2.2.4. L’insertion internationale.

Le phénomène de « pétrolarisation » de l’économie, évoqué précédemment, trouve sa parfaite illustration dans l’évolution de la configuration du mode d’insertion internationale de l’économie, en l’occurrence le renforcement progressif de la dépendance à l’égard du pétrole ; ce dernier constituant l’essentiel des revenus d’exportation.

La « pétrolarisation » a entraîné dans les faits un processus de régression absolue de l’activité dans le secteur non pétrolier, et notamment dans l’agriculture. Quelques chiffres suffisent pour illustrer cette évolution : alors qu’en 1970, l’Algérie a exporté pour 985 millions de DA en produits agricoles et a importé pour 385 millions de DA, en 1977, elle n’a exporté que 551 millions de DA et importé pour 4398 millions de DA89. En l’espace de moins d’une décennie, la balance commerciale des produits agricoles est passée d’un excédent de 360 millions de DA à un déficit de 3847 millions de DA !

L’intoxication pétrolière entraîne par ailleurs des effets encore plus manifestes sur la structure des exportations. Ainsi, une polarisation croissante des exportations sur le pétrole s’installe : d’un rôle dominant, les exportations pétrolières en viennent à jouer un rôle presque exclusif, du fait de l’abandon progressif des activités liées aux produits auparavant exportés. Se référant à ce phénomène observé dans la plupart des économies rentières, C. Ominami (1986) évoque une substitution des importations négatives comme caractéristique marquante du régime d’accumulation rentier.

L’autre composante de l’insertion internationale a trait au taux de change. La pratique en la matière a été marquée, durant toute la période, par une surévaluation de la monnaie nationale. En fait, celle-ci apparait comme l’un des canaux essentiels par lesquels l’intoxication pétrolière opère.

Même dans un contexte où l’Etat détient le monopole absolu sur le commerce extérieur, la surévaluation du dinar n’est pas sans effets : outre celui d’alimenter une demande d’importation excédentaire, elle réduit les possibilités de substitution quand celles-ci existent et pousse les entreprises à renoncer aux solutions locales. Par ailleurs, la surévaluation entretient un différentiel important entre le taux officiel et celui du marché parallèle90.

Notes
89.

Chiffres cités par L. Addi (1990).

90.

Durant la seconde moitié de la décennie 80, période qui a vu l’institutionnalisation du marché parallèle des devises par l’autorisation des opérations d’importation sans paiement, ce différentiel atteint 400 %.