1.1.4. Critique des MDD.

Plusieurs critiques sont adressées aux MDD. La validité de ces modèles repose sur la pertinence des hypothèses telles que l’ajustement instantané des prix et le fonctionnement concurrentiel de l’économie avant le choc32.

Ainsi, l’hypothèse d’une hausse généralisée des prix des biens non échangeables, consécutive au boom dans un secteur d’exportation, provoquant une appréciation des prix relatifs et entraînant une régression des biens échangeables est difficile à vérifier dans les économies en développement, ce que des études empiriques ont montré33.

En privilégiant le rôle de signal joué par les prix et en se référant au cas d’une économie monétaire et homogène (i.e. les pays développés), avec des acteurs répondant parfaitement au jeu des prix, les MDD sont difficilement applicables dans les pays en voie de développement, où les économies sont désarticulées et où règnent de nombreuses imperfections de marché.

La seconde critique importante, étayée par des observations empiriques, est que les MDD sont des instruments d’analyse trop mécaniques qui supposent la possibilité d’ajustements instantanés des structures productives, ce qui est loin d’être le cas dans les économies sous développées où les structures de la production (ou de l’offre) sont trop rigides.

En fait, le principal reproche que l’on pourrait adresser à ces modèles est que, outre le fait qu’ils portent un caractère purement descriptif, ils ignorent le rôle des agents et des acteurs, et notamment du principal d’entre eux, l’Etat, dans la manière dont la rente, revenu provenant de l’exportation des produits miniers, est utilisée. Or, le comportement des acteurs dépend étroitement du type d’agencement qui unit les institutions en place en un mode de régulation. La rente en soi n’est pas à priori une malédiction, ni d’ailleurs une bénédiction, pour l’économie. Son impact final sur les structures productives découle des configurations concrètes des formes institutionnelles de régulation, et celles-ci varient selon le pays et l’époque.

Notes
32.

De ce point de vue, on pourrait dire que les MDD sont aux économies rentières ce que les modèles d’équilibre général (MEG) sont aux économies de marché.

33.

Voir par exemple Koutassila (1997) et Djoufelkit (2003).