2.2.3. « Pétrolarisation » du Budget.

Dans le fonctionnement d’ensemble de l’économie, le budget de l’Etat constitue, à partir du début des années 70, le point d’articulation entre le secteur des hydrocarbures et le reste de l’économie, non seulement parce que celui-ci est essentiellement alimenté par la fiscalité pétrolière, mais aussi parce que c’est par le biais de ce budget que circule la rente pétrolière.

La part relative de la fiscalité pétrolière dans le budget général de l’Etat a connu une évolution significative. Elle est passée de 21% en 1967 à 53% en 1977, pour atteindre 64% en 1981 et régresser légèrement à 44% en 1985. Avec la crise de 1986, cette part connaît une chute brutale pour atteindre son niveau le plus bas depuis 1967, soit 21% (Voir tableau ci-dessous).

Tableau n° 2.5 : Part de la fiscalité pétrolière dans le budget général de l’Etat (1967-1989) (en %).
Années 1967 1971 1973 1975 1977 1980 1981
1.Recettes fiscales
1.1.Fisc. pétrolière
1.2.Fisc. ordinaire
100
21.8
78.2
100
23.8
76.2
100
37.1
62.9
100
53.7
46.3
100
53.8
46.2
100
63.1
36.2
100
64.1
35.9

(Suite tableau n° 2.5)

1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989
100
55.8
44.2
100
46.7
52.3
100
43.7
56.3
100
44.1
55.9
100
23.0
76.9
100
21.5
78.5
100
25.1
74.9
100
37.6
62.4

Source : Revue ONS, n° 15, Numéro spécial Anniversaire Algérie (1962-1987), 1987, chiffres de l’ONS pour les années 88 et 89.

La forte participation de la manne pétrolière dans les ressources du budget de l’Etat, outre qu’elle atténue considérablement la pression sur la fiscalité ordinaire, permet à l’Etat de disposer d’un surplus qui lui permet de financer de vastes programmes d’équipement, de faire face aux nombreuses demandes sociales par le biais d’une extension massive des services publics, et de combler les nombreux déséquilibres qui se manifestent dans la sphère économique.

D’une façon générale, il semble que si le budget de l’Etat a parfaitement accompli le rôle de point d’articulation entre le seul secteur pourvoyeur de ressources en devises pour le pays et le reste de l’économie, il n’en demeure pas moins que le caractère « administratif » de cette articulation est, le plus souvent, à l’origine de la faiblesse de son impact, notamment en termes d’efficacité.