1.2.2.1. Conception fondée sur la prédominance de l’insertion internationale.

Cette conception découle de la définition du sous-développement comme situation caractérisée par l’inexistence ou le développement insuffisant de la production des biens de capital, ce qui nécessite le recours à l’importation. Ceci implique trois (03) conséquences :

  • La nécessité d’importer les moyens de production apparaît comme la principale contrainte extérieure. Elle multiplie les possibilités de dépendance et, du même coup, la relation au marché international acquiert dans ces pays une importance majeure qu’elle n’a évidemment pas dans le fordisme. L’insertion dépendante apparaît ainsi comme l’institution dominante dans la hiérarchie des institutions du développement, celle qui exerce la contrainte centrale sur les autres institutions de régulation, notamment le rapport salarial.
  • L’inexistence d’une section productrice de biens de capital entraîne l’absence de capacité endogène de générer le progrès technique, et, souvent même, la simple capacité d’assimiler et de diffuser le progrès technique importé y est faible. Or, il existerait des liens étroits et réciproques, entre le changement technique et le changement institutionnel.
  • Si l’institution dominante ainsi identifiée est supposée commune à l’ensemble des économies en développement, comment expliquer alors que certains pays parviennent à sortir de la « trappe du sous-développement » alors que d’autres au contraire s’y enfoncent ? Dans le cadre de la problématique régulationniste, la réponse est à rechercher dans la configuration d’ensemble de l’architecture institutionnelle, puisqu’on admet que, l’institution dominante étant donnée, la hiérarchie entre les institutions varie selon le pays et l’époque. Mais, reconnaissent les adeptes même de cette conception, ceci ne fait que déplacer la question : pourquoi, en effet, à partir de contraintes majeures communes, certains pays produisent-ils des agencements propices à une sortie du sous-développement, et d’autres non ? Pour D. Peguin et L. Talha (2001), la question renvoie au problème fondamental de la genèse et du principe d’évolution des institutions, question qui, dans le cadre de la régulation, ne peut être élucidée qu’à travers l’analyse des modèles d’action collective propre à chaque société, ce qui, soutiennent les deux auteurs, dépasse le cadre d’analyse de la TR.

Ne pouvant remettre en cause la conception dont on vient de décrire les grands traits et dont ils sont de grands adeptes, les deux auteurs en viennent à reconnaître qu’il convient de mobiliser l’apport des autres théories institutionnelles (ancien institutionnalisme, économie néo-institutionnelle…) pour contribuer à élucider les conditions qui favorisent l’action collective. Cette vaste question de la capacité des formations sociales à générer les « bonnes » institutions implique une analyse dynamique endogène des innovations institutionnelles. Pour L. Talha, ceci renvoie, en définitive, à la question du changement technique.