1.2. La théorie de la régulation (TR) et l’analyse des régimes d’accumulation dans les PVD : portée et limites.

Précisons d’emblée que par rapport aux autres institutionnalismes, la théorie de la régulation (TR) se distingue par une identification claire des institutions qu’elle considère comme les plus fondamentales34. La manière dont celles-ci vont s’articuler en un lieu et une époque donnés caractérise un mode de régulation déterminé (Boyer, 2003.b). De plus, cette articulation implique une hiérarchie qui varie avec le type de régulation. Ainsi, le fordisme se caractérise par un mode de régulation dans lequel le rôle central est tenu par une institution particulière : le rapport salarial.

En fait, la notion de régulation est construite à partir de la théorisation du fordisme. Ceci explique pourquoi les premières tentatives de transposition de la TR aux économies en développement ont, de prime abord, confondu modèle fordiste et modèle théorique.

Il convient par ailleurs de noter que la TR, en tant que modèle théorique, semble avoir peu centré ses réflexions sur les pays en développement. Si l’on se réfère à la bibliographie constitutive de la TR, on peut en effet déduire que le courant de la régulation n’a pas beaucoup travaillé à partir de la situation des pays en développement35. Mais cela ne l’empêche pas, à notre sens, de constituer une approche féconde pour l’étude de ses pays.

Notes
34.

Rappelons que la Théorie de la régulation distingue cinq formes institutionnelles fondamentales : le rapport salarial, le régime de concurrence, la monnaie, l’insertion internationale et l’Etat. Pour une revue détaillée des différentes approches institutionnelles, voir Chavance (2007).

35.

A titre d’illustration, on peut noter que sur les quelques 550 pages de l’ouvrage « Théorie de la régulation : l’état des savoirs » (Boyer et Saillard, 1995), seules 25 sont consacrées à l’économie du développement. La même proportion se retrouve dans l’édition 2002 du même ouvrage.