a) Inefficiences en matière d’allocation des ressources.

En fixant autoritairement les prix, l’Etat entend soustraire les mécanismes d’allocation des ressources à la logique du marché65. C’est pourquoi une telle pratique en matière des prix s’est, naturellement, accompagnée d’une réglementation stricte du marché des facteurs de production.

L’accès à ce marché est, en effet, strictement réglementé et est souvent soumis à autorisation administrative.

L’accès aux facteurs de production (machines, outillages, terrains, bâtiments…) relève pratiquement d’un monopole d’Etat. Quant aux matières premières et produits semi finis, leurs acquisitions se fait sur autorisation administrative. Outre les produits importés, l’accès aux facteurs de production produits localement n’est pas libre non plus (autorisation, file d’attente). Cette situation engendre une rigidité quasi-totale de l’offre, ce qui fait que ni le secteur d’Etat ni le secteur privé ne peuvent répondre rapidement à une hausse de la demande, ni répondre à certaines demandes insatisfaites (quand bien même des capacités de production excédentaires existent)66.

Alors que l’inexistence d’un marché authentique des facteurs de production provoque une inélasticité de l’offre de produits, l’application d’un système de prix faussés a pour effet de geler les mécanismes d’incitation à l’économie des facteurs rares. Il en découle que le système de rémunération associé au système administré de prix ne stimule ni l’efficacité de la production actuelle, ni la recherche du progrès technique.

On constate ainsi le développement et la généralisation des attitudes de gaspillage des ressources rares dans le secteur d’Etat, attitudes encouragées par le fait que les entreprises, quel que soit leur niveau de performance, bénéficient de l’aide « quasi-automatique » de l’Etat.

Par ailleurs, l’application d’un taux de change surévalué a pour effet de déconnecter le système de prix relatifs intérieurs67 de celui prévalant à l’extérieur. Il s’ensuit que le calcul de l’efficacité des opérations du commerce extérieur au niveau des entreprises ne peut être que faussé.

Avec un système de prix faussés, les entreprises développent, donc, des comportements adaptés à la logique du biais introduit dans le calcul économique par les prix administrés. Ainsi, à titre d’exemple, l’absence d’un taux d’intérêt sur les capitaux mis à la disposition de l’entreprise engendre une dépréciation artificielle des biens de production par rapport au facteur travail. Ceci conduit les entreprises à opter pour des procédés de production à forte intensité de capital, alors que paradoxalement les ressources en travail sont plus abondantes que le capital.

Notes
65.

On reviendra sur ce point lorsque l’on traitera, ultérieurement, du statut des prix dans le modèle de développement.

66.

Ceci explique pourquoi le crédit, au lieu de servir à financer des activités, finance, très souvent, des stocks.

67.

En tant que celui-ci reflète la « productivité  des facteurs » par branche, par unité de production ou même par produit.