'un coup, le Mal dont se plaint Jeanne se trouve renforcé par le temps qui soumet tout à son ordre et semble prolonger les malheurs jusqu'à l'infini. Tout le problème se résume dans cette constatation de Jeanne qui exprime sa double révolte contre le Mal et contre le temps qui le préserve : « Ils auront faim ce soir ; ils auront faim demain. »176. C'est cette union entre deux forces destructrices qui rend tous les efforts vains et toutes les charités vaines ; c'est ce Mal à jamais inscrit dans le temps ; c'est cette dégénérescence et cette perpétuelle corruption qu'il faut combattre. Mais comment ? Car – comme nous l'avons déjà évoqué à plusieurs reprises – l'œuvre même du Christ s'est avérée inefficace pour le salut des âmes ; considéré par rapport à la marche du temps, l'avènement du Christ est un événement unique, qui s'est produit une seule fois dans l'histoire de l'humanité, mais a échoué à vaincre le Mal. La souffrance humaine liée au temps ne se vainc pas par des actes temporels ou humains ; il lui faut un remède surhumain, éternel. Jésus a apporté le remède, mais le Mal persiste et c'est toujours l'œuvre du temps qui l'emporte.

Dans le drame, Jeanne est bien consciente de cette liaison indéniable entre le temps et le Mal. Pourtant, contrairement aux autres qui se contentent de semer, de prier, de moissonner et de faire « des digues avec de la terre »177, sans s'inquiéter des malheurs de la guerre et sans chercher à savoir « pourquoi le bon Dieu n'exauce pas les bonnes prières. »178, Jeanne veut « tuer la guerre »179. Face aux actes sacrilèges commis par les Anglais, face à la résignation des autres, face au temps et à la lassitude des âmes, face à l'oubli des temps passés où les Français « étaient courageux »180, se dresse la figure de Jeanne, incarnation du refus, de la révolte contre l'habitude et le dépérissement engendrés par le temps.

En 1914, dans la ‘ Note sur M. Bergson ’, Péguy dénonce les préjugés, l'habitude et les idées toutes faites ; il les considère comme les pires ennemis de la création ; l'habitude étant une soumission à l'ordre du temps, c'est-à-dire, au vieillissement et à la mort : « Ce qu'il y a de plus contrarié au salut même, ce n'est pas le péché, c'est l'habitude. »181. Or cette affirmation, qui rencontre des échos partout dans son œuvre, trouve déjà ses prémices dans l'œuvre de jeunesse de 1897, ‘ Jeanne d'Arc ’ ; derrière le refus et la révolte contre la guerre se dégage la dénonciation de l'âme habituée, insensible au danger qui se profile aux alentours et qui la menace à jamais de la perdition. Ainsi, répéter machinalement les paroles de la prière ne suffit pas, selon Jeanne, à mettre fin à la guerre. La preuve ? Dieu n'exauce pas les prières. Face à la religion traditionnelle d'Hauviette et de Madame Gervaise qui font la prière et laissent faire la volonté de Dieu, Jeanne oppose son précepte : « Aide-toi, […] le ciel t'aidera. »182. L'âme de Jeanne n'est donc pas atteinte par le Mal du temps, elle est inaccessible à l'habitude ; c'est une âme qui se révolte contre le Mal, une âme capable de s'abreuver aux sources de la création puisqu'elle est consciente que tout est à recommencer. Elle veut réinventer la prière.

La guerre contre les Anglais est, sur le plan temporel, une guerre contre le Mal universel pour libérer le monde du Mal qui le ronge et de l'œuvre du temps qui le corrompt ; c'est retrouver l'innocence première de l'univers, ce paradis terrestre de jadis qui prend, chez Péguy, l'image de la France :

‘Que notre France après soit la maison divine
Et la maison vivante ainsi qu'au temps passé,
La maison devant qui tout malfaisant s'incline,
La maison qui prévaut sur Satan terrassé ;183

D'ailleurs, sur le plan éternel – ce qui se manifeste à l'issue du ‘ Mystère de la charité ’ –, c'est une invitation à se livrer une bataille intérieure contre cet obstacle qu'est l'habitude qui entraîne le durcissement de l'âme, entrave la liberté de l'homme en l'empêchant ainsi de recevoir la grâce divine, faite de création perpétuelle et momentanée. Ainsi le salut de la France dépend-il du salut de l'âme, dans la mesure où la liberté de l'homme est une condition nécessaire pour l'épanouissement de la grâce. Avoir une âme habituée au Mal, c'est avoir une âme enfermée sur elle-même, une âme qui, insensiblement, résiste au don de Dieu.

Avant même d'évoquer la question du salut de la France, Jeanne pense « à tous les malheureux qui ne sont pas consolés ; […] à ceux-là qui ne veulent pas qu'on les console ; […]. »184. C'est dire qu'en premier lieu, la liberté de la France dépend de la liberté des hommes, mais surtout de la volonté de bien l'entretenir pour qu'elle échappe au Mal du temps :

‘Car tout ce qui s'acquiert peut toujours se reperdre.
Mais tout ce qui se perd est à jamais perdu.
Et tout ce qui se gagne on peut toujours le perdre.
Mais tout ce qui se perd est vraiment dépendu.185

La scène des adieux à son village, à la Meuse, à la maison de son père, met en relief la nostalgie que Jeanne éprouve déjà pour le climat de sérénité et de calme où elle filait la laine au coin du feu en écoutant les vieilles chansons de Lorraine. Déjà elle voit s'envoler le temps de cette innocence que rien n'altérait, sinon la perspective de la guerre qui, liée à la menace du temps destructeur, risque d'engloutir la France dans un passé sans retour. Jeanne a peur de partir ; elle en souffre déjà. Mais c'est surtout l'incertitude du retour, des retrouvailles ; l'incertitude de pouvoir reprendre sa vie d'avant qui pèse le plus sur son âme :

‘Quand nous reverrons-nous ? et nous reverrons-nous ?186

Car l'espérance d'un retour, aussi incertaine que vivement désirée, ne tolère aucune altération à ce paradis d'enfance. Face à l'œuvre du temps qui abolit et détruit tout ce qui se trouve sur son passage, la Meuse, elle, est immuable, unique, présente et toujours semblable à elle-même :

‘Toi qui passes toujours et qui ne pars jamais.187

La douceur, le calme et la quiétude de ce petit paradis d'enfance chanté par Jeanne s'oppose aux horreurs, à la cruauté de la vie humaine et de la guerre auxquelles Jeanne doit faire face. Elle en est consciente lorsqu'elle s'adresse à la Meuse en enviant le sort de celle-ci puisqu'elle ignore tout de la misère humaine :

‘Adieu, Meuse endormeuse et douce à mon enfance,
Qui demeures aux prés, où tu coules tout bas.
Meuse, adieu : j'ai déjà commencé ma partance
En des pays nouveaux où tu ne coules pas.

Voici que je m'en vais en des pays nouveaux :
Je ferai la bataille et passerai les fleuves ;
Je m'en vais m'essayer à de nouveaux travaux,
Je m'en vais commencer là-bas les tâches neuves.

Et pendant ce temps-là, Meuse ignorante et douce,
Tu couleras toujours, passante accoutumée,
Dans la vallée heureuse où l'herbe vive pousse,

O Meuse inépuisable et que j'avais aimée.
[…]
Tu couleras toujours dans l'heureuse vallée ;
Où tu coulais hier, tu couleras demain.
Tu ne sauras jamais la bergère en allée,
Qui s'amusait, enfant, à creuser de sa main
Des canaux dans la terre, – à jamais écroulés.

La bergère s'en va, délaissant les moutons,
Et la fileuse va, délaissant les fuseaux.
Voici que je m'en vais loin de tes bonnes eaux,
Voici que je m'en vais bien loin de nos maisons.

Meuse qui ne sait rien de la souffrance humaine,
O Meuse inaltérable et douce à toute enfance,
O toi qui ne sais pas l'émoi de la partance,
Toi qui passes toujours et qui ne pars jamais,
O toi qui ne sais rien de nos mensonges faux,

O Meuse inaltérable, ô Meuse que j'aimais,
[…]
Meuse que j'aime encore, ô ma Meuse que j'aime.188

Dans cet instant précis où la douleur des adieux se mêle au goût amer de la nécessité d'un mensonge, Jeanne a cessé d'appartenir à ce climat d'enfance, d'innocence et de douceur. Car, pour répondre à l'appel de Dieu, pour rétablir la paix et réinstaurer le royaume de l'innocence en France, elle a été obligée de recourir au mensonge, et son âme est à jamais altérée ; alors qu'elle s'apprête à vaincre le Mal, elle-même en est devenue victime. Pour mettre en relief cette déformation que son âme a subie, Jeanne met l'accent sur le caractère immuable de la Meuse : « Tu couleras toujours, passante accoutumée », « inépuisable », « où tu coulais hier, tu couleras demain », « inaltérable », etc. Alors que la Meuse est inchangeable, insouciante et impassible à ce qui se trame autour d'elle, Jeanne a connu la douleur de se voir atteinte par le Mal qu'elle redoutait et qu'elle voulait combattre. Aux « pays nouveaux », aux « nouveaux travaux », aux « tâches neuves », bref, à la nouvelle vie de Jeanne s'oppose l'image de la Meuse qui « pass[e] toujours et qui ne par[t] jamais ». C'est à ce moment-là qu'elle s'est rendu compte de l'impossibilité d'une perspective de retour à cette béatitude première ; l'avenir ne pourra jamais redevenir passé, dans la mesure où le mot « passé » est, ici, synonyme de l'enfance, de la pureté et de l'innocence première du monde.

Dans un langage qui lui est propre, Péguy confie à Jeanne son rêve d'un avenir qui se réfère sans cesse à un passé lointain où le monde s'émerveillait de son innocence, de sa fraîcheur et de sa nouveauté ; où la création était encore « naissante et sans mémoire » ; où « les jours de bonheur se suiv[ait] à la file » et où « les jours de bonheur se suiv[ait] à la trace. »189. Car, pour lui, rien n'égale cette première naissance, ce premier commencement, ce « premier matin » éclairé par le « premier soleil »190, où le monde baignait dans une lumière immaculée ; où l'univers était encore synonyme de création :

‘Il y a dans ce qui commence une source, une race qui ne revient pas.
Un départ, une enfance que l'on ne retrouve, qui ne se retrouve jamais plus.191

Rien à voir avec l'état actuel du monde, usé, vieux, odieux, misérable, synonyme de dépérissement. Dans ce sens, la véritable victoire de Jeanne serait, non seulement de vaincre le Mal, mais aussi de remonter la pente du temps humain qui lui est associé, dans l'espoir de retrouver enfin ce climat de béatitude primitive, comparable à la naissance du monde. C'est d'ailleurs cette même enfance, cette même innocence, cette même pureté – que Péguy n'a cessé de célébrer toute sa vie –, qui prennent, dans le drame, l'image de la douce félicité de la vie d'une pauvre bergère qui gardait les moutons de son père tout en filant la laine dans la vallée de la Meuse.

Dans le Dialogue de l'histoire et de l'âme charnelle, écrit en 1912, Péguy, donnant la parole à Clio – l'histoire –, s'attaque au progrès temporel et au temps moderne, synonyme de perte et de vieillesse et marqué par l'habitude. En face se dressent l'innocence, l'enfance, l'ignorance, la fraîcheur et l'émerveillement de la nouveauté. En parlant des ‘ Nymphéas ’ de Monet, il dit :

‘[…] en même temps qu'il prend du métier, et de l'habitude (ce gain), il prend aussi, il prend à chaque fois de vieillir, il prend de l'habitude (cette perte), il gagne de vieillir, il acquiert de vieillir, il gagne de perdre. Il perd la fraîcheur, il perd l'innocence première, ce bien unique, non renouvelable. Et moi je vous dis : La première fois au contraire sera la meilleure, parce qu'elle est la moins habituée ; le premier nénuphar sera le meilleur, parce qu'il est la naissance même ; et l'aube de l'œuvre ; parce qu'il comporte le maximum (sic) d'ignorance, le maximum (sic) d'innocence et de fraîcheur ; […], parce qu'il sait le moins, parce qu'il ne sait pas (sic).192

Étant donné que l'habitude, marque du temps et soumission à son ordre, est ce qu'il y a de plus nuisible et de plus hostile à la création et au salut des âmes193 – le temps humain étant un incessant éloignement de la jeunesse du monde, de l'innocence primitive et des sources de la création – ; étant donné que vivre signifie naturellement vieillir, descendre la pente irréversible du temps humain ; étant donné que l'humanité est vouée à la damnation, au désespoir total, à la pourriture et à la mort ; étant donné enfin qu'à l'issue du drame, l'acte humain de Jeanne a avorté devant l'immensité du Mal, une intervention divine s'avère à présent nécessaire, voire inéluctable afin de vaincre le temps, et par conséquent tous les malheurs qui lui sont associés. Jeanne en est consciente, aussi bien dans le drame que dans le ‘ Mystère ’. Pourtant, contrairement à Hauviette et à Madame Gervaise qui s'en remettent à Dieu après avoir fait leur prière, Jeanne, elle, ne peut pas accepter cette volonté qui se refuse à sauver. C'est alors que la mission divine vient s'ajouter à la vocation. La révolte de Jeanne est, pour un temps, atténuée ; l'angoisse cède désormais la place à une détermination à réussir dans sa tâche, à une foi dans l'acte libérateur, soutenue par l'appel divin.

En revanche, l'abattement des échecs fait comprendre à Jeanne que son sacrifice s'est avéré impuissant à produire le salut. L'ancienne angoisse, l'ancien désespoir remontent en face, mais accentués, pour replonger Jeanne dans ses lamentations du début du drame, rejoignant ainsi le Christ dans sa clameur, à savoir que la souffrance même de Jésus n'a pas sauvé les damnés. Pas de remède au Mal, pas de consolation aux damnés. La guerre continue à faire des malades, des blessés, des abandonnés, des souffrants et l'angoisse engloutit tout espoir.

Il a fallu plusieurs années d'intervalle, durant lesquelles Péguy a retrouvé la foi, pour que Jeanne – et Péguy – soit enfin disposée à s'en remettre à Dieu. C'est dans le ‘ Mystère ’ que l'on aperçoit les premiers rayons de cette grâce qui, tant bien que mal, a réussi à trouver son chemin vers l'âme de Jeanne pour lui apprendre la soumission à l'ordre divin – ce qu'elle se refusait à accepter au temps du drame –, l'efficacité de la prière, mais surtout l'infaillibilité de l'espérance. Car, dans le drame, le problème du Mal était considéré sous le seul angle temporel. Or avec le ‘ Mystère ’, un nouvel élément, une nouvelle réalité – à laquelle la Jeanne du drame était insensible – a fait son apparition qui, en détournant l'action de la seule échelle temporelle, a bouleversé, à la fois, la marche et la conception du temps ; il s'agit de l'Incarnation. Considéré sous l'angle de l'insertion du surnaturel dans le temporel, le temps échappe à la loi de la perdition et du vieillissement puisqu'il a reçu l'empreinte de Dieu et, mieux, a donné au fils de l'homme son corps humain. Désormais le monde peut à chaque instant se rajeunir, retrouver sa pureté originelle ; l'Incarnation l'a sauvé à jamais.

Tout au long du ‘ Mystère ’, malgré les argumentations et les longues célébrations de Madame Gervaise de la Passion du Christ ; malgré les preuves que celle-ci multiplie concernant la nécessité de suivre l'exemple du Christ comme seule et unique voie vers le salut, et la nécessité de faire confiance à la volonté divine, Jeanne semble toujours en proie à son ancienne révolte et à ses anciens doutes. L'occasion du salut, que le temps est censé produire à tout instant, n'apparaît pas tellement évidente dans le ‘ Mystère ’. Car, même si la question de l'Incarnation est abordée depuis le début, Jeanne est incapable, pour le moment, de percer le secret de cette instantanéité de la création.

Comme dans le drame, le ‘ Mystère ’ s'ouvre sur la lamentation de Jeanne devant les misères qui ravagent le monde. Cependant, sa douleur se veut plus poignante, car, outre le fait qu'elle implore la miséricorde divine de mettre fin au règne de la tentation, l'avènement du Christ est, pour elle, un événement ponctuel qui n'a laissé aucune trace sur la marche destructrice du temps : « Sera-t-il dit que vous nous abandonnez à la guerre. »194. Et plus loin, maudissant la guerre, elle souffre du triomphe du Mal : « C'est une chose effrayante qu'il y a quelqu'un qui a sur soi la malédiction de Jésus et qui se promène en vainqueur sur tous les chemins du monde. »195.

Jeanne est consciente que la solution serait dans une présence divine, seule apte à sauver le monde, mais puisque le temps s'est partout révélé le plus fort, elle invoque l'apparition de nouveaux saints afin d'effacer le spectacle des malheurs :

‘O mon Dieu si on voyait seulement le commencement de votre règne. […]. Si on voyait poindre seulement le jour de votre règne. […]. Mon Dieu, mon Dieu, faudra-t-il que votre Fils soit mort en vain. […]. Seulement si on voyait seulement se lever le soleil de votre justice. Mais on dirait, mon Dieu, mon Dieu, pardonnez-moi, on dirait que votre règne s'en va.196

C'est dire qu'en effet le temps, considéré dans le drame comme l'un des malheurs qui s'abattent sur l'humanité, est, dans le ‘ Mystère ’, identifié au Mal ; il est le seul responsable de l'état actuel où se trouve le monde. Car c'est le temps qui engendre l'habitude ; c'est le temps qui fait durer les misères sans présenter l'espoir d'une délivrance ; c'est le temps qui détruit tout sur son passage ; c'est le temps qui endurcit les cœurs et raidit les âmes, les laissant ainsi enfermées, lasses de la consolation, inaccessibles à la grâce, gisant sous le poids du désespoir, de la perdition et de l'ingratitude :

‘[…] j'ai pensé à tous les autres affamés qui ne mangent pas, à tant d'affamés, à des affamés innombrables ; j'ai pensé à tous les malheureux, qui ne sont pas consolés, […], à ceux qui ne veulent pas qu'on les console, à tant et tant qui ne veulent plus être consolés, qui sont dégoûtés de la consolation, et qui désespèrent de la bonté de Dieu.197

Plus loin, évoquant les charités, les propos de Jeanne laissent transparaître sa vive amertume, à savoir que l'œuvre du temps détourne même les bonnes actions pour les transformer en une source de tristesse, de détresse et d'impuissance, car

‘Pour un blessé qui se traîne au long des routes, pour un homme que nous ramassons au long des routes, pour un enfant qui traîne au bord des routes, combien la guerre n'en fait-elle pas, des blessés, des malades, et des abandonnés, de malheureuses femmes, et des enfants abandonnés ; et des morts, et tant de malheureux qui perdent leur âme. […]. Et ainsi, de quelque côté qu'on se tourne, des deux côtés c'est un jeu où, comment qu'on joue, quoi qu'on joue, c'est toujours le salut qui perd, et c'est toujours la perdition qui gagne.198

Comparée à un fleuve qui détruit tout ce qui se trouve sur son passage, la charité est, aux yeux de Jeanne, semblable à « des digues et des levées de terre »199, comme si ces barrages n'ont pas été construits que pour être démolis après, étant faits avec de la « boue du fleuve ». Autant dire que toutes les œuvres humaines, réalisés à partir d'une matière périssable, ne sont pas faits pour durer ; leur destin est déjà inscrit dans leur matière.

Dans le ‘ Mystère ’ Jeanne implore la présence de Jésus. Elle sait que le salut ne peut s'opérer que par le truchement d'une présence divine pareille à celle qui, quatorze siècles plutôt, avait sauvé le monde de la perdition. C'est alors que surgit le thème de l'élection où ceux qui ont eu la chance de se trouver à ce moment unique de l'histoire de l'humanité, à cet endroit précis qu'est Jérusalem, ont pu assister à la « plus grande histoire de tout le monde. »200, ont pu contempler Jésus rendu homme ; l'unique empreinte de son passage ici-bas s'est inscrite une fois pour toutes dans l'histoire de l'humanité. Et Madame Gervaise de répondre : « Il est là comme au premier jour. »201. Pourtant, en proie au regret et à la révolte, Jeanne ne peut pour le moment entendre le langage que parle Madame Gervaise – car tout n'est qu'un problème de vocabulaire. Là où Jeanne parle de la « seule grande histoire de jamais », d'un événement qui s'est produit dans un passé lointain, Madame Gervaise, elle, parle de « […] la même histoire, exactement la même, éternellement la même, qui est arrivé dans ce temps-là et dans ce pays-là et qui arrive tous les jours dans tous les jours de toute éternité. »202. Là où Jeanne insiste sur l'exception faite au temps de jadis, là où elle ne parle que le langage temporel, Madame Gervaise affirme, dans un langage qui se rapporte au niveau de l'éternel, l'aspect éternel d'un événement éternel,

‘Car le surnaturel est lui-même charnel
Et l'arbre de la grâce est raciné profond
Et plonge dans le sol et cherche jusqu'au fond
Et l'arbre de la race est lui-même éternel.

Et l'éternité même est dans le temporel
Et l'arbre de la grâce est raciné profond
Et plonge dans le sol et touche jusqu'au fond
Et le temps est lui-même un temps intemporel.
[…]
Et Jésus est le fruit d'un ventre maternel,
[…].203

Après la chute, la vie terrestre n'est qu'une perpétuelle lutte, un incessant travail – un héritage que l'homme a reçu de son aïeule Ève – dans l'espoir de retrouver la félicité suprême de l'âme. D'où le sentiment de l'inquiétude qui ronge l'âme et la fait sombrer dans les ténèbres de la détresse et de la misère. Mais c'est justement cette infinité de malheurs qui s'abattent sur la destiné des hommes qui va faire appel à l'Incarnation et au salut. Car, ce n'est pas la grandeur qui nécessite un secours divin ; en revanche, c'est de sa misère et de sa faiblesse que l'homme espère être délivré. Ainsi le temps humain lui-même apparaît-il complice du dessein divin, dans la mesure où le temps, qui détruit tout, qui dépouille les êtres et les cités de leur grandeur et de leur richesse, va permettre à la grâce de trouver un terrain où fleurir. Les œuvres du temps sont donc nécessaires et indispensables pour l'éternité, pour accomplir la promesse du salut. Car la cité charnelle est, pour ainsi dire, le commencement de la cité éternelle ; l'Incarnation étant nécessaire pour la Rédemption. C'est enfin le même temps humain, dévastateur, symbole de la ruine, du vieillissement et de la perdition, qui va préparer l'avènement du Christ en lui offrant son corps humain pour l'accueillir dans toute sa grandeur. Tout ce que le temps humain avait connu depuis la chute ; tout l'héritage que l'humanité entassait à travers les siècles avait pour but de préparer le monde à cet instant solennel où l'éternel allait élire sa demeure dans le temporel :

‘Les pas des légions avaient marché pour lui.
Les voiles des bateaux pour lui s'étaient gonflées.
Pour lui les grands soleils d'automnes avaient lui.
Les voiles des bateaux pour lui s'étaient pliées.
[…]
C'est lui qu'on attendait dans les pâles enfers.
C'est lui qu'on attendait dans l'immense univers.
Il était le seigneur d'hier et d'aujourd'hui.204

Dieu fait homme comprend mieux qu'un Dieu éloigné les faiblesses de la nature humaine. Jésus a vécu parmi les hommes, il a connu la souffrance, l'angoisse, la misère, l'inquiétude et le désespoir humain : « Il s'était fait homme. Sa souffrance aussi s'était faite humaine, toute humaine. »205. Pourtant, le Sauveur savait que même sa souffrance infernale ne pourrait pas sauver les damnés. Et c'est à cet instant, avant de mourir, qu'il a poussé son cri effroyable, son cri de désespoir :

‘Cri comme si Dieu même eût péché comme nous ;
Comme si même Dieu se fût désespéré ;
[…]
Comme si même Dieu eût péché comme nous.
Et du plus grand péché.
Qui est de désespérer.
Le péché du désespoir.206

Dieu lui-même a désespéré. Mais c'est exactement ce désespoir qui va ouvrir la voie à l'espérance et faire luire la grâce. Car, en désespérant comme les hommes, plus peut-être que les hommes, Jésus leur a donné la consolation de savoir qu'ils ne sont plus seuls puisqu'il a partagé leur misère. Ainsi cette misère, cet abaissement de la condition humaine, cette inquiétude qui lui ronge l'âme est-elle à l'origine de la grandeur de l'homme. Car c'est au cœur de la détresse que la lueur de l'espoir prend naissance. :

‘[…] Jésus comme un homme a connu l'inquiétude humaine,
Jésus fait homme,
Il a connu ce que c'est que l'inquiétude au cœur même de la charité,
L'inquiétude rongeante au cœur d'une charité ainsi véreuse,
Mais ainsi aussi il a connu ce que c'est que la toute première pointe de la poussée de l'espérance.
Quand la jeune vertu espérance commence à pousser au cœur de l'homme,
Sous la rude écorce,
Comme un premier bourgeon d'avril.207

L'espérance est ainsi le résultat de l'Incarnation. L'éternel participe à l'expérience du temporel pour le sacraliser et le purifier. Pourtant, considérée du point de vue de l'homme, la création est un perpétuel effondrement sous le poids des péchés, de l'injustice, de l'abandon ainsi que de l'absence et du silence de la divinité. Et c'est justement cette continuelle chute, cette incessante descente vers l'abîme qui déclenche la révolte dans l'âme de Jeanne ; Dieu ne daigne pas se manifester pour redresser la courbature du monde et desserrer les liens qui maintiennent l'homme prisonnier du péché et du désespoir. Pire encore, la douleur et la misère l'ont toujours emporté sur l'intervention même du Christ dans le monde. Tourmentée par ces questions, auxquelles les réponses de Madame Gervaise ne s'avèrent pas consolantes, Jeanne apparaît à la fin du ‘ Mystère ’ tout aussi désespérée qu'à son début.

Dans le ‘ Porche ’, c'est Dieu lui-même qui prend la parole, comme si, par ce procédé, Péguy, tout en répondant aux protestations de Jeanne, cherchait à se convaincre lui-même de l'efficacité de l'espérance, longtemps enfouie sous les traits d'une ardente inquiétude. Car Jésus lui-même a connu l'inquiétude : venu au monde pour « ‘ sauver ce qui avait péri ’ (‘ sic ’) »208, il a eu peur d'avoir à condamner les âmes des pécheurs. Les paraboles de l'espérance, surtout celle de la brebis égarée que l'on retrouve tout au long du ‘ Porche ’, – bien qu'entrecoupées par des méditations sur la grâce, l'innocence, l'enfance, l'Incarnation, l'espérance –, servent à mettre l'accent sur la crainte que l'égarement d'une seule âme peut susciter dans le cœur même de Dieu, mais aussi sur la joie, le soulagement, l'attendrissement, voire l'espérance de Dieu lorsqu'il réussit à ramener cette âme pécheresse dans sa gloire infinie :

‘Parce qu'il y aura plus de joie dans le ciel pour ce pécheur qui s'en revient,
Que pour cent justes qui ne seront point partis.
Car les cent justes qui ne seront point partis ils seront restés.
Ils ne seront restés que en foi (sic) et en charité.
Mais ce pécheur qui est parti et qui a failli se perdre
Par son départ même et parce qu'il allait manquer à l'appel du soir
Il a fait naître la crainte et ainsi il a fait jaillir l'espérance (sic) même
Au cœur de Dieu même,
Au cœur de Jésus.
Le tremblement de la crainte et le frisson,
Le frémissement de l'espérance.209

Avec Péguy, Jeanne découvre que l'espérance peut jaillir de l'excès de la peine ; qu'elle peut élire demeure dans un cœur tourmenté par la souffrance. Car c'est la Passion même du Christ qui a rendu possible le salut de l'humanité ; c'est du flanc transpercé de Jésus qu'une source de grâce coule « comme un fleuve inépuisable. »210 :

‘Depuis cette première fois qu'elle coula et depuis toujours qu'elle coule.
Dans ma création naturelle et surnaturelle.
Dans ma création spirituelle et charnelle et encore spirituelle.
Dans ma création éternelle et temporelle et encore éternelle.
Mortelle et immortelle.
Et cette fois, oh cette fois, depuis cette fois qu'elle coula, comme un fleuve de sang, du flanc percé de mon fils.
[…]
Une flamme impossible à atteindre, impossible à éteindre au souffle de la mort.211

Par cette insertion du surnaturel dans le temporel, le monde est comme renouvelé, retourné au premier jour de la création ; l'Incarnation a sacralisé la vie humaine toute entière pour la sauver. Car – pour reprendre les termes de Jean Onimus dans l'‘ Introduction aux "Trois Mystères" de Péguy ’ –, « en imitant si exactement la misère mortelle et la condition de l'homme le Christ les a imprégnés d'une grâce qui n'est plus seulement celle du créateur mais celle du rédempteur. »212. Contrairement à la création, événement unique qui s'est produit dans la nuit des temps, la Rédemption a l'avantage d'être pour toujours une occasion de se renouveler, de se recréer, car, par le truchement de la Rédemption, la communication entre Dieu et les hommes est à jamais assurée, la voie du salut est accessible à tous, mais il faut d'abord espérer.

En se faisant homme, l'Éternel, a accepté de se soustraire à son éternité pour s'insérer dans le temps humain, pour vivre humainement, pour devenir Jésus. Par l'Incarnation, le surnaturel est venu habiter le temporel. Or, le temps humain n'est plus une durée linéaire ; il n'est plus une pente descendante depuis la création jusqu'à la fin du monde où tout est voué à la disparition, au néant ; où les événements ne font qu'alourdir la mémoire du temps et accélérer sa décrépitude. Le temps humain n'est plus clos, n'est plus irréversible, n'est plus profane. Le temps humain fait désormais partie de l'éternité même, puisqu'il a participé à la grande histoire sacrée de l'Incarnation et de la Rédemption et, de ce fait, s'est transformé en une pente qui, désormais, peut se remonter. Le surnaturel rejoint ainsi le temporel ; ils n'appartiennent plus à deux ordres complètement différents ; ils sont à jamais liés en la personne du Christ. En s'insérant dans le temporel, Jésus ne s'est pas seulement fait homme ; il a ramené dans son éternité, en le consacrant, le temps humain lui-même. L'insertion du surnaturel dans le temporel a donc bouleversé la marche du temps en lui permettant, à tout instant, de se renouveler et de retrouver sa fraîcheur primordiale.

Voilà en effet ce que Madame Gervaise a essayé de faire comprendre à Jeanne tout au long du ‘ Mystère ’. Pourtant celle-ci ne réussit pas à espérer. C'est donc « pour arriver à obtenir d'elle ce pur mouvement de confiance que Madame Gervaise va revenir lui parler tout au long des deux prochains ‘ Mystères ’. C'est pour obtenir de soi-même ce mouvement que Péguy va inventer la petite fille Espérance. »213.

Peu avant la fin du ‘ Mystère ’, en essayant d'initier Jeanne à l'Espérance, Madame Gervaise parlait d'un trésor éternel de la grâce, de la souffrance, des prières, des mérites et des promesses que, par le sacrifice de son corps d'homme, Jésus a tenues d'un seul coup. Mais pour que ces promesses reçoivent leur accomplissement, l'homme est tenu de les nourrir, de les faire croître par le biais de l'espérance. Or c'est à ce stade que la liberté de l'homme se trouve engagée. En créant le monde et l'homme à son image, Dieu y a introduit la liberté, elle-même image de la liberté de Dieu. De ce fait Dieu s'est engagé à ne rien imposer. Il est donc irresponsable des malheurs qui s'abattent sur les hommes. Au contraire, Dieu cherche à les sauver de la damnation et de la perdition où, par leur propre choix, ils sombrent. Mais Il ne peut aliéner leur liberté.

Partagé entre l'engagement qu'il s'est prescrit en donnant sa liberté à l'homme ; entre l'amour et la crainte pour les âmes qui sombrent dans le péché et, par conséquent, le désir de les sauver, Dieu – comme nous l'avons déjà montré – se trouve en proie à l'inquiétude et, de ce fait, devient dépendant de la volonté même de l'homme. C'est en effet dans le ‘ Mystère des Saints Innocents ’ que le thème de la liberté de l'homme – les paroles de Madame Gervaise à la fin du ‘ Mystère de la charité ’ quant à l'accomplissement des promesses en constituent l'ébauche – reçoit sa plénitude. C'est à présent de Dieu qu'il s'agit. Et c'est un Dieu plein d'amour et de compassion pour sa créature, un père craignant la perte de ses enfants et s'inquiétant du salut de leurs âmes qui parle :

‘Tel est le mystère de la liberté de l'homme, dit Dieu,
Et de mon gouvernement envers lui et envers sa liberté.
Si je le soutiens trop, il n'est plus libre
Et si je ne le soutiens pas assez, il tombe.
Si je le soutiens trop, j'expose sa liberté
Si je ne le soutiens pas assez, j'expose son salut :
Deux biens en un sens presque également précieux.214

Ainsi, placée au même niveau que le salut, la liberté de l'homme, lorsqu'elle choisit de suivre le chemin de l'Espérance, donne à Dieu la consolation de se savoir aimé par des êtres libres et non point par des esclaves, car cet amour est né d'un élan du cœur, d'un véritable besoin d'aimer et d'un sincère désir de communiquer avec le créateur. Dieu en éprouve une joie infinie :

‘Quand une fois on a connu d'être aimé librement, les soumissions n'ont plus aucun goût.
Quand on a connu d'être aimé par des hommes libres, les prosternements d'esclaves ne vous disent plus rien.215

En nous donnant notre liberté, Dieu a fait le premier pas afin de combler la distance qui nous sépare. En nous donnant à tout instant la possibilité de nous rattraper par le sang de son fils versé pour le rachat des âmes, Dieu nous a accordé une preuve infaillible de son amour et de sa miséricorde. C'est donc Dieu qui, par un reversement paradoxal des valeurs, a commencé à espérer en nous ; il nous a fait confiance ; il nous a confié son fils et livré le secret de son amour :

‘Singulier renversement, singulier retournement, c'est le monde à l'envers.
Vertu de l'espérance.
Tous les sentiments que nous devons avoir pour Dieu,
C'est Dieu qui a commencé de les avoir pour nous.216

En espérant en nous, Dieu nous a révélé le mystère de la création ; par un élan d'amour libre, Dieu a créé l'homme, et en voulant le servir, il s'est trouvé lui-même son serviteur ; l'amour a rendu Dieu dépendant de sa propre création. Pour être vraiment ce qu'il est, c'est-à-dire, le créateur, le Père, le Sauveur, Dieu a besoin de l'amour et de l'espérance de l'homme :

‘Voilà la situation que Dieu s'est faite.
Celui qui aime tombe dans la servitude de celui qui est aimé.
Par-là même.
Celui qui aime tombe sous la servitude de celui qu'il aime.
Dieu n'a pas voulu échapper à cette loi commune.
Et par son amour il est tombé dans la servitude du pécheur.

Retournement de la création, c'est la création à l'envers.
Le Créateur à présent dépend de sa créature.
Celui qui est tout s'est mis, a souffert d'être mis, s'est laissé mettre sur ce niveau.
Celui qui est tout dépend, attend, espère de ce qui n'est rien.
Celui qui peut tout dépend, attend, espère de ce qui ne peut rien,
[…]217

À présent c'est Dieu qui attend de l'homme l'accomplissement de ses promesses et le couronnement de son espérance. Ainsi il dépend de nous que la Rédemption réussisse, que la chrétienté continue. Il dépend de nous, charnels, de conserver vivantes les paroles de Dieu. C'est à nous de lui faire confiance ; c'est à nous d'espérer en lui :

‘Il faut avoir cette confiance en Dieu d'avoir espérance en lui.
Il faut faire cette confiance à Dieu d'avoir espérance en lui.
Il faut faire ce crédit à Dieu d'avoir espérance en lui.
Il faut faire espérance à Dieu.218

Cette espérance n'est en effet autre que la morale enfantine d'Hauviette ; cette inclination à s'en remettre entièrement à la volonté divine ; c'est cette confiance dans l'autre qui consiste à se défaire du poids des peines, à ne pas se préoccuper de l'avenir, à s'endormir tranquillement, enveloppé par l'innocence de la nuit sous le regard bienveillant de Dieu, comme un enfant s'en remet à son père.

Notes
175.

Ibid. ’, p. 40.

176.

Ibid. ’, p. 31.

177.

Ibid. ’, p. 31.

178.

Ibid. ’, p. 34.

179.

Ibid. ’, p. 31.

180.

Ibid. ’, p. 49.

181.

PÉGUY, Charles, ‘ Note sur M. Bergson et la philosophie bergsonienne ’, ‘ Oeuvres en prose complètes III ’, Édition présentée, établie et annotée par Robert Burac, Bruges, Gallimard, 1992, (Coll. Bibliothèque de la Pléiade), p. 1273.

182.

PÉGUY, Charles, ‘ Jeanne d'Arc ’, ‘ op., cit ’, p. 269.

183.

Ibid. ’, p. 47.

184.

Ibid. ’, p. 30.

185.

PÉGUY, Charles, ‘ Ève ’, ‘ op. cit. ’, p. 1027.

186.

PÉGUY, Charles, ‘ Jeanne d'Arc ’, ‘ op., cit ’, p. 81.

187.

Ibid. ’, p. 81.

188.

Ibid. ’, pp. 80-81.

189.

PÉGUY, Charles, ‘ Ève ’, ‘ op. cit. ’, p. 936.

190.

Ibid. ’, p. 935.

191.

PÉGUY, Charles, ‘ Le Porche du Mystère de la deuxième vertu ’, ‘ Oeuvres Poétiques Complètes ’, Introduction de François Porché, Paris : Gallimard, 1957, (Coll. Bibliothèque de la Pléiade), p. 551.

192.

PÉGUY, Charles, ‘ Dialogue de l'histoire et de l'âme charnelle ’, ‘ Oeuvres en prose complètes III ’, Édition présentée, établie et annotée par Robert Burac, Bruges, Gallimard, 1992, (Coll. Bibliothèque de la Pléiade), p. 596.

193.

Cf. pp. 110-111 et note 176.

194.

PÉGUY, Charles, ‘ Le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc ’, ‘ op., cit ’., p. 386.

195.

Ibid. ’, p. 387.

196.

Ibid. ’, p. 370-371.

197.

Ibid. ’, p. 380.

198.

Ibid. ’, pp. 383-384.

199.

Ibid. ’, p. 392.

200.

Ibid. ’, p. 408.

201.

Ibid. ’, p. 412.

202.

Ibid. ’, pp. 412-413.

203.

PÉGUY, Charles, ‘ Ève ’, ‘ op. cit. ’, p. 1041 et p. 1043.

204.

Ibid. ’, p. 1080 et p. 1084.

205.

PÉGUY, Charles, ‘ Le Mystère de la charité de Jeanne d'Arc ’, ‘ op., cit ’., p. 432.

206.

Ibid. ’, p. 439.

207.

PÉGUY, Charles, ‘ Le Porche du Mystère de la deuxième vertu ’, ‘ op. cit. ’, p. 571.

208.

Ibid. ’, p. 577.

209.

Ibid. ’, p. 571.

210.

Ibid. ’, p. 534.

211.

Ibid. ’, p. 535.

212.

ONIMUS, Jean, ‘ Introduction aux "Trois Mystères" de Péguy ’, ‘ op. cit. ’, p. 68.

213.

Ibid. ’, p. 44.

214.

PÉGUY, Charles, ‘ Le Mystère des Saints Innocents ’, ‘ Oeuvres Poétiques Complètes ’, Introduction de François Porché, Paris : Gallimard, 1957, (Coll. Bibliothèque de la Pléiade), p. 714.

215.

Ibid. ’, p. 716.

216.

PÉGUY, Charles, ‘ Le Porche du Mystère de la deuxième vertu ’, ‘ op. cit. ’, p. 611.

217.

Ibid. ’, p. 614.

218.

Ibid. ’, p. 602.